lundi 22 août 2016

Arnaud Montebourg : 25 propositions et autant de contradictions

Arnaud Montebourg : 25 propositions et autant de contradictions

Gérard Le Puill
Lundi, 22 Août, 2016
Humanite.fr

 

AFP
L’ancien candidat à la primaire socialiste de 2011, qui avait obtenu 17% des suffrages au premier tour avant d’appeler pour François Hollande au second contre Martine Aubry,  a décliné dimanche sa feuille de route pour l’élection présidentielle de 2017 dans un discours truffé de contradictions et de propositions souvent très approximatives. Il refuse de dire pour l’instant  s’il inscrira cette candidature dans le cadre de  la «Belle alliance » du Parti  socialiste.
Arnaud Montebourg avait soigneusement  préparé son plan de communication pour annoncer sa candidature  à l’élection présidentielle de 2017 lors  de l’annuelle fête champêtre de Frangy-en-Bresse. Le Journal du Dimanche avait balisé le terrain en révélant quelques propositions contenues dans  discours  que l’ancien président du Conseil général  de Saône-et-Loire devait prononcer  quelques heures plus tard. BFMTV  avait fait le choix de la retransmission  intégrale du discours de l’ancien ministre de François Hollande, lequel  n’en finissait pas  d’enlever et de remettre ses lunettes tandis que les personnes présentes à la tribune avaient été sélectionnées  pour leur jeunesse , leurs  origines  suffisamment diverses pour  représenter notre France métissée,  certaines  ayant  choisi une tenue vestimentaire  qui  rappelait la promotion de la marinière  d’une entreprise bretonne du textile par Montebourg  du temps où il était ministre dans les gouvernements dirigés par Jean-Marc  Ayrault, puis par  Manuel Valls.
A propos du passage de Montebourg  au gouvernement, le Journal du Dimanche, avait pris soin de solliciter un entretien auprès de Jean-Christophe Cambadélis. Le premier secrétaire du PS  a pu ainsi  commenter  la déclaration de candidature de son camarade de parti en affirmant que « la présidentielle ce n’est pas la chasse au Pokémon »  avant d’évoquer  quelques vérités qui  dérangent Montebourg  en ces termes: « Pourquoi a-t-il choisi François Hollande  plutôt que Martine Aubry  à la primaire de 2011?  Pourquoi lui,   le « démondialisateur»,  le  keynésien, a-t-il  avalé tout cru le traité européen   et le pacte de responsabilité ? Pourquoi a-t-il choisi Manuel Valls (en contribuant à provoquer le limogeage de Jean-Marc Ayrault, NDLR) … L’ambiguïté est là», selon Cambadélis.
Elle n’est pas que là, à écouter  le discours prononcé par  l’ancien ministre de l’Economie  et du redressement productif à Frangy-en-Bresse. Alors  qu’il intervenait dans un département agricole  malmené par la crise de l’élevage du fait d’une  politique européenne qui ne cesse  de négocier des accords de libre échange  sur les dos des paysans , Montebourg le « démondialisateur » n’a pas eu un seul mot  pour dénoncer cette politique ruineuse pour les éleveurs.
Alors  que, chaque mois depuis la Cop 21, les records de chaleur  en France et dans le monde  nous indiquent qu’il y a urgence  à repenser le fonctionnement de l’économie  pour freiner le réchauffement climatique, Arnaud Montebourg continue de faire comme si ces enjeux n’existaient  pas. Certes, il s’est prononcé pour le « lancement d’un programme de  rénovation thermique  des bâtiments publics qui serait financé  par la Caisse  des Dépôts », nous dit  le JDD.  Mais c’est juste pour créer des emplois. Puis, tout comme  Nicolas Sarkozy avant lui, il prévoit « un dispositif  d’aide à l’acquisition  pour que les 4,5 millions  de locataires d’un logement  social  puissent en devenir propriétaires avec une baisse  de 50%  par  rapport au prix du marché». On peut alors se demander combien de temps prendra, pour le coup, la rénovation thermique des HLM par les nouveaux propriétaires,  comme par les bailleurs sociaux  ainsi dépouillés d’une  une partie de leur patrimoine  cédé à vil prix. D’autant que beaucoup d’immeubles deviendront  mixtes dans cette affaire.
Le JDD nous dit  que les 25 propositions de Montebourg  ont été travaillées par 7.000 artisans du projet  et validées  par 200.000 personnes qui ont voté leur pertinence. Il nous dit aussi  que Michel Aglietta , Mathieu Plane et Jean-Paul Fitoussi  « tous d’obédience keynésienne  ont travaillé tout l’été avec lui ». On imagine que des mesures  comme  10 à 20% de l’épargne  réservée aux PME qui recevraient aussi pendant 8 ans 80%  des marchés publics de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux  contenues  dans les 25 propositions de Montebourg sont sorties de quelques cerveaux d’économistes du sérail, ce qui ne veut pas dire qu’elles seront faciles à mettre en œuvre. D’autant que Montebourg  envisage seulement  l’éventuelle nationalisation d’une seule banque tandis qu’il promet  à la Commission européenne  dans son discours de Frangy  que la France paiera  toutes les amendes que lui infligera Bruxelles  pour non respect des règles de  la concurrence au sein de l’Union. Il est pour le moins curieux que le candidat qui demande aux Français « un mandat  de dépassement  des traités européen  et de refondation de l’Union  européenne » commence  par dire qu’il fera payer par la France sous forme de lourdes amendes  le prix de sa rébellion verbale!
Si l’on ajoute à cela les baisses d’impôts  promises à certaines  catégories de contribuables pour ramener leur contribution au niveau de 2011 et la désignation de 100 sénateurs  par  tirage au sort dans le cadre d’une réduction importante du nombre de députés et de sénateurs,   nous voyons bien qu’ Arnaud  Montebourg est davantage dans une posture électoraliste de candidat attrape tout que dans la recherche d’un projet cohérent pour sortir le pays de la crise.

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