Primaire socialiste. Dernier débat, quitte ou double pour les candidats

Lionel Venturini

Jeudi, 19 Janvier, 2017

L'Humanité

Arnaud Montebourg, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Manuel Valls et Sylvia Pinel, sur le plateau du premier débat de la primaire. Photo : Philippe Wojazer/AFP

La troisième confrontation du premier tour, ce soir, sera la dernière occasion pour chacun d’affirmer une différence.

Soirée dernière chance pour les sept candidats à la primaire du PS : l’ultime débat (21 heures, France 2 et Europe 1) avant le premier tour dimanche est la dernière chance pour chacun de faire bouger les lignes, et de mobiliser. Originalité du débat par rapport aux deux précédents, chacun disposera d’une « carte blanche » d’une minute au milieu d’une émission de deux heures trente pour présenter une proposition de son choix. Les thèmes abordés ce soir touchent au régalien, et devraient avantager les candidats en posture de l’emporter : sécurité, justice, finances publiques, institutions ou encore l’international (Moyen-Orient, Russie), et, en entrée en matière, santé, assurance-maladie, services publics.

Valls dans le rôle d’un candidat « qui a gouverné »

Pour Manuel Valls, à la peine dans des sondages qui ne sont pas des présages, c’est l’occasion de renverser la table. Dans la dernière livraison des enquêtes d’opinion, l’ex-premier ministre arriverait en tête au premier tour, mais serait battu au second par Benoît Hamon, en forte progression, ou par Arnaud Montebourg, selon un sondage BVA-Salesforce publié hier, avec une marge d’incertitude frôlant les 5 points. L’ancien hôte de Matignon s’est jusqu’ici cantonné dans le rôle d’un candidat « qui a gouverné », qui veut « une société avec des interdits », comme le cannabis. Il sait combien aussi il suscite du rejet, plus signifiant chez l’auditeur qui hier matin s’est invité sur France Inter pour lancer « Moi je pense que, la claque, on est 66 millions à vouloir te la mettre » que dans la gifle reçue à Lamballe d’un jeune proche de l’extrême droite.

Vincent Peillon appelle à se méfier des sondages

Valls va-t-il, comme lors du débat de dimanche dernier, concentrer les critiques de ses adversaires ? En progression, tout comme Arnaud Montebourg, désormais en tête de la cote de popularité de l’Ifop, Benoît Hamon risque d’être à son tour contesté. Vincent Peillon a ainsi regretté qu’on « ait passé un mois et demi de campagne sur des thèmes qui n’ont pas de sens », citant le revenu universel proposé par celui qui a été son successeur au ministère de l’Éducation. « Pourquoi préfère-t-on parler de ça que de mon service public des personnes âgées, que du reste à vivre fiscal, que de la proportionnelle, que du couple franco-allemand, que de la stratégie de finance publique ? » s’est emporté celui qui s’est invité in extremis dans la primaire et qui, après Anne Hidalgo, a vu arriver le soutien d’un proche de Hollande, Julien Dray. Peillon, dans une sortie inédite chez lui, a appelé à « ne pas se laisser voler » le scrutin par les « sondeurs » et les « commentateurs » subordonnés à leurs « actionnaires » : ce soir, chacun jettera ses dernières forces dans la bataille.

Des élus PS de Lyon rallient Macron et appellent le futur candidat socialiste à faire de même

Ils sont une cinquantaine d’élus et militants PS rhodaniens à avoir signé une tribune de soutien à l’ancien ministre de l’Économie pour la présidentielle. Au côté de leur sénateur et maire de Lyon, Gérard Collomb, engagé de longue date auprès d’Emmanuel Macron, ils annoncent qu’ils ne participeront pas à la primaire organisée par leur parti. Vantant les « cohérence » et la « dynamique » de leur poulain, ils invitent les « militants socialistes » et les « Français de gauche » à se « retrouver dès après la primaire » autour de lui. « Chacun sait bien qu’il n’existe aucune chance pour un candidat sorti de la primaire non seulement de l’emporter mais même d’être présent au second tour », arguent-ils. Sur le même argument, Gérard Collomb, sur BFMTV hier, a d’ores et déjà appelé le futur candidat PS à se retirer au profit d’Emmanuel Macron. « Je pense même qu’il le fera naturellement », a-t-il insisté.