mercredi 25 mai 2016

Le Front populaire, ses icônes... au-delà des clichés

Le Front populaire, ses icônes... au-delà des clichés

Dany Stive
Mercredi, 25 Mai, 2016

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Pour célébrer 1936, la mairie de Paris a installé dans ses murs une exposition qui met en lumière les nombreuses photographies de l’époque. Images mythiques et explications historiques font bon ménage.

Paris en première ligne dans la bataille du logement

Paris en première ligne dans la bataille du logement

pierre duquesne
Mercredi, 25 Mai, 2016
L'Humanité
  
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Romain BEURRIER/REA
La municipalité pose ce matin la première pierre de 23 logements sociaux dans le luxueux quartier des Champs-élysées. Un chantier symbole de la politique menée depuis deux ans par l’équipe d’Anne Hidalgo dans la ville la plus chère de France. Décryptage en quatre points clés.
Ian Brossat ne mâche plus ses mots. « Les ghettos de riches, c’est fini ! » ne cesse de répéter à longueur d’interviews l’adjoint de la maire de Paris en charge du logement. Et pour faire passer le message, l’élu communiste, agrégé de lettres, va même jusqu’à manier la truelle. Il pose ce matin la première pierre d’un chantier de 23 logements sociaux et d’un foyer de jeunes travailleurs comprenant 53 chambres, rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le prestigieux 8e arrondissement de la capitale. « 20 000 mètres carrés d’espaces de vie », dit la com’ de la Mairie de Paris, à deux pas de l’avenue de Friedland et des Champs-Élysées. « Je n’accepte pas que certains quartiers soient réservés aux gens qui paient l’ISF. Voilà pourquoi nous avons décidé de mettre le turbo en matière de construction de HLM dans ces quartiers de l’Ouest parisien », explique Ian Brossat.
L’intérêt de ces opérations spectaculaires, menées dans les zones où le foncier est le plus cher de France, dépasse la construction de centaines d’habitations à loyer modéré. L’impact politique va au-delà du périphérique, estime l’adjoint d’Anne Hidalgo : « Paris peut faire la démonstration qu’une ville très dense, où le foncier est très cher, peut produire du logement social. Les collectivités de droite, qui expliquent en permanence qu’elles ne peuvent pas bâtir de HLM, n’ont pas d’excuses. »
Le même avertissement s’adresse au gouvernement. « Le budget du logement de la Ville de Paris, c’est 500 millions d’euros. Les aides à la pierre du budget de l’État, c’est 170 millions d’euros. Paris met plus d’argent que le gouvernement pour faire des logements accessibles, souligne Ian Brossat. C’est une question de volonté. » Paris, un modèle en la matière ? Entre les constructions de HLM, la course au foncier ou encore la lutte contre la spéculation, l’Humanité a souhaité dresser un état des lieux de cette politique municipale qui veut bousculer les rapports de forces.

Belgique. Une autre loi travail qui fait l’unanimité contre elle

Belgique. Une autre loi travail qui fait l’unanimité contre elle

Françoise Germain-Robin
Mercredi, 25 Mai, 2016

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Une manifestation contre le projet Peeters, qui démolit le droit du travail en Belgique, a réuni plus de 50 000 personnes hier dans les rues de Bruxelles. Les syndicats programment d’ores et déjà plusieurs journées de grève générale dans les prochaines semaines.

Une loi antisociale qui prévoit l'augmentation de la semaine de travail de 38 à 40 heures avec possibilité pour les chefs d'entreprise, en cas de besoin et selon les secteurs, d'ajouter un paquet de 360 heures par an dans la limite de 11 heures par jour et 50 heures par semaine. S'y ajoute l'annualisation du temps de travail, une mesure dénoncée avec force par les syndicats car elle rend plus difficile l'organisation de la vie de famille et des loisirs pour les travailleurs et menace leur santé.

Le porte-parole du Parti du travail de Belgique (PTB) dénonce une "loi de régression sociale" "de plus en plus de gens en ont marre de cette politique de droite austéritaire et de ce gouvernement" dit-il en promettant "un printemps qui sera chaud". Si la loi n'est pas retirée, une grève générale est prévue par la FGTB le 24 juin.

(Cherchez les ressemblances !)

Fontenay-sous-Bois. « Des batailles fortes nous attendent »

Fontenay-sous-Bois. « Des batailles fortes nous attendent »

Entretien réalisé par Aurélien Soucheyre
Mardi, 24 Mai, 2016
L'Humanité
  
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ERIC HEDOUX
Sur proposition de Jean-François Voguet (PCF), démissionnaire, le conseil municipal a élu Jean-Philippe Gautrais (Front de gauche), jusqu’à présent adjoint à l’habitat et à l’urbanisme, comme nouveau maire de la commune. Entretien.
Quelle est la feuille de route pour les quatre années de mandat qui viennent ?
Jean-Philippe Gautrais Nous allons poursuivre ce que nous avons commencé en 2014. Jean-François Voguet passe le témoin, mais avons été élus sur une liste, avec des engagements clairs et un programme qui portent sur trois piliers : la solidarité, l’écologie et la démocratie.
Nous entendons toujours être attentifs pour servir l’intérêt général et répondre aux besoins de nos habitants. La crise est de plus en plus forte. Les services publics, garants de l’égalité des citoyens sur le territoire national, sont toujours plus mis à mal. Tout l’enjeu de la suite du mandat va être de poursuivre une politique à haut niveau de service public, alors que nous avons de moins en moins de moyens.
Comment ces trois piliers s’articulent et se concrétisent à travers l’action municipale ?
Jean-Philippe Gautrais Pour l’écologie, nous allons poursuivre le développement de l’écologie urbaine, de la biodiversité en ville, en plus de la création de jardins partagés et de la lutte contre la précarité énergétique.
Pour la démocratie, sur toutes les grandes questions, nous avons l’habitude de mener de grandes concertations avec la population. Nous venons de valider en décembre notre nouveau plan local d’urbanisme après 60 réunions en moins d’un an et demi, qui ont rassemblé plus de 1000 personnes pour préparer l’arrivée de la métropole. Nous allons continuer à travailler avec notre université populaire, à renforcer l’implication des habitants, à les intéresser à l’intérêt général, au faire ensemble, au vivre ensemble.
Et pour la solidarité ?
Jean-Philippe Gautrais Notre volonté est de construire un plateau technique neuf pour rassembler nos deux centres de santé municipaux vieillissants en cœur de la ville. Ce n’est pas anodin alors que tant de villes ont vendu au privé leur centre, quand elles ne l’ont pas fermé. Notre Pass solidaires en direction des familles, qui favorise l’accès aux activités culturelles et sportives du service public comme de la vie associative va être étendu en direction des personnes retraitées.
Nous avons le projet de construire un théâtre. C’est compliqué mais nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout. Tout ce qui porte l’émancipation, le refus du repli sur soi, la volonté de rassembler et de connaître l’autre sont des éléments essentiels de notre politique. A ce sujet je vais proposer à l’éducation nationale que l’on puisse créer des classes théâtre en lien avec ce projet.
La question de l’école publique est au centre de nos préoccupations : sans remplacer la compétence régalienne de l’Etat, notre mission dans les villes communistes est de lutter contre le décrochage scolaire, pour l’accès de tous à l’école. Nous faisons beaucoup en direction des classes transplantées, des classes découvertes, des apports de la culture à l’école. Cela doit être soutenu, encore plus au moment où l’on sent que l’école est en train de basculer, et à une époque où l’ascenseur social fonctionne de moins en moins.
Nous gérons la restauration collective en régie directe. Les prix de la cantine sont indexés sur le quotient familial, avec gratuité pour les enfants les plus démunis. Nous développons des circuits courts pour les produits livrés.
Enfin, Fontenay compte 33% logements sociaux. Nous voulons conserver cette part, dans une logique de solidarité. Et en même temps, nous sommes très attentifs à ne pas porter toute la solidarité du territoire. Il faut savoir qu’à part Montreuil, nous ne sommes entourés que par des villes qui ne respectent pas la loi SRU. Nous sommes donc très attentifs au combat pour faire assumer aux autres villes et à l’Etat leurs responsabilités.
Quel est l’impact des baisses de dotations d’Etat sur votre commune ?
Jean-Philippe Gautrais Nous avons déjà perdu six millions d’euros l’année dernière, quatre millions cette année et nous en perdrons de nouveau six millions l’an prochain. Les premiers touchés sont les fonctionnaires territoriaux, qui font face à notre forte exigence de qualité de services publics, avec moins de moyens. Et puis bien sûr les habitants. Si l’on ne prend pas garde, nous ne pourrons pas indéfiniment résister et mener à bien les politiques publiques qui leur sont destinés.
C’est dur, mais je suis convaincu que l’homme politique peut beaucoup. Le rôle d’un élu local et d’un maire sont de porter les combats là où il faut les mener. Des batailles fortes nous attendent sur tout ce qui touche au quotidien des gens, notamment face aux politiques actuelles de l’Etat qui visent plus à diminuer et à supprimer qu’à faire, qui visent plus à diviser et à opposer plutôt qu’à vivre ensemble, à rendre plus égalitaire la société française. Nous sommes déterminés à combattre l’austérité organisée au service des plus riches.
Nous devons aussi bien avoir en tête que derrière ces baisses de dotation, il y a la volonté de faire disparaître les communes et de s’attaquer aux fondements mêmes de la démocratie française, en lien direct avec les populations. L’enjeu est de taille.
Quel est votre parcours ?
Jean-Philippe Gautrais  Je suis né à Fontenay. J’ai grandi à la ZUP comme on dit ici, et j’y habite toujours. J’ai 35 ans et je suis élu depuis 2008, d’abord comme maire-adjoint à l’habitat, puis à l’habitat et à l’urbanisme. J’ai été membre des Conseil de la jeunesse créés en 1997  par Marie-George Buffet. J’ai un passé de militant associatif, un Master 2 en droit et administration publique, spécialisé en développement local et économie solidaire, et je viens de quitter mon emploi auprès de la Fondation œuvre de la Croix-Saint-Simon où j’étais directeur du patrimoine. Je suis très sensible au fait de montrer que les élus sont et doivent rester des citoyens comme les autres. Face à la crise, au fossé qui se creuse entre élus et citoyens, nous avons un réel devoir d’exemplarité.
Quel est votre regard sur la politique menée par François Hollande et sur la gauche antilibérale ?
Jean-Philippe Gautrais  On ne peut pas se faire élire sur des promesses et puis faire tout le contraire. Le bilan de François Hollande est dramatique. Dans ce qu’il nous montre, de l’austérité à la réforme territoriale, de l’ANI à la loi travail, les écarts entre la gauche et la droite sont minimes. Les gens souffrent. La France est d’ailleurs surtout en crise pour les gens qui souffrent, alors que ses richesses sont toujours aussi importantes.
La gauche qui m’intéresse, celle qui est progressiste, qui veut changer le monde, celle qui lutte contre l’austérité, est aujourd’hui elle très divisée. Elle a besoin de se rassembler sur la base de valeurs communes pour construire un projet d’alternative. J’espère que l’on arrivera à se rassembler, au service des gens, pour les échéances importantes et pour construire une société plus juste. C’est une nécessité. Nous représentons un courant de pensée qui peut devenir majoritaire dans ce pays. En tout cas nous nous battons pour ça. Il nous faut regarder ce qui nous rassemble et non ce qui nous divise. Nous sommes au service des aspirations des gens. Quand on est dans cet esprit là, on arrive souvent à ressembler et à être le cœur de la gauche.
J’ai un regard très anxieux, très inquiet sur les échéances nationales à court terme. Mais en même temps, je suis optimiste. Parce que je suis jeune, et parce que je pense être un homme de combat. Quand on fait de la politique on a de l’espoir et de l’espérance, sinon on n’en fait pas. Mais je reste inquiet pour 2017, car le pays est tellement dans un sale état que c’est dur pour la gauche. J’allais dire pour la vraie gauche mais il ne faut pas oublier non plus qu’il y a beaucoup de militants socialistes qui sont très déçus.
Je pense qu’il y a beaucoup de déçus : déçus de la politique, de la pratique politique, des contenus politiques. Et nous, les forces du Front de gauche et les communistes, nous avons les réponses, et nous devons avoir la capacité demain de rassembler. Nous avons le devoir pour les gens que l’on défend, pour ce que l’on porte, pour nos valeurs, d’avoir ça au cœur. Je serai attentif, à mon niveau, en tant que maire d’une grande ville d’Île-de-France, à cela. Nous devons garder la volonté et la capacité de devenir le cœur battant de la gauche, pour transformer la société.

Hollande et Valls à la manœuvre derrière l’éclatement écologiste

Hollande et Valls à la manœuvre derrière l’éclatement écologiste

J. H.
Mercredi, 25 Mai, 2016
L'Humanité

La disparition du groupe de Cécile Duflot laisse voir les ficelles socialistes pour étouffer les voix pour un autre cap.
Si tu n’es pas avec nous, on t’écrase. C’est en substance la menace mise à exécution par le Parti socialiste la semaine dernière à l’égard de son principal allié de 2012, Europe Écologie-les Verts (EELV). La formation écologiste avait alors, grâce à un accord avec le PS, envoyé 18 députés à l’Assemblée nationale. « L’écologie libre aujourd’hui fait l’objet d’une tentative d’assassinat organisée de manière délibérée par le président de la République, qui n’a plus qu’une obsession : sa campagne présidentielle », a dénoncé lundi Cécile Duflot, évoquant une « dérive autoritaire inquiétante » et la volonté de François Hollande d’« éliminer tout ce qui existe entre lui et Jean-Luc Mélenchon ».

« Deux gauches irréconciliables »

Les écologistes n’ont certes attendu personne pour s’opposer les uns aux autres sur la ligne politique à tenir, mais la disparition de leur groupe à l’Assemblée nationale a de fait été permise par l’accueil des tenants de la ligne progouvernementale au sein du groupe PS. Six d’entre eux ont ainsi rejoint celui-ci en prenant la précaution de préciser qu’ils y constituaient une « composante libre de ses positions ». Leur nouveau président, le socialiste Bruno Le Roux, ne s’est cependant pas privé jeudi, en cosignant un communiqué avec François de Rugy, de s’ingérer dans les débats internes des écologistes : « Une dérive sectaire a saisi EELV, concrétisée par le départ brutal et unilatéral du gouvernement », ont noté les deux députés. Les mêmes développant sans sourciller : « Chacun de nous a conscience de la nécessité impérieuse d’engager un rassemblement des forces de progrès face au danger de la montée de l’extrême droite. Entretenir et cultiver les divisions de la gauche serait plus qu’une erreur : ce serait une faute, une impasse. » Une déclaration qui en dit long : d’une part, c’est sous l’égide d’un PS hégémonique et incarnant la ligne gouvernementale que la gauche devrait se rassembler ; d’autre part, le risque FN devrait couper court à tout débat.
De quoi alimenter la machine à inventer « deux gauches irréconciliables » mise en branle par Manuel Valls et François Hollande, alors même que de plus en plus nombreux sont ceux qui contestent à leur politique le qualificatif de « gauche ». Une guerre que le clan gouvernemental présente à dessein comme fratricide pour mieux mettre au ban de la sphère politique les voix dissidentes et assurer in fine l’hégémonie non pas seulement du PS, mais de la ligne libérale gouvernementale. D’où, également, le discours repris en boucle ces dernières semaines sur la prétendue absence d’alternative : « En dehors du gouvernement qui est aujourd’hui en place, il n’y a pas d’alternative à gauche. Si je ne suis pas reconduit, c’est la droite ou l’extrême droite qui arrivera au pouvoir », répétait notamment François Hollande au micro d’Europe 1, le 17 mai.
En retour, certains estiment que, avec les dix parlementaires écologistes restés sur le carreau, peut au contraire se présenter l’occasion de raffermir les forces de gauche contestataires de la politique actuelle. Les députés Pouria Amirshahi (ex-PS) et Sergio Coronado (EELV) se sont ainsi dits favorables à la constitution d’un groupe « rose, rouge, vert », et André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche, a laissé la « porte ouverte » à un éventuel rapprochement. Mais côté frondeurs du PS, Laurent Baumel, s’il « n’exclut rien », a rapporté le Monde, estime non seulement avoir avec les siens « toute (sa) place au Parti socialiste », mais qu’un tel groupe accréditerait la thèse qu’il conteste des « deux gauches irréconciliables ». Pour autant, la contestation interne qu’il mène avec d’autres députés PS n’est pas, pour l’heure, parvenue à porter ses fruits. Au-delà de l’avenir des députés écologistes orphelins de groupe, le retour à l’Assemblée de la loi travail et l’éventuelle motion de censure de gauche qui accompagnera un nouveau 49-3 pourraient précipiter les choix stratégiques des uns et des autres.

Jean-Luc Mélenchon et ses « insoumis » au travail sur un programme

Jean-Luc Mélenchon et ses « insoumis » au travail sur un programme

Julia Hamlaoui
Mercredi, 25 Mai, 2016
L'Humanité

Le député européen a présenté hier à la presse les axes de son futur programme pour l’élection présidentielle de 2017. Élaboré à partir de celui de 2012 et des contributions des partisans de son « mouvement de la France insoumise », il sera présenté en octobre.
À moins de deux semaines du premier rassemblement auquel il appelle ses soutiens le 5 juin à Paris, Jean-Luc Mélenchon a convoqué la presse hier pour parler de son futur programme en vue de la présidentielle. Dans un contexte de mobilisation sociale tendue contre un gouvernement décidé à garder la main sur la gauche, « le sujet c’est de mettre en mouvement 4 millions de personnes pour qu’elles en attrapent 3 autres (millions) pour qu’on gagne », a jugé le député européen. La présentation de sa démarche est tranchée : « perspectives claires, objectifs, rendez-vous » contre « bla-bla fumeux et discussions interminables sur des primaires de la gauche qui sont de toute façon une mystification annoncée à l’avance ». Une initiative à laquelle il a déjà refusé de participer alors que ses partenaires de 2012, notamment le PCF, essaient de construire un « processus collectif » pour rassembler au-delà du Front de gauche.

« 2 186 contributions ont été envoyées depuis l’annonce de ma candidature »

Jean-Luc Mélenchon a ainsi répété qu’il n’avait « pas une minute à perdre dans d’obscures tractations », justifiant ainsi son entrée en campagne dès le 10 février « hors cadre des partis » via un mouvement baptisé « la France insoumise ». « Cela m’agace d’entendre que Jean-Luc Mélenchon est seul », a, dans la foulée, insisté l’économiste Jacques Généreux, l’un des coordinateurs du programme, citant, outre les quelque 105 000 soutiens recensés sur la plateforme numérique JLM2017, des jeunes mais aussi des polytechniciens, chercheurs, syndicalistes, hauts fonctionnaires… Autant de mains et de cerveaux invités à contribuer aux travaux sur le programme et à crédibiliser l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir. « 2 186 contributions ont été envoyées depuis l’annonce de ma candidature », s’est également réjoui le candidat, n’oubliant pas de rappeler qu’au rang de ses soutiens il compte aussi « le Parti de gauche, la Nouvelle Gauche socialiste, un groupe autour de Francis Parny chez les communistes ». Côté pratique, une série de jeunes « rapporteurs » a été nommée pour synthétiser régulièrement l’ensemble des textes reçus, des auditions d’experts sont également conduites, le tout devant aboutir à un programme présenté en octobre prochain.
L’écriture se veut donc « collective » et s’organise autour de sept axes listés, hier, par Jean-Luc Mélenchon : « la réorganisation de la société politique », « la planification écologique », « le partage des richesses », « la sortie des traités européens et l’entrée dans le protectionnisme solidaire », « l’indépendance et la paix », « le progrès humain », « les nouvelles frontières » (mer, espace et numérique). « L’intérêt général humain, l’intérêt de classe, pour autant qu’il y contribue, doit être l’horizon de la révolution citoyenne », a déclaré le cofondateur du PG pour en résumer la philosophie tout en appuyant sur le fait qu’il « ne par(t) pas de rien ». La plupart des thèmes sont issus du programme du Front de gauche en 2012, l’Humain d’abord, agrémentés des travaux conduits depuis, notamment par le PG (assises de l’écosocialisme, de la mer, sommet du plan B en Europe…).
Mais la grande différence pour Jacques Généreux avec l’élaboration de l’Humain d’abord, c’est que l’écriture n’est pas le fruit d’un travail « simplement entre partis, ce qui aboutit parfois à des positions pas très claires » du fait, selon l’économiste, d’une conduite de ces derniers téléguidée par la « conquête du pouvoir, des postes ». Une rupture jugée dans l’air du temps mais qui flirte parfois avec la suspicion généralisée. Pourtant, la démarche qui se veut gage de clarté nécessite elle aussi des compromis. Sur certains thèmes, la « synthèse des 1 600 premières contributions programmatiques » mise en ligne stipule qu’une « solution de synthèse (entre différentes propositions – NDLR) devra être recherchée ». Sur d’autres, la ligne est déjà bel et bien tranchée. « Je prends position très clairement pour la sortie du nucléaire », a annoncé Mélenchon alors que son précédent programme évoquait « un grand débat public ».
« Une fois que nous aurons ce programme, tout ne s’arrête pas. Sa présentation ne sera qu’un point d’orgue », a expliqué Charlotte Girard, également coordinatrice de son élaboration. Une porte qui reste ouverte sur le fond du projet à ceux qui soutiendraient plus tardivement cette candidature ? En tout cas, une convention nationale des insoumis doit être organisée avant la fin de l’année. Et celle-ci devrait voir la naissance d’une « assemblée représentative du mouvement », a annoncé Jean-Luc Mélenchon, qui espère ainsi dépasser ce qui a selon lui conduit à la « mort » du Front de gauche, « l’incapacité à proposer un cadre où tout le monde puisse être à sa place avec ou sans carte de parti ».

Etudiants, lycéens, derniers délais pour les demandes de bourse

Etudiants, lycéens, derniers délais pour les demandes de bourse

Dossier social étudiant - DSE
Daniel Roucous
Mercredi, 25 Mai, 2016
  
Document CROUS
Rappel aux étudiants : vous avez jusq'au 31 mai pour effectuer une demande de bourse sur critères sociaux et un logement en résidence U. Bougez-vous !
Plus que quelques jours pour demander une bourse sur critères sociaux et/ou un logement en résidence U pour 2016/2017. Après le 31 mai c'est trop tard à moins de passer par l'UNEF ou l'UEC pour repêcher une bourse en retard.
Comment procéder : constituer un DES (dossier social étudiant)  auprès du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous).
Munissez-vous de l’avis fiscal de vos parents, de la copie des justificatifs de votre scolarité et connectez-vous sur le site web du CROUS de votre académie.
Le simulateur de bourse sur critères sociaux est ici (site sécurisé) 
Pour la simulation de calcul, vous devez fournir le montant de vos ressources, le nombre d’enfants à charge des parents, le nombre de frères et sœurs dans l’enseignement supérieur, la distance kilométrique entre l’établissement et la commune de votre domicile. De deux choses l’une :
- le "niveau d’échelon" est « 0 », vous êtes exonéré des droits universitaires et de la cotisation à la sécurité sociale étudiante,
- le "niveau d’échelon" est compris entre « 0 bis » et « 7 », le montant annuel de votre bourse est précisé par le simulateur.
Si vous loupez la date d’échéance de demande de bourse du 31 mai, il est encore possible, jusqu’au 30 septembre,  de faire une demande de bourse en retard en passant par l’UNEF ou l'UEC en effectuant les démarches indiquées sur le lien suivant 
En cas de coup dur, demandez une aide d’urgence
Les étudiants de première année qui ont obtenu une bourse sur critères sociaux doivent savoir qu’ils peuvent bénéficier d’une aide au mérite s’ils ont obtenu la mention « très bien » au BAC. Pas de démarche à faire puisque les CROUS ont reçu les listes des bacheliers ayant obtenu la mention « très bien ». Cette aide leur est donc attribuée automatiquement sous réserve d’être boursier.
Ces aides peuvent se cumuler. Pour en savoir plus cliquez sur
Pensez aussi à demander un logement étudiant sur critères sociaux comme indiqué ici  
+ d’infos ici

Les bourses de lycées et collèges

La bourse de lycée est attribuée en fonction des ressources de l'année N – 2, soit en fonction des ressources 2014 pour la rentrée scolaire 2016. C'est le revenu fiscal de référence 2014 figurant sur l'avis d'imposition sur le revenu 2015 qui sera pris en compte.
A titre exceptionnel, les ressources de l'année 2015 pourront être prises en compte en cas de modification majeure de la situation financière de la famille entre 2014 et 2015.
Les ressources de la famille ne doivent pas dépasser un plafond annuel défini par un barème national comprenant six échelons. Un permet d'obtenir une estimation du montant de la bourse.
Les dossiers de demande de bourse sont disponibles auprès des établissements. La démarche peut également être effectuée en .
Les élèves déjà bénéficiaires en 2015-2016 d'une bourse de lycée, qui vont accéder à la rentrée scolaire 2016, en deuxième année de certificat d'aptitude professionnelle ou de brevet des métiers d'art ou en classe de première ou terminale de baccalauréat ou de brevet de technicien, conservent jusqu'à la fin de leur formation, le bénéfice de leur bourse obtenue selon les conditions en vigueur avant la rentrée scolaire 2016.
En savoir plus ici pour les bourses de lycée et là pour les bourses de collège.

Isolé, le pouvoir se déchaîne contre les syndicalistes

Isolé, le pouvoir se déchaîne contre les syndicalistes

sébastien Crépel, Gérald Rossi, Aurélien Soucheyre et Lionel Venturini
Mercredi, 25 Mai, 2016
L'Humanité
 
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REUTERS
Gouvernement et patronat s’agitent pour décrédibiliser les salariés grévistes. Leur cible : la CGT, pour diviser les syndicats entre eux et fédérer les Français contre le mouvement social. Quitte à inverser les responsabilités dans la situation créée par le passage en force de la loi El Khomri. Décryptage.
L’exécutif perd ses nerfs et cogne à tout-va contre les grévistes, au point d’en oublier ses responsabilités dans le conflit en cours et sa propre situation de faiblesse devant l’opinion et le Parlement. « Dérive », « impasse », « chantage », « preneurs d’otages », « blocage d’une minorité »... En s’exprimant lundi et mardi, Manuel Valls et François Hollande ont montré une fébrilité qui contredit leur assurance répétée sur tous les tons d’aller « jusqu’au bout » sur la loi travail. Comme dans toute opération de division, il faut une tête de Turc : c’est donc la CGT sur laquelle se concentrent les tirs, pour tenter de l’isoler dans l’intersyndicale. La panique est au pouvoir : et si le mouvement dans les raffineries entraînait d’autres secteurs professionnels ? Une peur non dénuée de fondement, en fait, puisque de nouveaux mouvements se dessinent un peu partout.
Alors que six raffineries sur les huit que compte le pays étaient toujours à l’arrêt ou tournaient au ralenti hier, et que les dépôts de carburant du Nord étaient bloqués, les personnels des terminaux pétroliers des ports du Havre, de Fos-sur-Mer et de Lavera, qui acheminent le carburant d’importation, étaient aussi en grève. D’autres entreprises s’apprêtent à les imiter : à la SNCF aujourd’hui et demain à l’appel de la CGT et de Solidaires ; à la RATP où une « grève illimitée » débutera le 2 juin ; grève enfin dans l’aviation civile, sur des revendications propres à ce secteur, à l’appel de tous les syndicats représentatifs, les 3, 4 et 5 juin… Le spectre d’une France paralysée hante les cauchemars du gouvernement et du patronat. Alors, on s’agite en haut lieu pour décrédibiliser très vite ceux qui s’y impliquent, et tenter de fédérer les Français contre eux.
Mais le gouvernement a un sacré problème : aussi gênants que soient les mouvements de grève, ils restent nettement plus populaires que lui et que son projet de loi travail, rejeté par trois Français sur quatre. « Le blocage, c’est le gouvernement qui en porte la responsabilité. A la CGT, on pense qu’il faut que les grèves cessent, et ce par le retrait du projet de loi », a rappelé hier Fabrice Angei, responsable confédéral de la CGT. De Bernard Thibault, ancien numéro un du syndicat, à André Chassaigne, chef de file des députés du Front de gauche, tous ont dénoncé hier un travestissement des responsabilités : « Il ne faut pas inverser la hiérarchie des responsabilités », a ironisé Bernard Thibault.

1 ce sont valls et hollande qui sont « en pleine dérive »

La CGT serait en « pleine dérive » selon le gouvernement. Mais qui est réellement en pleine « dérive », quand l’exécutif s’enferme chaque jour un peu plus dans une conception violente et sourde de l’exercice du pouvoir ? Pour stopper les mobilisations, Manuel Valls n’hésite pas à convoquer le « patriotisme » et la « sécurité » au prétexte qu’elles feraient peser « une charge insupportable » sur les forces de l’ordre. Mais il a refusé obstinément tout dialogue social digne de ce nom depuis des mois, depuis la préparation même de la loi, une situation que même la CFDT a dénoncée !
Incapable de tenir ses promesses quand il affirmait que « le débat parlementaire aura lieu », le premier mionistre a poussé la « dérive » jusqu’à utiliser l’arme du 49-3 pour faire passer en force devant l’Assemblée nationale un texte non soutenu par les parlementaires, en plus d’être rejeté par l’opinion française. « Est-ce que, dans le programme de François Hollande, était inscrite la casse du Code du travail ? Il y a un gouvernement qui a tourné le dos à ses engagements et il en paie les conséquences », argumente le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, renvoyant l’exécutif à ses responsabilités.
Ainsi, en 2015, la motion A, notamment signée par Manuel Valls et arrivée en tête du congrès du PS à Poitiers, son texte stipulait qu’il faut « rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord collectif et lui-même s’impose au contrat de travail. (...) Aussi la négociation sociale doit-elle s’inscrire dans le cadre d’un Etat qui garantit le socle des règles sociales, impulse les négociations et en fixe les règles, et les fait respecter ». Soit exactement l’inverse de ce que prévoit actuellement la loi El Khomri. Pour prouver sa bonne foi, le gouvernement se targue de la primauté du fait majoritaire dans les entreprises affichée dans la loi comme gage de revalorisation de la « démocratie sociale ». Un avis majoritaire soudainement insupportable aux yeux du gouvernement quand les salariés s’opposent à ses projets par la grève...

2 valls confond minorité et majorité

« Attaquer les syndicats, c’est attaquer les salariés. » L’homme qui prononça cette forte phrase à Vaulx-en-Velin en 2012 s’appelle François Hollande, il était alors candidat à la présidentielle. Son premier ministre estime lui, en marge d’une visite à Jérusalem, qu’une « minorité prend en otage la démocratie », à propos des blocages de raffineries. Manuel Valls dépeint une CGT isolée, dont « la volonté est d’empêcher un texte de loi d’être adopté par le Parlement », dans un joli raccourci, puisque c’est par le 49-3 que le Parlement adoptera le texte sans le voter, faute de majorité.
Isolée, la CGT ? C’est faire peu de cas de FO, de la FSU, Solidaires ; de trois organisations de jeunesse (UNEF, UNL, FIDL). Sans compter des fédérations de l’Unsa et une partie de la fédération de la métallurgie de la CFDT qui demandent aussi le retrait de la loi El Khomri. La CGC est elle aussi critique sur le texte El Khomri : « Nous ne demandons pas le retrait du texte mais souhaitons que les lignes bougent », expliquait encore au début du mois sa responsable, Carole Couvert. C’était avant le 49-3, « un pas que nous n’aurions jamais imaginé qu’il fut franchi », ajoute Joël Motier, le président de la fédération de l’assurance CFE-CGC.
Le premier ministre dénonce des syndicats isolés au moment même où il bat lui-même un record impopularité. Selon le baromètre mensuel Ipsos pour Le Point, le chef du gouvernement ne recueille plus que 25 % d’avis favorables chez les Français (-2 points), et décroche (-5) chez les sympathisants socialistes, passant sous la barre des 50 % (46 % d’avis favorables). Un autre sondage de l’Ifop confirme la tendance : dans cette étude, le premier ministre recueille seulement 22 % de satisfaits au mois de mai (-3 par rapport à avril). François Hollande est lui crédité de 15 % de satisfaction contre 14 % le mois précédent. Isolés, un peu plus encore.

3 qui est vraimentjusqu’au-boutiste ?

La CGT est jusqu’au-boutiste, Emmanuel Macron est audacieux. Ainsi va la novlangue libérale. Dans une interview publiée hier dans Les Échos, le ministre dit pourtant sans fard que la loi El Khomri n’est qu’un début. Aller plus loin dans l’inversion de la hiérachie des normes, c’est-à-dire le remplacement de la loi par le dumping social du tous contre tous contenu dans la loi travail. « Pour les salaires, avance désormais Macron, il faut privilégier les négociations salariales au plus proche de la situation de l’entreprise. » Avec une « clé », la « modération salariale ». La porte ouverte à la chute des salaires... qui épargne les PDG du CAC40, Macron estimant « hypocrite de déclarer limiter la rémunération des dirigeants à 100 fois le Smic ». Le jusqu’au-boutisme libéral assumé.
Un jusqu’au boutisme dont ont du mal à se départir les ministres et leur chef, Manuel Valls. Illustration avec la concession arrachée par les routiers auprès d’Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux transports. Celui-ci leur a garanti que les heures supplémentaires ne seront jamais payées au-dessous de la majoration légale de 25 % actuelle. Une question non « résolue », pourtant, pour l’ex-inspecteur du travail, Gérard Filoche, pour qui « Vidalies et Valls se contredisent clairement » : le 19 mai, en effet, Manuel Valls avait précisé que les heures des routiers « resteront payées 25 % de plus », sauf « accord de branche signé par une majorité des organisations syndicales ».

Dette : un nouvel accord sur le dos des Grecs

Dette : un nouvel accord sur le dos des Grecs

Mercredi, 25 Mai, 2016
Humanite.fr
 
AFP
Les ministres des Finances de la zone euro et le FMI se félicitent d’un nouvel « accord » sur la dette grecque. Ils offrent juste un peu de marge au gouvernement de Tsipras pour rembourser les banques, mais maintiennent fermement le pays dans l’austérité.
« Je me félicite de l’accord tout à fait décisif auquel nous sommes parvenus » a tweeté Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières. La zone euro et le FMI ont décidé d’accorder un nouveau prêt de 10,3 milliards d’euros à la Grèce, dont une première tranche de 7,5 milliards d'euros sera déboursée dès juin, car le pays va devoir immédiatement utiliser 7,2 milliards d'euros pour rembourser de la dette, y compris à la BCE… Rien ne change sur le fond, la commission et le FMI se débrouillent juste pour permettre à la Grèce de rester à la limite du solvable et rassurer les banques et les marchés financiers.
Ce n’est pas tant l’accord qui est important pour la troïka, mais le fait qu’ils ont l’impression aujourd’hui d’avoir mis au pas Alexis Tsipras et son gouvernement de gauche, élu sur un programme anti-austérité. C’est ce qu’il faut comprendre derrière les grandes déclarations satisfaites des créanciers. "Nous sommes parvenus à une vraie avancée sur la Grèce, qui nous permet d'ouvrir un nouveau chapitre du programme d'assistance financière", a dit le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. "Cela va plus loin que ce que j'aurais cru possible il n'y pas si longtemps", a-t-il ajouté. Cet accord est un "acte de confiance" envers la Grèce d'aujourd'hui, a déclaré Michel Sapin en sortant de la réunion.
Cet accord sert juste à repousser l’inévitable. La dette grecque n’est pas soutenable et désormais même le FMI en est convaincu. Plutôt que de l’annuler, ou au pire de l’alléger immédiatement, les discussions sont repoussées à 2018. Après les élections fédérales allemandes. On laisse donc la Grèce sous l’eau. Comme toujours c’est l'Allemagne qui refuse d'aborder la question de l’allègement de la dette. Depuis des mois, Athènes, simple spectateur, regarde Washington et le FMI d’un côté, et l’Allemagne et la zone euro de l’autre, débattre de son avenir sans avoir voix au chapitre.

Jamais un gouvernement israélien n’a été aussi à droite

Jamais un gouvernement israélien n’a été aussi à droite

Mercredi, 25 Mai, 2016
Humanite.fr

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a signé mercredi un accord de coalition avec le parti d'extrême droite Israel Beitenu, dont le chef, Avigdor Lieberman, obtient le poste clé de ministre de la Défense. Ces ultranationalistes veulent étendre toujours plus loin les frontières d’Israël et en expulser les Arabes, y compris les citoyens israéliens...
Cette nouvelle alliance porte de 61 voix à 66 la majorité de Benjamin Netanyahu au Parlement, où siègent 120 élus. Cette coalition entre religieux intégristes et ultranationalistes fait de ce gouvernement le plus à l’extrême droite de l'histoire d'Israël. La paix n’a jamais semblée aussi loin. Au long de sa carrière politique, Lieberman, devenu ministre de la Défense, a en effet voulu faire sauter le barrage égyptien d'Assouan et assassiner les dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza… Il remplace Moshé Yaalon, qui était l’un des seuls au gouvernement à prôner la retenu avec les Palestiniens. Il y a quelques jours encore, Lieberman accusait le gouvernement de manquer de fermeté face aux attaques palestiniennes et de ne pas construire dans les grands blocs de colonies de Cisjordanie… Il qualifiait par ailleurs Netanyahu de "menteur, tricheur et crapule".
Lieberman, ultranationaliste et laïc, a renoncé à certaines closes de son programme comme le mariage civil ou la conscription des ultra-orthodoxes, pour sceller cette alliance gouvernementale avec les intégristes. Il a en revanche obtenu pour que la peine de mort soit appliquée pour les attentats anti-israéliens  et que les peines prononcées par les tribunaux militaires en Cisjordanie ne le soient plus à l'unanimité des trois juges, mais à la majorité.
Ce n’est toutefois pas suffisant pour l'un des six députés Israel Beitenu, Orly Levi-Abekasis, qui a annoncé son intention de quitter le parti tout en continuant de siéger à la Knesset.
Lors de la cérémonie de signature de l'accord de coalition, les deux dirigeants se sont exprimé successivement en hébreu et en anglais afin de tenter de rassurer la communauté internationale. "Mon gouvernement reste déterminé à rechercher la paix avec les Palestiniens, à rechercher la paix avec tous nos voisins", a dit Benjamin Netanyahu. "Ma politique n'a pas changé. Nous continuerons de saisir toute opportunité de paix tout en assurant la sûreté et la sécurité de nos concitoyens."

100% des raffineries en grève

100% des raffineries en grève

Mardi, 24 Mai, 2016
Humanite.fr

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AFP
La grève est désormais votée dans huit raffineries sur huit en France, y compris celles d'Exxon Mobil.
Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral du secteur pétrole de la CGT a annoncé qu' "une grève a été votée ce matin à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) en réaction à la charge des forces de l'ordre à Fos-sur-Mer", a-t-il dit en se référant à l'intervention de gardes mobiles pour lever les barrages des militants CGT aux accès du dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer.
"Il va y avoir au minimum une baisse du débit de 50%" à la raffinerie Exxon Mobil de Gravenchon, a-t-il ajouté. "A Fos, la grève a aussi été votée. Plus aucun produit ne sort. Il y a maintenant huit raffineries sur huit en grève."
La grève s'étend au port du Havre. Le personnel des terminaux pétroliers du port du Havre, qui assure 40% des importations françaises de carburant, a voté la grève lundi soir. Une grève qui s'ajouterait aux blocages qui, à des degrès divers, affectent l'activité de six raffineries, outre Fos-sur-Mer, et plusieurs dépôts de carburant.
20% des stations-service "fermées ou en grande difficulté". C'est le chiffre avancé lundi soir par le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, qui estime que la situation ne se dégrade pas. Les autorités mettent en partie ces difficultés sur le compte des "approvisionnements de précaution" que "rien ne justifie".
Pour sa part, le chef du gouvernement, toujours sourd aux revendications des salariés et au rejet de la loi "travail" par une majorité de la population, a réaffirmé ce matin qu'il n'y aurait "pas de retrait" de la loi Travail.
Face à l'amplification du mouvement, la question n'ast plus de savoir si, mais combien de temps il va tenir !

Coté rail, la mobilisation gagne du terrain

Coté rail, la mobilisation gagne du terrain

Mercredi, 25 Mai, 2016
Humanite.fr

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afp
Les cheminots ainsi que les agents de la RATP se prononcent pour une grève à durée indeterminée. En cause, la contestation de la loi E l Khomri.
La CGT-Cheminots, qui appelait jusqu'à présent à débrayer uniquement chaque mercredi et jeudi, a rejoint mardi l'Unsa et la CFDT, qui ont lancé un appel à la grève reconductible à partir du mardi 31 mai. SUD-Rail, qui appelait déjà à la grève reconductible depuis le 17 mai, a pour sa part lancé un appel similaire, jusqu'au 11 juillet, lendemain de la finale de l'Euro. 
A la SNCF, le mouvement s'inscrit dans le cadre de la contestation du projet de loi Travail. Mais il vise aussi à défendre les conditions de travail des cheminots et à peser sur les négociations en cours avec l'entreprise et la branche, entrées dans leur dernière ligne droite.
Le mouvement social gagne également le réseau RATP (métros, les bus et une partie des lignes de trams et de RER). La CGT, le premier syndicat à la RATP, la régie parisienne des transports, appelle à la grève illimitée à partir du 2 juin date pour demander la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait du projet de loi Travail. Et le syndicat Sud pourrait décider jeudi d'une grève illimitée à compter du 10 juin, "contre la loi Travail" et "la remise en cause du statut RATP".

La paralysie gagne le ciel !

La paralysie gagne le ciel !

Mardi, 24 Mai, 2016
Humanite.fr

Tous les syndicats de l'aviation civile appellent à la grève du 3 au 5 juin pour demander l'arrêt des baisses d'effectifs et peser sur la renégociation de leur cadre social et indemnitaire.
 
"Les négociations protocolaires piétinent car les propositions du gouvernement et del'administration ne sont pas acceptables", dénonce l'USAC-CGT, premier syndicat de la DGAC, dans un communiqué, mardi.
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a précisé qu'une "prochaine et a priori dernière" réunion de négociation sur le cadre social s'appliquant aux agents chargés de superviser la sécurité aérienne était programmée le 31 mai, "à la suite de laquelle on saura si les préavis sont maintenus ou pas".
Il y a tout lieu de penser que début juin la concordance de cette grève avec le blocage des raffineries qui devrait se poursuivre et le mouvement social à la RATP qui commence le 2 juin, la colère qui gronde face à la loi travail et au mépris des salariés ne pourra plus être ignorée par le gouvernement !

Après ceux des raffineries, les salariés des centrales nucléaires votent la grève

Après ceux des raffineries, les salariés des centrales nucléaires votent la grève

Mercredi, 25 Mai, 2016
Humanite.fr

Dans le sillage des blocages de raffineries et de dépôts de carburants, qui provoquent un début de pénurie dans les stations-service, les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), réunis en assemblée générale mardi 24 mai, ont voté la grève et l'arrêt de la production d'électricité.
Le réacteur numéro 1 du site de Nogent-sur-Seine étant déjà à l'arrêt pour un problème technique, le réacteur numéro 2 va subir "une baisse de charge jusqu'à l'arrêt total", prévu pour jeudi, précise le dirigeant syndical.
Au plan national, la CGT-Energie a appelé, mardi, à un mouvement d'action, jeudi, notamment dans ses centrales nucléaires, "le plus fort possible". Elle n'exclut pas "des baisses de charges" électriques. "On sent clairement que le mouvement de contestation monte", assure la CGT, qui souhaite "le retrait de la loi travail" mais entend également réitérer ses inquiétudes quant à l'avenir de la branche énergétique.
L’objectif consiste à faire pression sur le gouvernement pour obtenir le retrait de la réforme du code du travail.
 
La CGT, rejointe dans certaines unités par Force ouvrière, a prévu des blocages de sites jeudi, des barrages pour filtrer l’accès du personnel, mais aussi des baisses de production électrique. Elles pourraient aller jusqu’à l’arrêt complet de certaines centrales. La direction d’EDF se prépare à faire face à ces perturbations, même si elle ne peut pas, pour l’heure, en prédire l’ampleur.
 
« C’est en ce moment que se joue le sort du projet de loi travail, donc c’est maintenant qu’il faut agir, argumente Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la fédération CGT-Energie. Jeudi, nous appelons donc le personnel à participer au mouvement et à faire monter la pression, que ce soit par des baisses de charge ou des coupures sur le réseau. »
 
La journée de mardi a aussi été marquée par des coupures de courant revendiquées par les salariés en colère contre la loi El Khomri. A Plan-de-Campagne, près de Marseille, le plus grand centre commercial d’Europe a été victime d’une interruption de ce type, selon la CGT, et d’autres ont eu lieu à Nantes.
 
Dans les raffineries, la situation s’est durcie dans la journée de mardi après l’intervention des forces de l’ordre pour débloquer les accès aux dépôts pétroliers de Fos-sur-Mer et de Lorient a incité le personnel à faire bloc.
Mercredi matin, six raffineries, sur les huit que compte le pays, sont à l’arrêt ou tournent au ralenti, particulièrement celles de Total. Les sites de Feyzin (Rhône) et Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime) sont ainsi totalement à l’arrêt, tandis que celui de Grandpuits (Seine-et-Marne) est en cours d’arrêt total, que « quelques unités » ne fonctionnent plus à Donges (Loire-Atlantique) et que La Mède (Bouches-du-Rhône) fonctionne toujours « en débit réduit ».
 
L’accès au dépôt de carburants de Douchy-les-Mines, dans le Nord, où des manifestants opposés au projet de loi travail occupaient les lieux depuis le 19 mai, a été débloqué à l’aube par les forces de l’ordre. 
 
« On a levé tous nos barrages », a expliqué le porte-parole du syndicat SUD dans le Valenciennois. L’opération s’est déroulée « sans heurts », a-t-il précisé : « Les CRS sont allés vite, ils ont utilisé le canon à eau. On sent les forces de l’ordre sur les nerfs. »
 
L’intervention a débuté vers 5 heures pour dégager l’accès à cet important dépôt de carburants situé près de Valenciennes. Environ 80 militants de la CGT et de SUD étaient encore présents sur les lieux. Vingt camions de CRS avaient été mobilisés pour les déloger, a précisé le syndicaliste.
 
Mardi, la préfecture du Nord avait annoncé qu’environ un cinquième des stations-service du département étaient à sec. Le même jour, le secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies avait quant à lui fait savoir que 20 % des quelque 12 000 stations-service françaises étaient « en difficulté » d’approvisionnement. A l’Assemblée nationale, il avait confirmé que le gouvernement garantirait « la liberté d’accès aux dépôts » pour desservir ces dernières.
 
Au même moment, mercredi matin, à Brest, des membres de Force ouvrière et des militants du mouvement Nuit Debout bloquaient le rond-point des Foulques, point d’accès au dépôt d’essence de la ville. D’après nos journalistes présents sur place, les CRS étaient en train d’intervenir pour disperser les manifestants.

lundi 23 mai 2016

Milad Doueihi « L’humanisme numérique vise à repérer ce qui peut être conservé de l’humanisme classique

Milad Doueihi « L’humanisme numérique vise à repérer ce qui peut être conservé de l’humanisme classique »

Entretien réalisé par Laurent Etre
Jeudi, 19 Mai, 2016
Humanité Dimanche

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photo : Philippe Matsas
Aborder le numérique comme le lieu de sociabilité qu’il est devenu, éviter de le réduire à sa composante technique (l’informatique), telles sont les préoccupations majeures de l’« humanisme numérique » que promeut Milad Doueihi depuis plusieurs années.  Entretien.
Invité du séminaire « Médias et émancipation » de la Fondation Gabriel-Péri, le 25 mai prochain (*), l’historien s’attachera plus particulièrement à montrer comment le numérique exacerbe la contradiction entre propriété privée et biens communs, à partir d’une approche qui s’inscrit dans le prolongement du matérialisme historique. L’occasion aussi de remettre les pendules à l’heure concernant la prétendue « dématérialisation » dont la culture numérique serait vectrice.
HD. Vous inscrivez l’« humanisme numérique » dans le prolongement des trois humanismes identifiés par l’anthropologue Claude Lévi-Strauss : l’humanisme aristocratique de la Renaissance, qui redécouvre les textes de l’Antiquité classique ; l’humanisme exotique de la bourgeoisie, associé à la découverte des cultures orientales ; et l’humanisme démocratique de l’anthropologue, qui comprend que les faits humains forment une totalité, à étudier comme telle. Quelle est alors la découverte de l’humanisme numérique ?
Milad Doueihi. Elle est double. C’est d’abord la découverte du calcul comme puissance sociale, modifiant notre culture et notre héritage des trois premiers humanismes, par le biais de la numérisation. Et c’est, du même coup, la découverte des modifications qui affectent l’humain en tant que tel. Désormais, la quantification touche au corps. Tout ce qui a trait à la physiologie devient mesurable avec souvent, derrière, l’idée de performance. À un niveau plus général, le numérique est le triomphe de l’hybride. Nos valeurs, nos modes de communication, la perception que nous avons de nous-mêmes et des autres, rien n’échappe à cette logique de mesurabilité généralisée. Les identités individuelles et collectives évoluent en permanence, se reformulent selon les contextes… Par ailleurs, la culture numérique a changé notre rapport à la mémoire. On nous fait miroiter des promesses d’archives sans limites, des archives sans oubli.
HD. La notion d’humanisme n’induit-elle pas l’idée d’une essence humaine stable, fixe, là où le numérique valorise au contraire la mobilité, le changement ? Dès lors, est-ce la bonne notion pour appréhender les mutations en cours ?
M. D. Il y a là, effectivement, une difficulté. Nous sommes en manque de concepts pour cerner ces mutations. Afin de désigner ce qu’ils étaient en train de fabriquer, les fondateurs du Web ont dû, eux-mêmes, emprunter un vocabulaire relativement connu, notamment un vocabulaire issu de la culture du livre. Ainsi parle-t-on encore, aujourd’hui, de « page Internet », par exemple. L’un des enjeux principaux de l’humanisme numérique est précisément de repérer ce qu’il est possible de conserver des concepts de l’humanisme classique. Mais c’est la même chose avec d’autres traditions de pensée, comme le matérialisme, sur lequel je travaille en ce moment. Je suis convaincu que le matérialisme numérique représente une nouvelle forme du matérialisme historique de l’époque de Marx. Le numérique reconfigure les rapports sociaux de production dans un sens qui porte à un point inégalé la contradiction entre propriété privée et biens communs. Les théories sur « l’économie de l’immatériel » étaient des leurres. Les réseaux numériques ne vont pas sans les machines informatiques, dont il s’agit de savoir qui en contrôle l’accès et qui en élabore les finalités. Ce qui est vrai, c’est que l’intelligence, les connaissances sont devenues centrales dans la production de valeur économique. Mais il n’y a là aucune « dématérialisation » à proprement parler. À la fin du XIXe siècle, le philosophe américain Charles Sanders Peirce, père de la sémiotique, voyait dans la domination d’une économie de profit un « maître vorace de l’intelligence ». L’intelligence numérique a donné, me semble-t-il, une nouvelle portée à cette idée. De fait, nous sommes constamment incités, par des injonctions plus ou moins directes, à produire des données pour nourrir la machine informatique. Face à cela, il s’agit non pas de renoncer à la technique, mais d’en reprendre le contrôle, en cessant d’abord de l’opposer à la culture.
HD. Les usages dominants de la technique numérique ne font-ils pas peser, néanmoins, quelques menaces sur la culture ?
M. D. Je dirais plutôt que la culture est en train de changer et que nous ne disposons pas encore de tous les concepts nécessaires pour penser ce changement. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des industriels, comme Ford et Mellon, ont créé des fondations culturelles avec une partie de leur fortune. Ils exploitaient la main-d’œuvre et, en même temps, considéraient qu’ils rendaient service au public du point de vue culturel. Aujourd’hui, les grandes firmes numériques peuvent avoir des projets de transformation de la société à une échelle étonnante (certaines entendent, par exemple, prendre à bras-le-corps la santé publique en Afrique). En revanche, contrairement aux industriels d’hier, elles ne financent plus la culture. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles estiment que ce sont elles qui la fabriquent. Cette situation ébranle tout notre héritage en matière de propriété intellectuelle, de droits d’auteur… Il y a à inventer un nouveau cadre juridique.
HD. Selon vous, le numérique va de pair avec un « retour massif de la narration et du récit comme paradigme de participation et de valorisation ». De quel récit s’agit-il ?
M. D. Je pense par exemple à la place croissante de la narration dans les jeux vidéo. La construction du récit est partie intégrante de l’univers ludique. Il existe aussi, depuis un certain temps, une interface en ligne, « Storify », qui permet à chacun de raconter une « histoire » ou un événement sur un mode participatif, en réutilisant des contenus glanés sur les réseaux sociaux, surtout Twitter.
HD. Le numérique peut stimuler la créativité. Mais, dans le même temps, ne nous rend-il pas prévisible, puisque nos actes en ligne sont constamment objets de calcul pour des algorithmes dont la maîtrise nous échappe ?
M. D. Nous sommes en effet entrés dans un modèle statistique et probabiliste où ce qui compte, c’est la masse, et non l’individu dans sa singularité. Du coup, du point de vue d’un humanisme numérique, cette question de la singularité individuelle devient centrale. Ce qui est intéressant, c’est que l’informatique elle-même nous donne des éléments pour résister à l’uniformisation et éviter de devenir totalement prévisibles. On peut comprendre le fonctionnement des algorithmes et en produire d’autres. Évidemment, tout le monde ne sera pas codeur, mais chacun peut acquérir un minimum de savoir-faire en la matière. Il faut investir le calcul informatique et non le déserter. Car toutes les formes de calcul ne se valent pas, ce qu’avait très bien vu le mathématicien et informaticien Alan Turing (1912-1954) dans ses réflexions sur l’intelligence artificielle. Il montrait que la machine, comme l’enfant, apprend de son milieu social et culturel. C’est-à-dire que le calcul stratégique coexiste toujours avec ce qu’on peut appeler un calcul social, permettant l’expression de la pluralité constitutive de l’humain.
(*) Le 25 mai 2016, à 18 h 30, à l’espace Niemeyer (Paris, 19e). Rens. et inscriptions : www.gabrielperi.fr.

Qu’on se le dise : Sète est le meilleur festival photo !

Qu’on se le dise : Sète est le meilleur festival photo !

Magali Jauffret
Dimanche, 22 Mai, 2016
Humanite.fr

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Photo : FLAVIO TARQUINIO
C’est par la poésie, l’évolution des formes documentaires que la huitième édition d’ « Images Singulières », qui s’achève, se distingue, stimulant réflexion et nouvelles formes de partage, de luttes.
Sète, envoyée spéciale
« ImageSingulières », le festival sétois de photographie le plus engagé, le plus surprenant, le plus accueillant de France, s’est taillé, en huit ans, une réputation qui permet à Gilles Favier et Valérie Lacquittant d’oser, sur les cimaises, de sacrées tentatives plastiques. Cette année, la programmation très cohérente de ce laboratoire de l’image documentaire est marquée par la dinguerie à tous les étages, une dinguerie qui veut « rendre le vivre ensemble plus lumineux, moins obscur ».
Dans la section « héros de la classe ouvrière »
A commencer par « Rêves, gloire et passion », intitulé choisi par Marie-Claude et Alain Govaert pour raconter, de 1989 à 2006, l’histoire photographique romancée de leur couple à la colle et dans la mouise, hébergé dans le quartier populaire lillois de Wazemmes, depuis nettoyé. Une série détonante, faite de diapositives de marque inconnue, envoyée via la poste par leur auteur, Flavio Tarquinio, qui, partout, s’était vu refuser ce baroque roman photo : en noir et blanc, le quotidien de Marie-Claude et Alain, du bistrot, leur café Lehmitz à eux, de leur fraternité. En couleurs, les mises en scène, avec les moyens du bord, de leurs sacrés fantasmes : lui en Pépé le Moko, elle en femme fatale-sirène, le tout accompagné de scènes bibliques réalisées, grâce à un casting de rue, un SDF portant la croix…  Un discret photographe de Maubeuge invité à pénétrer, sur la durée, l’identité et l’imaginaire d’un lumpen-prolétariat lillois qui n’a pas perdu ses rêves, ca casse la baraque !


Surtout que la veille, on avait vu une étrangeté, le film préféré de John Cassavetes, réalisé en 1956 par Lionel Rogosin, « On the bowery », une vision dantesque des effets du chômage de masse, dans Manhattan changé en enfer. Issue de photos, l’œuvre devient cinématographique avant de se charger de fiction.
C’est un peu ce qui arrive à « La parade », série de Samuel Bollendorff à l’image (fixe, en mouvement, parlante) et de Mehdi Ahoudig, au son, mais alors de plus en plus prégnant. Un conte post-industriel optimiste inspiré des traditions ouvrières du Nord et racontant notamment l’histoire de CloClo n°18, qui débouche, un soir de festival, sur le vrai défilé, en plein mitan des images, des majorettes de Montpellier toutes de purple vêtues.


La forme poétique est révolutionnaire
La dinguerie poétique se retrouve aussi chez le Belge Sebastien Van Malleghem immergé trois ans en prison. Têtes cabossées dedans et dehors, fractures à nu, la part d’humanité a beau être omniprésente dans le regard du photographe, quand les barbelés de la claustration donnent l’impression aux détenus d’avoir été jetés dans des trous, comme des rats, on ne voit plus la différence entre détention carcérale et psychiatrique…


Il y a de cela dans la série compulsive de l’Anglais Rip Hopkins photographiant jusqu’à plus soif une aristocratie belge frappée, même avec chien, hermine et blasons, par une foutue déchéance.


Quant au très politique Christian Lutz, convaincu que « la forme poétique est révolutionnaire », il excelle lorsque sortant des circuits touristiques, il montre « des individus isolés recrachés par les casinos carnassiers de Las Vegas».


Le reste de la programmation, de très haute tenue, transmet la chair de poule de l’émotion, qu’il s’agisse du mano à mano Anders Petersen/Alberto Garcia Alix sur Valparaiso ; de la résidence sétoise de jeunes photographes chiliens; des trente ans de l’agence Vu créée par Christian Caujolle et de sa découverte des grands talents de la photo espagnole alors à peine libérés du franquisme (Isabel Munoz, Chema Madoz, Juan Manuel Castro Prieto, Cristina Garcia Rodero, Ricard Terré, Virxilio Viéitez) ici présentés dans une exceptionnelle scénographie faite de containers ; de la formidable évolution de l’écriture photographique de Guillaume Herbaut, fils de Visa pour l’image passé, dans ses photos ukrainiennes, du photoreportage au documentaire d’auteur et à la vidéo ; d’un Pays Basque aussi émouvant que la campagne italienne de Giacomelli, vu par l’Américaine Anne Rearick, qui sera la résidente de la prochaîne édition ; de l’intéressant projet participatif « La France vue d’ici » qui, mené avec Médiapart, a déjà mis en mouvement, à travers l’hexagone, en vue d’une grande exposition et d’une publication, à l’échéance des élections de 2017, quelques 26 photographes…



A regarder :
Les livres d’Alberto Garcia Alix, Christian Lutz, Anders Petersen, Sebastien Van Malleghem sont publiés par André Frère Editions, Rip Hopkins par Filigranes Editions, le livre de la Résidence sétoise des Chiliens par Le Bec en l’air, celui d’Anne Rearick sur deux townships du Cap par Clémentine de la Ferronière.
A visiter:
le site du festival :