vendredi 28 avril 2017

« Personne ne doit voter Front national. Cette option n’existe pas »


« Personne ne doit voter Front national. Cette option n’existe pas »

AURÉLIEN SOUCHEYRE
JEUDI, 27 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Alexis Corbières, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, lors de la conférence de presse de La France insoumise, hier à paris. Capture d'écran BFMTV
Alexis Corbières, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, lors de la conférence de presse de La France insoumise, hier à paris. Capture d'écran BFMTV
La France insoumise a tenu à clarifier sa position pour le second tour, rappelant son combat contre le FN et sa promesse de consultation.
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La France insoumise, pour son premier point presse depuis le 23 avril, s’est félicitée hier « des résultats spectaculaires » obtenus par Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Le candidat, avec 19,6 % des suffrages exprimés et plus de 7 millions de voix recueillies, réalise un « progrès considérable » par rapport à 2012, s’impose en tête dans 67 circonscriptions (2e dans 167) et dépasse les 12,5 % des inscrits dans 78 % d’entre elles. De quoi envisager les législatives avec un esprit de conquête.

« Nous nous honorons d’avoir fait reculer le FN »

Mais c’est surtout du second tour de la présidentielle dont il était question hier. La FI a invité depuis mardi ses 440 000 soutiens inscrits en ligne à s’exprimer sur le choix à faire entre : voter Macron, blanc, et s’abstenir. « Nous avions annoncé dès le départ qu’une consultation serait organisée en cas de non-qualification pour le second tour », a expliqué le directeur de campagne, Manuel Bompard, pour couper court aux polémiques.
Soulignant qu’avec la FI une « force politique nouvelle est née et a été extrêmement convaincante sur le fond et sur la forme », Charlotte Girard a regretté « l’aspect sombre du second tour ». « Cette élection ne réglera rien des grandes problématiques de notre temps que nous avons mises en lumière. Les urgences démocratique, sociale, écologique et de paix resteront des urgences », a souligné la coordinatrice du programme « l’Avenir en commun », dénonçant « le scénario idéal pour l’oligarchie à l’œuvre entre le candidat élu d’avance et l’épouvantail. ». « Nous avons raison d’être inquiets. Le quinquennat qui s’annonce sera explosif », a-t-elle ajouté. Estimant ne plus « pouvoir tenir le même discours qu’en 2002 », parce qu’avoir un président libéral « c’est repousser l’échéance frontiste », Charlotte Girard a cependant pointé que « si c’est le FN (qui l’emporte), c’est la Ve République en pire, sur une ligne antisociale, antidémocratique et xénophobe ». Particulièrement remonté contre les reproches visant le positionnement et le silence de Jean-Luc Mélenchon depuis le 23 avril, son porte-parole, Alexis Corbières a rappelé son souhait qu’aucune voix n’aille au FN. « Aucune stratégie ne peut reposer sur une victoire du FN », a-t-il insisté, avant de lancer au visage des incendiaires libéraux n’avoir « rencontré personne dans cette campagne qui vote Le Pen à cause de Mélenchon. Mais des gens qui votent Le Pen à cause de Sarkozy et Hollande j’en ai rencontré des centaines ».
« Nous ne donnerons aucune consigne de vote. Aucune option n’est immorale entre le vote Macron et l’abstention. Et nous n’avons jamais dit que le vote Macron et le vote Le Pen c’est la même chose. Jamais », a-t-il tenu à clarifier, argumentant ensuite que « la seule force qui lutte contre le Front national, c’est la France insoumise ». « Nous nous honorons d’avoir fait reculer le FN », a-t-il tonné, prenant pour exemple « ces gens qui sans nous auraient voté FN et qui grâce à nous ont voté pour le progrès humain et écologique ».

« Les discussions toujours ouvertes » avec le PCF

Alors que Pierre Laurent annonçait hier vouloir « battre le plus largement possible Marine Le Pen le 7 mai » en utilisant le bulletin de vote Macron, avant de lancer un appel à gauche pour battre Macron aux législatives partout où c’est possible, Manuel Bompard lui a renvoyé la responsabilité de l’absence d’accord entre FI et le PCF. Il a néanmoins précisé que « les discussions sont toujours ouvertes ».

Assistants parlementaires FN : le Parlement européen évalue la fraude à 5 millions d’euros


Assistants parlementaires FN : le Parlement européen évalue la fraude à 5 millions d’euros

JEAN-JACQUES RÉGIBIER
JEUDI, 27 AVRIL, 2017
HUMANITE.FR
Le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche. Photo : AFP
Le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche. Photo : AFP
Selon une nouvelle évaluation du Parlement européen, près de 5 millions d’euros de salaires auraient été versés frauduleusement à des assistants parlementaires de députés européens du Front National qui travaillaient en réalité pour le parti de Marie Le Pen. 17 députés européens du FN, dont Marine Le Pen, sont visés par ce détournement de fonds présumé.
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C’est une fraude considérable et beaucoup plus importante que celle initialement annoncée, que vient de mettre à jour le Parlement européen dans l’affaire de la triche présumée aux assistants parlementaires FN. Alors qu’en septembre 2015, les services du Parlement estimaient à 1,9 millions le montant des salaires versés à des assistants d’eurodéputés FN. qui auraient en fait été employés comme cadres ou permanents du parti de Marine Le Pen, le préjudice est évalué aujourd’hui à près de 5 millions d’euros, soit plus du double (4 978 122 euros). Une source proche du dossier au Parlement européen que nous avons contactée, confirme les informations de l’AFP émanant de l’avocat du Parlement européen Patrick Maisonneuve. C’est lui qui vient de transmettre aux juges d’instruction parisiens la nouvelle évaluation du préjudice subi par le Parlement européen dans cette affaire. « Il s’agit d’une actualisation des premiers chiffres qui avaient été fournis au moment de l’ouverture de la procédure, et qui porte désormais sur des fraudes qui  se seraient déroulées de 2012 à 2017, c’est-à-dire sur une période plus longue que celle initialement estimée. Cette somme, de presque 5 millions d’euros, a été mal dépensée, mal utilisée, pour le paiement d’assistants qui ne travaillaient pas comme assistants de députés européens. Nous venons de transmettre ces informations au Parquet, » confirme notre source.

17 députés visés

La fraude présumée concerne 17 députés, sur les 22 que compte le Front national au Parlement européen. C’est donc pratiquement l’ensemble du groupe qui est concerné, et parmi eux, tous les ténors du F.N, dont la candidate au second tour de la présidentielle en France, Marine Le Pen, ainsi que Florian Philippot, Louis Aliot, et Jean-Marie Le Pen. Certains députés seraient suspectés d’avoir salarié plusieurs assistants parlementaires à des tâches autres qu’européennes. Dans cette affaire la procédure de levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen a été lancée la semaine dernière, et annoncée hier devant les députés européens en séance plénière à Bruxelles. Elle pourrait durer «  quelques mois » selon nos informations, le temps pour la Commission juridique du Parlement européen d’instruire la demande, d’établir un rapport et d’émette un avis « pour » ou « contre » la demande de levée d’immunité. C’est ensuite aux députés européens de se prononcer sur la base de cet avis, généralement suivi par l’assemblée.

Le filet judiciaire se ressert

Dans une autre affaire, celle des photos d’exécutions du groupe Etat islamique twittées par Marine Le Pen, l’immunité parlementaire de la présidente du Front national a déjà été levée par le Parlement européen le mois dernier à la demande du Parquet de Nanterre. Toujours selon notre source, « une troisième demande de levée d’immunité parlementaire de Marine Le Pen serait actuellement en cours d’instruction au Parlement européen. » Le Parlement européen réclame déjà à six députés européens FN de rendre les sommes qu’il estime avoir été détournées de leurs destination, pour un montant total de plus d’un million d’euros (1,1 millions) dont 340 000 euros pour Marine Le Pen qui a porté l’affaire devant les tribunaux européens. Le 10 mars dernier, Marine Le Pen a refusé de se rendre à la convocation des juges parisiens qui la convoquait en vue d’une possible mise en examen dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, en faisant valoir son immunité parlementaire. Catherine Griset, la cheffe de cabinet de Marine Le Pen a déjà été mise en examen pour « recel d’abus de confiance.»
Avec le lancement cette semaine de la procédure de levée d’immunité parlementaire, le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche.

Marine Le Pen cache son programme sous un déguisement social


Marine Le Pen cache son programme sous un déguisement social

JEUDI, 27 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Photo : Christian Lewig/Rea
Photo : Christian Lewig/Rea
Son passage sur TF1, mardi soir, puis son « coup » d’Amiens, hier, visent à semer le trouble dans une partie de l’électorat de gauche et ouvrier pour rattraper son retard sur son adversaire du second tour. 
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La châtelaine de Montretout posant pour des selfies avec des ouvriers de l’usine Whirlpool d’Amiens… Voilà une photographie qui en dit long sur le niveau de la crise politique qui traverse le pays. Sa visite « surprise », hier, sur le parking de l’entreprise, tandis qu’Emmanuel Macron rencontrait au même moment l’intersyndicale dans la chambre de commerce d’Amiens (lire notre reportage ci-contre), montre combien la candidate de l’extrême droite ne lésinera pas sur les moyens pendant cette campagne d’entre deux tours. Étrangement, les déclarations d’amour au Medef de Bernard Monot, économiste du FN, n’ont pas suscité autant d’intérêt de la part des chaînes d’info en continu. « Le FN est l’ami de toutes les entreprises et (je) rappelle que nous sommes de vrais libéraux, partisans sans ambiguïté de l’économie de marché et de la libre entreprise », a-il déclaré sans ambages aux amis de Pierre Gattaz il y a moins d’un mois. La candidate FN aura également omis de soumettre aux salariés de Whirlpool sa proposition de baisse des cotisations patronales, par exemple… « Marine Le Pen n’aborde pas les problèmes de fond : les dividendes des actionnaires de la société Whirlpool ont augmenté de 10 % et le PDG se fait payer 13 millions d’euros par an. Dans son programme, elle ne mentionne pas le mot actionnaire ou dividende, elle ne luttera pas dans l’intérêt des salariés, réagissait hier François Ruffin, interrogé par l’Humanité. Je dis aux salariés qui sont tentés par Le Pen pour montrer leur colère qu’il faut voter pour moi (aux législatives – NDLR). Car, avec mon vote, on va vraiment les faire chier », nous lançait le candidat soutenu par le PCF et la France insoumise. « Revoilà donc la candidate du FN qui nous rejoue la pasionaria sociale », a réagi de son côté Éric Coquerel. Et le coordinateur national du Parti de gauche de rappeler : « N’est-ce pas elle qui traitait les salarié-e-s en grève contre la loi Sarkozy sur les retraites de “gréviculteurs” ? » Lire l'article complet

Liberté d'expression. Audrey Pulvar suspendue d'antenne pour une pétition anti-Le Pen


Liberté d'expression. Audrey Pulvar suspendue d'antenne pour une pétition anti-Le Pen

LORENZO CLÉMENT AVEC AFP
JEUDI, 27 AVRIL, 2017
HUMANITE.FR
Nous avions rencontré la journaliste Audrey Pulvar pour son livre « Libres comme elles ». La chaîne d'info CNews (groupe Canal+) a décidé de suspendre d'antenne Audrey Pulvar pour avoir signé une pétition féministe contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron, a annoncé une porte-parole de la chaîne, confirmant une information du Parisien.
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"Audrey Pulvar suspendue par CNews pour une signature contre le FN ??? Décidément la République a perdu du terrain", a twitté jeudi matin la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem. "Audrey Pulvar, suspendue sur injonction du FN pour avoir choisi la République et les droits des femmes contre l'ext.droite. Soutien et amitié" a twitté Laurence Rossignol, la ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes, instigatrice de cette pétition intitulée"Féministes, nous ne voulons pas du Front National. Nous votons Emmanuel Macron".
La signature de la journaliste a été critiquée par Florian Philippot, vice-président du Front national, qui dans un tweet mercredi a déclaré : "Pétition contre MLP signée par Audrey Pulvar, qui anime des émissions politiques sur @cnews. Ça pose un vrai problème d'impartialité".
La présentatrice, qui anime le dimanche sur CNews "Le Grand Rendez-vous" et l'émission politique "Le grand journal de la présidentielle", sera suspendue d'antenne jusqu'à la fin de la campagne le 7 mai, a précisé la porte-parole.
Cette décision a été prise au nom de la "déontologie" et de "la nécessité d'un devoir de réserve" des journalistes qui ne doivent "pas préciser pour qui ils votent", a fait valoir CNews.
 
Le secrétaire d'État aux Affaires européennes Harlem Désir a lui posté : "A.Pulvar sanctionnée pour avoir signé contre le FN! Quelle régression. Il y a 15 ans tous les démocrates étaient rassemblés pour la République". "Tribune salutaire et soutien à Audrey Pulvar", a également commenté l'eurodéputé Yannick Jadot. SOS Racisme a dénoncé sur le réseau social "la suspension d'Audrey Pulvar +au nom d'une prétendue neutralité+".
Selon le texte de la pétition, "l'élection de Marine Le Pen à la présidentielle serait une défaite pour les femmes". Il est notamment reproché à Marine Le Pen "l'avortement qualifié de confort, la stigmatisation des femmes étrangères" ou "l'instrumentalisation raciste du combat contre l'oppression religieuse".
La pétition est signée par une cinquantaine de personnalités, dont Zabou Breitman, Julie Gayet, Pascale Breugnot, Bruno Solo, le rabbin Delphine Horvilleur ou encore Agnès Jaoui.

Pierre Khalfa : « Jamais l’extrême droite n’a quitté le pouvoir dans une alternance tranquille »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AUDREY LOUSSOUARN
MERCREDI, 26 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Le coprésident de la Fondation Copernic, fournit une explication au désarroi des électeurs de gauche face à la perspective du second tour. Il donne à voir le danger que serait le FN au pouvoir après le 7 mai.
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Tout d’abord, que révèle selon vous le décalage, en termes de mobilisation contre le Front national, entre le soir du premier tour de 2002 et celui de 2017 ?
Pierre KhalfaCoprésident de la Fondation CopernicPierre Khalfa Nous sommes dans une situation radicalement différente. Le fait que Marine Le Pen soit au second tour est annoncé depuis des mois, et est donc tout sauf une surprise. Ensuite, nous pouvons dire qu’elle a réussi son pari, d’une part en étant au second tour, de l’autre en réussissant son processus de dédiabolisation. Un processus évidemment complètement superficiel qui ne touche pas aux racines du projet politique de ce parti. Il n’empêche que, pour une partie des citoyens, le FN est devenu un parti comme les autres. Il existe une troisième explication, plus inquiétante pour ce second tour : une partie des électeurs de gauche qui ont voté pour Jacques Chirac en 2002 ont eu l’impression de s’être fait avoir et, visiblement, penchent cette fois-ci pour l’abstention. Ils renvoient dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La combinaison de ces trois éléments pourrait expliquer cette absence de mobilisation.
Que répondez-vous face à ce troisième élément ?
Pierre Khalfa La politique que propose Emmanuel Macron va aggraver considérablement la situation, résultat des cinq ans du quinquennat Hollande, et même des décennies précédentes. Ce qui rend compliqué l’appel à voter pour le candidat d’En marche ! alors même qu’il est indispensable de faire barrage à Le Pen. Il faut expliquer sans relâche que le FN est un danger pour les libertés démocratiques. Il n’y a aucun exemple historique où l’extrême droite est arrivée au pouvoir par les urnes et en est sortie dans une alternance tranquille quelques années après. Pour moi, c’est l’élément essentiel, au-delà même des questions de xénophobie, puisque les discours d’une partie de la droite rejoignent aujourd’hui ceux de Marine Le Pen dans une porosité des électorats et d’idéologie. La droite, même extrême, est différente d’une extrême droite sur le plan du respect a minima de l’État de droit. Dans le cas d’Emmanuel Macron, on peut penser qu’il y aura des élections cinq ans après dans des conditions à peu près normales. Ce qui n’est absolument pas sûr avec Marine Le Pen, surtout au vu des pouvoirs considérables qui sont donnés aux présidents de la Ve République. Rien qu’avec l’article 16 de la Constitution, elle peut faire n’importe quoi. C’est cet argument qu’il faut avancer à tous ceux qui hésitent à voter au second tour. On est au-delà, aujourd’hui, du fait d’aller voter pour un ultralibéral.
Comment lutter efficacement, sur le long terme, contre le FN ?
Pierre Khalfa L’électorat du FN est complètement hétérogène. D’un certain point de vue, c’est ce qui fait sa force. Il agglomère des demandes sociales hétérogènes, avec la recherche d’un bouc émissaire, responsable de leurs malheurs, comme ciment. C’est pour cela que la seule manière réelle de lutter contre le FN est de montrer qu’il existe une alternative et une autre politique possible, loin de la simple reproduction de la même politique, quinquennat après quinquennat. Montrer qu’il vaut mieux vivre dans une société égalitaire et juste que dans une société de concurrence de tous contre tous. C’est ce qu’a opéré Jean-Luc Mélenchon, en se projetant dans la société future. Cela a en partie fait son succès, notamment dans les quartiers populaires. En ce sens, il existe un début de reconquête de ces quartiers par un vote de gauche, à qui il a redonné une fierté.

1er Mai : barrage social à Marine Le Pen


1er Mai : barrage social à Marine Le Pen

VENDREDI, 28 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Comme en 2002, la Fête des travailleurs aura une importance particulière, ce lundi. La quasi-totalité des syndicats ont appelé à manifester et à combattre le FN mais aussi à porter lors de ces défilés des revendications pour le progrès social. 
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Les syndicats sont unanimes contre l’extrême droite. Depuis dimanche, les réactions syndicales tombent les unes après les autres pour dénoncer le parti de Marine Le Pen. Et toutes les organisations, à l’exception de la CFE-CGC qui ne s’est pas exprimée, appellent à manifester ou à se rassembler le 1er Mai. Comme en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen faisait face à Jacques Chirac. Le temps presse, Marine Le Pen l’a montré mercredi chez Whirlpool, à Amiens : les salariés sont sa cible. Mais en 2017, le front social et politique face au FN a dû mal à prendre, beaucoup promettent de s’abstenir, ou de voter blanc. 

jeudi 20 avril 2017

Les enjeux climatiques, trop souvent oubliés dans la campagne électorale


Les enjeux climatiques, trop souvent oubliés dans la campagne électorale

MARDI, 18 AVRIL, 2017
HUMANITE.FR
Alors que l’objectif retenu par la Cop 21 est de contenir le réchauffement global à +2°C  d’ici la fin du siècle en cours, aucun projet défendu au cours de cette campagne ne permet de placer la France sur un début de trajectoire permettant de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Photo : Stephane Mahe / Reuters
Alors que l’objectif retenu par la Cop 21 est de contenir le réchauffement global à +2°C d’ici la fin du siècle en cours, aucun projet défendu au cours de cette campagne ne permet de placer la France sur un début de trajectoire permettant de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Photo : Stephane Mahe / Reuters
Moins de 18 mois après l’accord sur le climat adopté lors de la COP 21 à Paris, les débats qui se sont déroulés dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle n’ont guère évoqué les enjeux liés au réchauffement climatique des prochaines décennies. Pourtant, ces enjeux sont plus importants que jamais et la semaine qui nous sépare du premier tour risque de nous le rappeler de manière désagréable en France.
Deux sujets focalisent l’attention des commentateurs en ce début de dernière semaine de la campagne électorale qui mène au premier tour de l’élection présidentielle. D’une part, les sondages ne permettent pas de dire quels seront les deux candidats qualifiés pour le second tour. Mais ils annoncent avec certitude que cela se jouera entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, ce qui ouvre la porte à six duels différents toujours possibles le 7 mai prochain.
L’autre sujet concerne les attentes déçues des Français au regard de ce qu’ils connaissent des propositions formulées par les principaux candidats. Selon un sondage réalisé auprès de 1913 personnes par Harris Interactive  et publié par le Figaro du 15 mars, 55% des personnes interrogées trouvent cette campagne « décevante », tandis que 11%  seulement sont d’accord pour dire qu’elle est « tout à fait utile». Si 56% des personnes interrogées trouvent que cette campagne leur permet de « se faire une idée sur les candidats », ils ne sont plus que 38% à penser que la campagne menée par ces mêmes candidats les aide à se décider concernant celui pour lequel ils pourraient voter. Enfin, seulement 24% des personnes interrogées pensent que cette campagne aura permis de débattre des problèmes qui les préoccupent alors qu’ils sont 70% à exprimer un avis contraire. Le second tour de scrutin aura lieu 17 mois après la tenue de la conférence de Paris sur le climat. D’une façon générale, les enjeux climatiques ont été peu  évoqués  au cours de cette campagne. Quand ils le furent, ils étaient plutôt mal maîtrisés par la plupart des candidats. Alors que l’objectif planétaire  retenu par la Cop 21 est de contenir le réchauffement global  à +2°C  d’ici la fin du siècle en cours, aucun projet défendu au cours de cette campagne pour les années 2017 à 2022 ne  permet de placer la France sur un début de trajectoire  permettant  de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, conformément aux recommandations du Groupement International des experts  pour le climat (GIEC).

Des nappes phréatiques sous-alimentées en 2017

Le réchauffement climatique ne se caractérise pas seulement par quelques degrés de température en plus à l’horizon 2050 et 2100. Ce sont déjà des modifications profondes au cœur de chaque saison comme nous l’a montré en France cet hiver 2017 plutôt doux et faiblement pluvieux. Du coup la végétation printanière a pris de l’avance, tandis que la baisse des températures nocturnes de cette semaine du 17 au 23 avril  pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour les vignobles de certaines régions comme pour les arbres fruitiers en fleurs. Ajoutons que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) doit annoncer jeudi prochain une situation préoccupante concernant la sous-alimentation des nappes phréatiques du fait d’une pluviométrie insuffisante entre l’automne 2016 et le printemps 2017 déjà marqué par la sécheresse dans certaines de nos régions. Si elle devait perdurer, cette situation compromettrait les rendements céréaliers de l’année 2017 en France et renchérirait les coûts de production dans la production laitière et les productions de viandes bovine et ovine notamment. Or qu’il s’agisse des céréales, du lait ou de la viande bovine, les paysans français et européens sont confrontés depuis plus de deux ans à des prix qui ne permettent pas de rémunérer leur travail. Parfois ils ne couvrent même pas les coûts de production, sans y inclure la rémunération du travail. Ce  fut souvent le cas pour le lait depuis  2015 et comme c’est le cas pour  les céréales depuis la récolte de 2016 compromise au niveau des rendements par un printemps sombre et pluvieux. Mais, pour le lait comme pour les céréales, les prix trop bas ont été favorisés par des comportements spéculatifs rendus possibles par une offre mondiale supérieure à la demande solvable, en l’absence de politique régulatrice, notamment en Europe. Il a suffit que le volume de lait européen produit en 2015 augmente de 3 à 4%  du fait de la sortie des quotas de production pour que le prix payé aux éleveurs baisse durablement de 25 à 30% dans les pays membres de l’Union européenne.

L’agriculture industrielle n’est pas une solution

Quand une baisse des prix atteint durablement de tels niveaux, aucun  « modèle » de production agricole ne permet aux paysans de gagner leur vie. Néanmoins, par temps de crise, les préconisations des décideurs politiques et économiques sont souvent inspirées  par une recherche d’économies d’échelle, ce qui débouche par plus de concentration de l’élevage dans de grands bâtiments avec une nourriture du bétail de plus en plus granivore pour les herbivores que sont les vaches laitières. Au final, et au-delà de la réduction du nombre de paysans  qui pourtant maintiennent de la vie économique et sociale sur tous les territoires, on promeut alors une agriculture toujours plus industrielle et énergivore. Mais ce n’est pas la bonne solution car elle prend le contrepied de ce qu’il faut faire pour freiner le réchauffement climatique.
Finalement, l’absence de réflexion prospective en lien avec les enjeux climatiques aura aussi marqué cette campagne électorale pour l’élection présidentielle. Ce fut particulièrement vrai pour les candidats Macron et Fillon. L’un comme l’autre sont partisans de la fuite en avant dans un capitalisme de plus en plus gaspilleur de ressources dans sa manière de produire et toujours plus injuste dans la répartition des richesses crées par le travail.

Macron et Fillon, les deux faces d’un même libéralisme


Macron et Fillon, les deux faces d’un même libéralisme

MERCREDI, 19 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Comme un air de bonnet blanc et blanc bonnet pour les deux candidats. L’un veut moins de protection des salariés, l’autre plus de liberté pour les patrons. Revue de détail de deux projets aux visées similaires, achever la mue libérale du pays. Lire la suite
On n’est jamais si bien reconnu que par les siens. L’économiste libéral Nicolas Bouzou l’affirmait récemment sans crainte : « Le programme de Macron est de même nature que celui de Fillon. » Le très libéral think tank Ifrap a d’ailleurs du mal à les départager dans son évaluation des programmes économiques, tous deux « procèdent à des économies de dépenses nettes qui font diminuer le poids des dépenses publiques dans le PIB ». Il préfère finalement Fillon, « le seul candidat à opter pour une stratégie de baisse des prélèvements obligatoires ». Nicolas Bouzou concède que « si Emmanuel Macron prévoit à ce stade beaucoup moins d’économies que François Fillon, c’est sans doute qu’il anticipe plus que lui la résistance des Français en cas de réformes trop radicales ». « Le programme d’En marche ! est tout sauf déraisonnable », note de son côté Gaspard Koenig, du think tank GenerationLibre.
Comment ne pas donner crédit à François Fillon quand, cri du cœur, il s’exclame que Macron « copie » son programme ? Bouzou, encore, distingue bien que Fillon « n’accompagne pas sa politique d’un plan d’investissement conséquent », que Macron met « beaucoup plus l’accent sur la transition écologique », pour conclure que « les deux programmes se distinguent principalement par leur dimension », en ce qui concerne la réduction de la dépense publique. Lire la suite

Vous êtes absent, malade, infirme…votez par procuration


Vous êtes absent, malade, infirme…votez par procuration

 
Ministère de l'intérieur
Les électeurs absents ou ne pouvant se déplacer pour cause de handicap ou de mauvaise santé ont la possibilité de voter par procuration le jour du scrutin. C'est encore possible pour les 1er et 2ème tours des présidentielles.

Dans quels cas est-il possible de voter par procuration ?

Vous pouvez voter par procuration pour les élections présidentielles qui auront lieu les 23 avril (1er tour) et le 7 mai (second tour) également pour les législatives les 11 et 18 juin si ces jours-là – article  :
-  vous êtes en vacances, absents pour le boulot ou en formation (attention ça ne marche pas si vous passez votre journée à la pêche, en rando, au foot, au rugby ou si vous avez la flemme…)
- ou vous êtes handicapé voire votre état de santé ne vous permet pas de vous déplacer jusqu’ à votre bureau de vote
- ou encore vous assistez une personne infirme ou malade.

 

Comment faire ?

1.- Trouver une personne (appelée mandataire) qui accepte de voter à votre place et qui n’a pas d’autres procurations ou qu’une autre procuration établie à l’étranger. Cette personne doit impérativement être  inscrite sur les mêmes listes électorales que le mandant (celui ou celle qui demande à voter par procuration) mais pas forcément électrice du même bureau de vote.  
2.- Remplir le formulaire spécifique vote par procuration après avoir lu la 
Attention si vous pouvez tlécharger le formulaire en ligne et le remplir, il n'est pas possible d'établir une procuration en ligne. Il faut passer à l'étape 3 suivante.
3.- Se rendre à la gendarmerie, au commissariat ou au tribunal d’instance de votre lieu ‘habitation ou de travail pour faire valider la procuration. Il n’est pas nécessaire de se faire accompagner par le mandataire (la personne qui va voter pour vous).
N’oubliez pas une pièce d’identité (attention la carte d’électeur n’est pas une pièce d’identité), l’attestation sur l’honneur motivant votre absence le jour du vote (cette attestation est intégré au formulaire de vote par procuration).
S’il n’est pas possible de vous déplacer (handicap, état de santé), il faut très vite demander par simple lettre accompagnée d’un certificat médical ou d’un justificatif d’infirmité, à un policier ou un gendarme de venir à domicile établir la procuration.
Attention, il s’agit d’une démarche personnelle qui ne peut être faite par un tiers même un parent.
4.- Le jour du vote, la personne qui a votre procuration se rend à votre bureau de vote munie d’une pièce d’identité et de sa carte d’électeur… pour voter à votre place selon vos consignes. Le récépissé de la procuration n’est pas obligatoire puisque le maire a reçu la procuration par envoi des autorité l’ayant établie.
Vous pouvez toujours allervoter si vous n'avez plus d'empêchement à condition de vous présenter au bureau de vote avant le mandataire et de l'avertir par courtoisie. De toute façon un seul vote sera pris en compte, celui du premier arrivé.

Combien ça coûte et pour quelle durée ?

La procuration est établie sans frais pour une seule élection (1 et/ou 2 tours) ou pour un an au plus.
Par exemple, si vous êtes absent(e) à la fois pour les deux tours des présidentielles (23 avril et 7 mai) et pour les deux tours des législatives (11 et 18 juin), vous donnez procuration pour l’ensemble de ces scrutins ou que pour celui qui aura lieu durant votre absence ou encore pour le 1er tour ou le 2ème tour d’une de ces élections ou de chacune.
Notez-bien que la procuration peut être résiliée à tout moment que ce soit pour en établir une nouvelle ou pas. Simplement la résiliation s’effectue auprès des mêmes autorités que ci-dessus.

Jusqu’à quand peut-on demander une procuration ?

En théorie, les procurations peuvent être établies à tout moment jusqu’à la veille du jour du vote.
En pratique, mieux vaut ne pas trop attendre puisque la procuration est envoyée à la mairie par courrier postal.

Le vote vraiment utile


Mélenchon , le vote (vraiment) utile pour le peuple !

Vote de conviction ou tentation d'empêcher un scenario catastrophe similaire à celui de 2002 ? Le jeu des scénaristes de la recomposition politique a donné du grain à moudre à Maurice Ulrich, journaliste de l’Humanité.
Réalisation : Abrahim Saravaki

Mélenchon à l’Élysée : ce qui changerait dans votre vie dès la première année


Mélenchon à l’Élysée : ce qui changerait dans votre vie dès la première année

JEUDI, 20 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Photo Martin Bureau/AFP
Photo Martin Bureau/AFP
VIe République, réforme fiscale, plan de relance, mesures sociales... Jean-Luc Mélenchon se dit « tout à fait prêt » à « appliquer dans leur intégralité les pouvoirs qui lui seront confiés. »Lire la suite
Jean-Luc Mélenchon est « prêt » à exercer le pouvoir. Il l’a déclaré, mardi soir, aux dizaines de milliers de partisans réunis en meeting à Dijon avec lui et dans six autres villes via un hologramme (Clermont-Ferrand, Grenoble, Montpellier, Nancy, Nantes et Le Port, à La Réunion). Une façon, aussi, de répondre aux objections de ses adversaires et des éditorialistes qui, ces quinze derniers jours, ont tenté d’enrayer sa progression fulgurante dans les intentions de vote en l’attaquant sur la crédibilité de son programme. À quoi ressemblerait la France qu’il présiderait ? Le candidat s’est évertué à démontrer « comment (il allait) faire », quelle serait sa méthode et par quoi il commencerait.
Passage à la VIe République, réorientation européenne, réformes fiscales et sociales, relance par l’investissement, transition écologique… « Quelques jours avant que vous votiez, je veux que vous sachiez », a annoncé Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de la France insoumise, soutenu par le PCF, le Parti de gauche et Ensemble !, n’improvise ni sa méthode de gouvernement ni son calendrier. Conscient que son élection serait un « événement mondial », il a dit à ses soutiens, mardi : « Nous avons peu de temps, il faut faire des preuves, les donner tout de suite. (…) Il s’agit de transformer le pays », en s’attelant dès les premiers mois du mandat à des « choses concrètes ». Lire la suite

vendredi 14 avril 2017

Élection présidentielle. Tous pour le développement, mais plus tard


Élection présidentielle. Tous pour le développement, mais plus tard

DAMIEN ROUSTEL
LUNDI, 10 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Irrigation d’un champ de riz à Dabua, dans l’État de Bauchi, au Nigeria, à l’aide d’une pompe à eau depuis un forage. Afolabi Sotunde/Reuters
Irrigation d’un champ de riz à Dabua, dans l’État de Bauchi, au Nigeria, à l’aide d’une pompe à eau depuis un forage. Afolabi Sotunde/Reuters
Les cinq principaux candidats à l’Élysée veulent doubler l’aide publique de la France aux pays pauvres. Mais ils se différencient sur l’agenda et certains y posent des conditions.
C’est un consensus assez rare. Réunis le 6 avril dans les locaux de Sciences-Po Paris pour débattre des défis et priorités de la France dans le domaine de la coopération pour le développement, les cinq représentants des principaux candidats à l’élection présidentielle de 2017 ont fait preuve d’un bel unanimisme. Du sénateur LR Jean Bizet au porte-parole de Benoît Hamon, Yannick Jadot, en passant par le conseiller régional FN Bertrand Dutheil de La Rochère, le haut fonctionnaire Bernard Féraud (France insoumise) et Jean-Michel Severino d’En marche !, ils ont tous vanté les bienfaits de l’aide publique pour le développement (APD) et déploré son faible niveau. « C’est sans doute la première fois que dans une élection la question du développement apparaît dans tous les programmes des candidats », a constaté Tancrède Voituriez, de l’Iddri, un institut de recherche indépendant coorganisateur de cette réunion publique. La crise migratoire que connaît l’Europe depuis quelques années n’est sans doute pas étrangère à cette prise de conscience.

L’aide au développement: une politique fondamentale

« L’aide au développement n’est pas un gadget. C’est une politique fondamentale qui contribue à rendre le monde plus juste », explique Jean-Michel Severino (En marche !), directeur général de l’Agence française pour le développement (AFD) de 2001 à 2010. « D’ici à 2050, l’Afrique comptera 450 millions de personnes supplémentaires sur le marché du travail. C’est un enjeu gigantesque sans précédent », ajoute-t-il. « Nous avons une dette à l’égard des pays que nous avons pillés pendant quatre siècles. L’APD est une forme de rééquilibrage », affirme Yannick Jadot. « Il faut cibler l’agriculture et la formation professionnelle pour que les populations puissent travailler chez elles. C’est la raison pour laquelle nous voulons que l’engagement de la France de consacrer 0,7 % de son PIB à l’APD soit enfin tenu », détaille Bertrand Dutheil de La Rochère. « Oui, il faut enfin respecter les 0,7 % et concentrer 50 % de cette aide aux pays les moins avancés (PMA, 48 États), contre 25 % aujourd’hui. Et il ne faut pas conditionner cette aide à l’arrêt des flux migratoires car cela reviendrait globalement à assujettir ces pays », lui répond Bernard Féraud, de la France Insoumise. « Et il faut que la part des dons soit supérieure à celle des prêts », termine le représentant de Jean-Luc Mélenchon. Aujourd’hui, l’APD de la France est constituée à plus de 90 % de prêts destinés à des pays solvables.

La part de l’aide au développement dans le PIB était de 0, 37% en 2015

Dans un avis rendu en octobre 2016, le Conseil économique social et environnemental (Cese) préconise d’atteindre les 0,7 % d’ici à 2022. Le ratio était de 0,37 % en 2015. Quelle est la position des candidats ? Jean-Michel Severino parle d’un « espace-temps flexible », soit sept à huit ans. Mais dans son programme, Emmanuel Macron évoque « une trajectoire d’augmentation progressive entre 2017 et 2030, conditionnée à nos résultats économiques ». Et il reste flou sur d’éventuelles conditions liées à l’aide de la France. « Je parie une bouteille de champagne à chacun d’entre vous que le niveau de l’APD de la France n’aura pas augmenté d’ici à 2022. Cela représente 25 milliards d’euros sur cinq ans. Aucun président ne le fera », avoue l’ex-patron de l’AFD. « François Fillon n’a pas pris position sur une date pour l’instant par honnêteté », précise Jean Bizet. Le sénateur LR préconise de recourir davantage aux entreprises pour pallier le manque de financements publics. Marine Le Pen et Benoît Hamon ont décidé de reléguer cet objectif à la fin de leur quinquennat en 2022. « Nous pensons que les Français y seront favorables car nous allons cibler les pays francophones et exiger qu’ils achètent de l’aide produite par des entreprises françaises », détaille l’élu FN. « L’effort financier n’est pas impossible à réaliser », estime Yannick Jadot, qui croit à de nouvelles formes de financement comme la taxe sur les transactions financières. Quant à Bernard Féraud, de FI, il affirme que les 0,7 % seront atteints en 2020.

Droits humains. 200 millions de femmes excisées


Droits humains. 200 millions de femmes excisées

ADRIEN ROUCHALEOU
JEUDI, 13 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Affiches de la campagne de prévention de l’excision chez les adolescentes. Hamilton/Rea
Affiches de la campagne de prévention de l’excision chez les adolescentes. Hamilton/Rea
Deux chercheuses de l’Ined se sont penchées sur la réalité des mutilations génitales féminines. Si le phénomène semble en recul, des motifs d’inquiétude demeurent.
En 2016, elles auraient été au moins 200 millions. Dans une étude rendue publique hier, l’Institut national d’études démographiques (Ined) se penche sur la réalité des mutilations génitales féminines dans le monde. Les chercheuses Armelle Andro, de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, et Marie Lesclingand, de l’université Côte-d’Azur, ont recensé toutes les données disponibles sur la question pour dresser un état de la situation.
L’Unicef a identifié 30 pays dans lesquels l’excision est pratiquée, avec toutefois une prévalence très variable : 30 en Afrique constituant une bande centrale traversant le continent d’ouest en est, auxquels s’ajoutent le Yémen, l’Irak et l’Indonésie. Mais les chercheuses relèvent que d’autres études récentes mentionnent l’existence de ces pratiques au sein de minorités dans d’autres pays du Proche et Moyen-Orient et d’Asie ; et surtout que l’on compte près de 500 000 femmes mutilées aux États-Unis et plus de 500 000 en Europe.
« Le facteur du risque de mutilation est le groupe ethnique d’origine car ces pratiques sont historiquement associées à des rites traditionnels marquant le passage à l’âge adulte, qui n’existent pas dans tous les groupes », notent les auteures. Mais, précisent-elles, « il n’existe pas de liens clairs entre mutilations génitales féminines et religion, même si les populations de la plupart des pays concernés par ces pratiques sont majoritairement de religion musulmane. Dans la plupart des pays concernés, les communautés de tradition chrétienne, juive ou animiste pratiquent aussi l’excision ». En outre, l’étude conclut que la prévalence des mutilations génitales féminines est inversement proportionnelle au niveau d’instruction, au niveau de vie et varie en fonction du lieu de résidence : une femme vivant en ville a moins de risque d’être mutilée, de même qu’une femme scolarisée est moins souvent excisée.
Heureusement, les auteures constatent un recul de ces pratiques : « Dans tous les pays où des informations sont disponibles à plusieurs dates, les pratiques apparaissent en diminution au fil des générations. » Un recul qui reste néanmoins variable selon les pays : la baisse du nombre d’excisions est beaucoup plus nette dans les pays où la prévalence est déjà la plus faible, comme en Côte d’Ivoire, au Kenya, Nigeria ou en République centrafricaine. Mais, même au Liberia, où 79 % des femmes sont excisées, elles ne sont « plus » qu’un tiers à l’être parmi les 15-19 ans, alors que trois quarts des femmes de 45 à 49 ans le sont.
Néanmoins, les chercheuses pointent deux raisons de s’inquiéter. Premièrement, des excisions pratiquées de plus en plus tôt : « La majorité des femmes ont été mutilées avant l’âge de 10 ans et dans les générations les plus jeunes, avant l’âge de 5 ans. » Ensuite, les auteures s’inquiètent de la médicalisation de la pratique, même si, dans la majorité des cas, ce sont toujours des exciseuses traditionnelles qui officient. « De plus en plus de filles ont été excisées par des professionnels de santé en milieu médical » au prétexte d’une politique de réduction des risques, que les auteures perçoivent plutôt comme un « dévoiement » des campagnes de sensibilisation qui « compromet l’éradication de l’excision ».
Avec cette étude, l’Ined veut faire de la question des mutilations génitales féminines « une question de santé publique et de droits humains à l’échelle mondiale ».