lundi 31 octobre 2016

Espagne: Rajoy revient au pouvoir à cause du PSOE

Espagne: Rajoy revient au pouvoir à cause du PSOE

Dimanche, 30 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
Photo : Pierre-Philippe Marcou/AFP
Le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a été reconduit samedi soir, malgré une absence de majorité au parlement, des scandales de corruption et cinq années d'austérité qui ont plombé ce pays aux 20 % de chômeurs.
Ce n'est que grâce à l'abstention des députés socialistes que Rajoy a finalement pu reprendre la tête du pays, sans majorité absolue au parlement.
Rajoy a été élu avec 170 voix pour de son Parti populaire et des centristes, mais aussi et surtout grâce à l'abstention cruciale de 68 élus socialistes, qui s'y sont résignés en dépit de mots durs du porte-parole du PSOE Antonio Hernando contre ses "odieuses réformes" libérales.
Les autres 111 députés essentiellement l'alliance Izquierda Unida – Podemos, avec des indépendantistes et nationalistes catalans et basques, ont voté contre et dénoncé la "trahison" socialiste.
"Ne vous attendez pas à ce que je porte atteinte à la reprise économique et aux créations d'emplois", a toutefois prévenu Rajoy, au pouvoir depuis 2011. "Il n'y a aucun sens à revenir sur toutes les réformes". "On ne peut exiger que je gouverne et que je trahisse mon programme, qui a recueilli le plus grand nombre de voix de la part des Espagnols", a-t-il estimé, ajoutant que les députés qui avaient pour lui devaient "assumer les conséquences de cet acte". La rigueur va se poursuivre avec 5,5 milliards d'économies promises à Bruxelles. Une rigueur contestée à gauche, car elle plombe le taux de chômage qui stagne à 18,9%.
"J'annoncerai le gouvernement jeudi après-midi, et ils (ses membres) seront investis vendredi dans leurs fonctions. Je me suis déjà entretenu avec Sa Majesté le roi (Felipe VI)", a dit Mariano Rajoy à la presse à l'issue du vote parlementaire.
Pendant ce temps non loin du Congrès, plusieurs milliers d'Espagnols de gauche manifestaient contre "ce coup à la démocratie" porté par l'establishment du PP et du PSOE, drapeaux républicains rouge, jaune et violet, ondoyant à la tombée de la nuit. "Nous aurons le même gouvernement que ces quatre dernières années, qui a été néfaste pour l'Espagne", déclarait à l'AFP Carmen Lopez, 65 ans, informaticienne à la retraite. "Je ne suis pas d'accord".
Un "coup de la mafia", résume un tract où  Rajoy est présenté avec un chapeau de gangster, revolver à la main.
Samedi à la mi-journée Pedro Sanchez, ancien dirigeant socialiste, a annoncé au bord des larmes qu'il quittait son poste de député, refusant la consigne d'abstention décidée par la direction intérimaire du parti pour permettre au PP de gouverner et éviter des élections. Une quinzaine de députés socialistes proches de Sanchez ont d'ailleurs brisé la discipline, votant "non" à Rajoy samedi soir.
. L’abdication du PSOE a un mérite, celui de clarifier les choses : aujourd’hui, la coalition Unidos Podemos (Podemos, Izquierda Unida, Equo…) devient définitivement la seule véritable alternative progressiste et la seule opposition de gauche en Espagne. Emilio Fernandez, rédacteur à « La Tribuna », d’Albacete, conclu : « Les deux principaux vainqueurs de cette crise sont Rajoy, qui s’affirme comme le seul recours pour les forces conservatrices et Unidos Podemos. à terme, un futur scrutin aura lieu et la coalition, en appliquant une bonne stratégie, peut déborder le PSOE par la gauche et récupérer de nombreux militants qui se sentent trahis par le coup d’état contre Sanchez. »

Islande: la coalition de gauche n’a pas la majorité

Islande: la coalition de gauche n’a pas la majorité

Dimanche, 30 Octobre, 2016
Humanite.fr
 
Débat télévisé entre les candidats islandais
Débat télévisé entre les candidats islandais
Reuters
La bulle qui portait les Pirates a éclaté. Arrivée troisième, avec plusieurs points de moins qu’escompté, cette jeune formation ne devrait pas permettre à la coalition de gauche, malgré le bon score du parti gauche-verts, d'atteindre les 32 sièges nécessaires pour gouverner.
Quatre partis avaient ont scellé un accord pré-électoral de gouvernement. Gauche-verts, parti antilibéral, composé notamment d’anciens communistes acquis à la cause écologique,  arrive en deuxième position et devrait obtenir 11 sièges au parlement. Les Pirates, assemblée de hackers, militants écolos ou libertaires, arrivent troisième, autour de 14 %, soit 6 % de moins que ce que certains sondages pré-électoraux annonçaient. Ils n’apporteront  que 9 sièges à la coalition. Les sociaux-démocrates devraient avoir 5 députés et 4 pour Avenir radieux, soit 29 sièges en tout, insuffisant pour atteindre la majorité, soit 32 sièges sur 63.
La droite au pouvoir quasiment sans discontinuer depuis 87 ans, le parti de l’Indépendance fait tout de même 28% et devrait obtenir selon les résultats encore partiels, une vingtaine de sièges. Bien que mouillés jusqu'au cou par le scandale des Panama Papers, les conservateurs ont fêté leur première place dans un hôtel de luxe réservé par le ministre des finances, lui-même accusé de détenir une société offshore... Parmi les noms des 600 Islandais détenteurs de comptes offshores - un record mondial rapporté aux 332.000 habitants - figurent ceux de deux ministres en plus du chef du gouvernement. Ce dernier avait démissionné mais le cabinet s'était maintenu, à peine remanié, promettant des élections à l'automne six mois avant l'échéance régulière. Les "Panama Papers" ont aussi emporté le président Olafur Ragnar Grimsson qui a renoncé à briguer un sixième mandat, le nom de son épouse apparaissant sur les listes.
Le parti de l’Indépendance et son allié libéral du Parti du Progrès arriveraient aussi à 29 sièges. Ils auront la majorité si le nouveau parti eurosceptique de droite, Redressement, se range à leur côté.
Les tractations pourraient durer des jours, voire des semaines, pour obtenir les 32 sièges nécessaires sur les 63 à l'Althingi, le Parlement monocaméral de la République islandaise.

Daech, comme les charognards, ne lâche pas ses proies

Daech, comme les charognards, ne lâche pas ses proies

 
Sur la route circulent des dizaines de voitures, de pick-up et de camionnettes où s’entassent et s’empilent femmes, enfants et vieillards.
Sur la route circulent des dizaines de voitures, de pick-up et de camionnettes où s’entassent et s’empilent femmes, enfants et vieillards.
Photo : AFP
Reportage de notre envoyé spécial. Les forces irakiennes se massent autour de Mossoul. La partie ouest de la ville est jusqu’à présent dégarnie. C’est la route qui mène vers la Syrie et Raqqa. La Turquie se dit prête à mener une opération terrestre en Irak. Affaiblis, les djihadistes gardent leur pouvoir de nuisance. Nord de l’Irak, envoyé spécial.
Une partie des forces irakiennes n’est plus qu’à quelques kilomètres de certains faubourgs de Mossoul. Les peshmergas kurdes sont à l’est. Mais les djihadistes peuvent encore s’échapper par l’ouest pour tenter de rejoindre la Syrie. À moins que des renforts n’arrivent de Raqqa. « On a observé des transferts de combattants depuis la Syrie vers l’Irak, plutôt que l’inverse », a affirmé une source de l’entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Les unités paramilitaires chiites de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), eux, veulent fermer cette route. Un officier peshmerga a révélé à l’Humanité que les conseillers militaires américains ont refusé de lui dire pourquoi l’ouest de Mossoul n’était pas bouclé. Daech mène encore des opérations dans différentes villes, comme à Kirkouk et Sinjar, au nord de l’Irak, mais également à Routba, à 450 km au sud-ouest de Bagdad.
Lentement mais pas vraiment sûrement, les forces irakiennes se dirigent vers Mossoul. Elles viennent du sud et se trouveraient maintenant à moins de trente kilomètres de la deuxième ville du pays. Mais des unités plus avancées, sur le flanc est de Mossoul, ont progressé plus rapidement que prévu. « Sur notre front, nous sommes désormais à cinq ou six kilomètres de Mossoul, affirme le général Abdelghani Al Assadi, le commandant des unités d’élite du contre-terrorisme (CTS) irakien. Nous devons maintenant nous concerter avec les forces des autres fronts pour lancer un assaut coordonné sur Mossoul. » Cet assaut aura-t-il lieu dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines ? Nul ne le sait. Car il ne suffit pas d’avancer, encore faut-il sécuriser les zones. Les combattants de Daech, comme des charognards, ne lâchent pas facilement leurs proies. Pour preuve ce qui s’est passé il y a quelques jours : les forces irakiennes avaient dépassé plusieurs villages vidés de leurs habitants mais les djihadistes, profitant du vide laissé, ont pris à rebours les soldats de Bagdad.

« S’assurer qu’il n’y a plus de terroristes ni d’engins piégés »

Au Nord-Est, les peshmergas kurdes tiennent leurs positions mais semblent ne pas vouloir avancer au-delà des frontières du Kurdistan irakien. C’est par exemple le cas autour de la ville de Makhmour, certes plus éloignée de Mossoul – plusieurs dizaines de kilomètres – mais encore menacée par les djihadistes il y a cinq jours. Sur un des postes avancés des peshmergas, le silence est d’ailleurs impressionnant. Le colonel Maadi laisse même échapper un sourire qui soulève son épaisse moustache. Un calme qu’il savoure mais qu’il sait encore tout relatif. Sur la butte de défense, il montre la longue plaine qui s’étend à perte de vue et les petites villes qui semblent des champignons. « Elles sont toutes vides, car les habitants sont venus se réfugier dans les camps spécialement installés à Makhmour, précise-t-il. Mais ils ne vont pas tarder à regagner leurs maisons. » De fait, on croise sur la route des dizaines de voitures, de pick-up, de camionnettes où s’entassent et s’empilent femmes, enfants, vieillards, matelas, réfrigérateurs, télévisions, lits… Tous disent leur joie de retrouver leur foyer même si une certaine crainte se lit encore dans leurs yeux.
« Nous n’allons pas dans ces petites villes, précise le colonel Maadi. Ce sont des populations arabes et la présence de Kurdes pourrait provoquer des frictions. Daech le sait bien et essaie d’en profiter. Les forces fédérales sont passées et sont censées faire le “nettoyage”, c’est-à-dire s’assurer qu’il n’y a plus de terroristes ni d’engins piégés. » Ces derniers jours, les peshmergas ont néanmoins essuyé plusieurs attaques de djihadistes. « Ils arrivent en commando, se divisent en petits groupes et tentent de passer. Nous avons réussi à en arrêter », se réjouit notre officier.
Mossoul est donc pratiquement encerclée. Pratiquement, sauf à l’ouest. C’est là que le bât blesse. Certains conseillers militaires de la coalition dirigée par les États-Unis laissent entendre que c’est un fait exprès. Si des colonnes de djihadistes ou si des mouvements étaient repérés, des frappes seraient programmées. Voir ! Car la route mène vers la petite ville de Ba’aj, au sud du Sinjar, frontalière avec la Syrie. Si cette route n’est pas contrôlée, la circulation des djihadistes pourrait très bien se faire dans les deux sens : de Mossoul vers Raqqa ou de Raqqa vers Mossoul. Ce ne sont pas que des supputations.

Malgré les pertes et les revers, les djihadistes nuisent toujours

« À ce stade, on a observé des transferts de combattants depuis la Syrie vers l’Irak, plutôt que l’inverse », a affirmé une source de l’entourage de Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, d’après l’AFP, qui a évoqué l’arrivée de « quelques centaines » de djihadistes au cours de ces derniers jours. « Il y a donc la possibilité d’un scénario où Daech tente de résister le plus possible. » Il est maintenant pratiquement certain que la plupart des cadres de Daech ont quitté Mossoul, très certainement durant l’été. Des groupes ont également essaimé pour mener des attaques dans le pays.
On a pu le voir la semaine dernière à Kirkouk et à Sinjar, au nord de l’Irak, mais également à Routba, à 450 km au sud-ouest de Bagdad, sur la route menant en Jordanie. C’est dire que, malgré les pertes et les revers, les djihadistes possèdent toujours une capacité de nuisance qui viserait également à diviser encore les populations irakiennes. À Kirkouk, des familles arabes sunnites viennent d’être expulsées, comme pour marquer la défiance des Kurdes.
L’ouest de Mossoul, donc, qui n’est pas sans inquiéter. « J’ai personnellement posé la question à un conseiller militaire américain lors d’une réunion de savoir pourquoi on ne bouclait pas le siège de cette ville », révèle à l’Humanité un officier supérieur peshmerga qui ne veut pas que son nom soit cité. « Il n’a pas répondu. » Mais depuis hier cette question qui taraude beaucoup de combattants commence à avoir un début de réponse. Les unités paramilitaires chiites de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) ont en effet reçu l’ordre de couper l’accès entre Mossoul et la Syrie. « Notre mission est d’empêcher la fuite (de Daech) vers la Syrie et d’isoler totalement Mossoul de la Syrie, a expliqué Jawad Al Tulaibawi, porte-parole des milices d’Asaib Ahl al-Haq. Nous nous attendons à une bataille violente et difficile. » Ces puissantes milices chiites qui ont joué un rôle clé contre Daech veulent également libérer la ville de Tal Afar, à l’ouest de Mossoul, qui était majoritairement peuplée de chiites avant sa conquête par les djihadistes sunnites de l’EI en 2014.

L’éventualité d’une opération terrestre turque

Et puis, il y a la Turquie, qui joue un drôle de jeu. « S’il y a une menace contre la Turquie, nous utiliserons tous nos moyens, y compris une opération terrestre, (...) pour éliminer cette menace », a déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, interrogé sur l’éventualité d’une opération terrestre turque, depuis sa base de Bachiqa, dans le nord de l’Irak. « C’est notre droit le plus naturel », a-t-il ajouté. Rappelant que la Turquie avait lancé en août une opération terrestre contre Daech dans le nord de la Syrie, il a affirmé que son pays était prêt à faire de même en Irak. « Si, à Sinjar ou dans d’autres régions (irakiennes), la menace de l’“État islamique” se renforce, alors nous utiliserons toute notre force », a-t-il dit. Pourtant, lorsque les djihadistes sont entrés au Sinjar en 2014, massacrant des milliers de yezidis, Ankara n’a pas élevé la moindre protestation. En réalité, la Turquie se positionne dans le cadre de l’après-Mossoul et pourrait en profiter pour éradiquer les bases du PKK en Irak, notamment au mont Kandil.
Les ministres de la Défense de 13 pays de la coalition, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada et l’Australie, réunis mardi à Paris, ont annoncé le début des « préparatifs pour isoler Raqqa », selon le mot du secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, et Le Drian a évoqué la « concomitance » des opérations prévues en Irak et en Syrie. Les ondes de choc seront sans doute terribles. Mais pour l’heure, sur sa butte, le colonel peshmerga Maadi est comme sœur Anne. Il ne voit (plus) rien venir.

Olivier Dartigolles. Le PCF "veut le rassemblement plus que tout"

Olivier Dartigolles. Le PCF "veut le rassemblement plus que tout"

avec afp
Lundi, 31 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste français, "A chaque fois que - le PCF -a été le plus utile à notre pays c'est quand il a construit le rassemblement".
 
Interrogé sur la stratégie du PCF en vue de l'élection présidentielle, il a précisé que "Le Parti communiste n'attendra pas le résultat de la primaire socialiste pour s'engager dans la campagne. On n'attend pas la fumée blanche. Mais c'est un fait d'évidence que si jamais Arnaud Montebourg gagne la primaire socialiste alors qu'elle a été conçue, préparée, cadenassée pour sauver le soldat Hollande, ce sera un élément nouveau dans le paysage politique".
"Nous, ce que nous souhaitons, c'est que Jean-Luc Mélenchon et sa nouvelle organisation La France insoumise puissent travailler avec les organisations du Front de gauche, avec l'écologie politique, avec les socialistes en rupture avec la politique gouvernementale. Que tout ce monde là se mette de nouveau autour de la table pour réfléchir à des batailles communes". "Nous avons eu la sagesse à ce stade de ne pas ajouter de candidats à la foule de candidats car nous voulons le rassemblement plus que tout". "A chaque fois que notre parti a été le plus utile à notre pays c'est quand il a construit le rassemblement".

François Fillon veut serrer de plusieurs crans la ceinture du petit peuple

François Fillon veut serrer de plusieurs crans la ceinture du petit peuple

gérard le puil
Vendredi, 28 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
« Je demande aux Français de travailler un peu plus », a affirmé François Fillon. Sans pour autant augmenter le salaire mensuel à proportion du travail supplémentaire fourni, a-t-il tenu à préciser...
« Je demande aux Français de travailler un peu plus », a affirmé François Fillon. Sans pour autant augmenter le salaire mensuel à proportion du travail supplémentaire fourni, a-t-il tenu à préciser...
Photo : AFP
Souvent ennuyeux, toujours réactionnaire, bon avec les riches et dur avec tous les autres, à commencer par les plus pauvres, François Fillon était hier soir l’invité de « L’émission politique de France 2 » Cet homme qui fut collaborateur d’un député à 22 ans, puis député à 27 ans suite au décès de son mentor a toujours vécu de la politique. Il a été plusieurs fois ministre dans des gouvernements de droite avant que Sarkozy ne l’installe à Matignon de 2007 à 2012. Hier soir, il a tenté de convaincre les téléspectateurs que l’on peut faire du neuf avec cette vieille recette qu’est la surexploitation des travailleurs.
Les téléspectateurs qui ont regardé François Fillon hier soir à « L’émission politique » de France 2 ont pu voir un homme très à droite. Il a présenté , redisant son opposition par « conviction personnelle » au mariage pour tous, défendant devant les cheminots CGT de la gare de Lyon à Paris le principe de la retraite à 65 ans pour tous, quelles que soit la nature du travail, ajoutant même que le conducteurs de trains peuvent toujours changer de travail à partir d’un certain âge. Fillon veut en finir avec les 35 heures et fixer à 39 heures la durée légale minimale de la semaine de travail. Sans pour autant augmenter le salaire mensuel à proportion du travail supplémentaire fourni, a-t-il tenu à préciser. Parmi les arguments avancés par l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy figure le fait que des gens travailleraient  aujourd’hui entre 70 et 80 heures par semaine en France. Et qu’il s’agirait là d’un exemple à suivre pour réduire les inégalités dans un processus de surexploitation pout tous, sauf pour les exploiteurs.
François Fillon, comme Sarkozy, Juppé et Le Maire avant lui dans cette même émission, s’est  prononcé pour la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Mais comme il faut malgré tout faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, il veut augmenter la TVA de 2%. C’est le plus sûr moyen de faire payer les pauvres à la place des riches. Ce que n’a pas manqué de lui faire remarquer François Lenglet, notant que « le cran de la ceinture n’est pas le même pour tout le monde ». Lenglet est très heureux, semble-t-il, de défendre dans cette seule émission des positions peu en phase avec celles qu’il avance généralement dans les journaux télévisés de France 2, lesquelles sont généralement beaucoup plus proches des idées et des intérêts du MEDEF.

500 000 chômeurs supplémentaires durant les 5 années où Fillon était Premier ministre

Bref, aux yeux de Fillon, l’austérité salariale et le recul de l’âge donnant droit à la retraite seraient le meilleur moyen de créer des emplois. On en oublierait que le nombre de chômeurs en catégorie A augmenta de plus de 500 000 personnes durant les cinq années qu’il passa à Matignon de 2007 à 2012. Et a continué de progresser à un rythme à peine supérieur sous la présidence de François Hollande, lequel promettait d’en inverser la courbe dès la fin de l’année 2012, puis avant la fin de l’année 2013, puis, peut-être en toute fin de mandat en mettant beaucoup de chômeurs en stage pour quelques mois, ce qui revient à trafiquer le thermomètre pour faire baisser la fièvre.
Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la dernière note de conjoncture de l’INSEE nous dit ce matin que le Produit intérieur brut (PIB) de la France a augmenté de seulement 0,2% au troisième trimestre 2016 après un recul de 0,1% au second trimestre. Plus grave encore, c’est la croissance de 0,4% des services, non créateurs de richesses richesse matérielles, qui porte cette moyenne, alors que la production de bien matériels recule de 0,1% après un recul de 0,7% au second trimestre. Il s’agit donc d’une croissance molle et malsaine de surcroît.
L’explication que donne la note de conjoncture de l’INSEE  est limpide : « Au troisième trimestre 2016, les dépenses de consommation des ménages continuent de stagner. Elles rebondissent modérément dans les services (+ 0,3% après -0,2%) tandis qu’elles reculent dans les biens (-0,5%  après + 0,1%). Qu’en serait-il alors si on avait appliqué la recette de  Fillon consistant à augmenter les prix des biens de 2% via une augmentation de deux points de TVA ? Comment le chômage diminuerait-il dans ces conditions avec, en plus une augmentation de la durée hebdomadaire de travail de quatre heures aboutissant à ce que neuf personnes fassent le travail de dix sans que toutes les heures faites en plus ne soient payées comme l’a laisser entendre François Fillon hier soir ?
Notons encore que le jour ou François Fillon a plaidé à son tour pour la suppression de l’ISF suite au même plaidoyer de Sarkozy, Juppé et Le Maire, un sondage Odoxa publié par  « Aujourd’hui en France » a posé à un panel d’électeurs la question suivante : «  S’agissant de l’impôt sur la fortune, souhaitez-vous que cet impôt soit maintenu tel qu’il est, renforcé en augmentant ses taux d’imposition ou en abaissant le seuil, ou supprimé ? ». La réponse ses sondés est claire : 42% souhaitent que cet impôt soit conservé tel qu’il est aujourd’hui ; 30% souhaitent qu’il soit renforcé, soit un total de 72%. Seulement 28% disent souhaiter sa suppression. Même les électeurs des candidats de la droite pour l’élection présidentielle sont majoritairement pour le maintien de cet impôt.
Tout commentaire semble ici superflu !

Guerre de tranchée sur des commérages dans un bac à sable

Guerre de tranchée sur des commérages dans un bac à sable

Gérard le Puill
Lundi, 31 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
Photo Lionel Bonaventure / AFP
Une Tribune de de Gérard Le Puill. A quel niveau de décrépitude le débat politique est susceptible de tomber sous la présidence de François Hollande ? De la critique du comportement du chef de l’Etat faite par son Premier ministre jeudi, au « recadrage » soft du président le lendemain avant d’arriver aux commentaires de Stéphane le Foll puis à la réplique Manuel Valls le dimanche, nous avons assisté à une caricature de débat qui ridiculise les décideurs politiques en charge des affaires du pays.
J’étais en déplacement dans le Jura vendredi soir, puis à Chambéry dans le cadre de la fête départementale des communistes de Savoie. J’ai ainsi animé deux débats sur les enjeux climatiques à l’approche de la Cop 22 qui doit débuter le 8 novembre à Marrakech. J’ai pu constater une fois de plus que la prise de conscience grandit chez les citoyens quant à la nécessité d’agir sans attendre pour freiner le réchauffement climatique. Je suis revenu ce matin dans les locaux de l’Humanité pour découvrir en lisant les journaux que le débat entre les membres du gouvernement ne portait nullement sur ce sujet pas plus que l’emploi et la volonté du patronat de fermer des usines. C’est de ce second sujet qu’un militant de la CGT , invité à s’exprimer dans le cadre de cette fête des Allobroges très fréquenté »e cette année à Chambéry , nous a donné un aperçu en évoquant dans son département des exemples d’achats d’entreprises par des multinationales avec la volonté de les fermer pour aller produire dans des pays à bas coûts d main d’œuvre . Ce qui, au-delà des pertes d’emplois dans notre pays , débouche aussi sur un doublement du bilan carbone de ces productions délocalisées du fait que l’on casse une usine ici quand il faut en monter une autre ailleurs pour produire la même chose. Mais en se disant, du côté patronal, que l’essentiel est de faire plus de profits dès lors que les salaires sont cinq à dix fois plus bas dans le pays où la production est délocalisée.
A Chambéry aussi, Alain et Eric Bocquet ont débattu devant une salle de 200 personnes avec le sénateur de droite Michel Bouvard sur les moyens à mettre en place pour combattre la fraude fiscale estimée à entre 60 et 100 milliards d’euros par an pour la France à partir des commissions d’enquêtes auxquelles ils ont participé comme député concernant Alain , comme sénateur pour ce qui est d’Eric. Ils en ont fait un livre qui s’est déjà vendu à plus de 8.000 exemplaires en libraire(1). Un livre auquel le quotidien Le Monde consacre une critique dan son édition des 30 et 31 octobre.
 
C’est donc en rentrant chez moi, le dimanche soir vers minuit, que j’ai appris en suivant une chaîne d’info en continu ce qui faisait débat durant le week-end dans les salles de rédaction. Il s’agissait de la polémique entre Manuel Valls et les derniers soutiens de soutiens de François Hollande. C’était même devenu une guerre de tranchée … dans un bac à sable, là où jouent habituellement les enfants de un à cinq ans. Mais pour saisir la logique des échanges de ce week-end, il faut remonter au jeudi 27 octobre.
Ce jour là, dans le Falcon où il avait pris place avec des journalistes qui l’accompagnaient en Gironde, le premier ministre avait évoqué la « colère » et la « honte » qu’il avait ressenties en lisant certains propos tenus par François Hollande dans le livre de confidences confiées à deux journalistes du Monde sur plus de 600 pages (2). Valls disait aussi que le contenu de ce livre avait « provoqué un abattement chez les parlementaires socialistes » et « agi comme un révélateur » de l’impossibilité pour Hollande d’être candidat pour un second mandat à l’Elysée. Le Premier ministre disait encore qu’il faut savoir « nommer les choses » ajoutant à partir de là : « à cause de la situation politique actuelle, j’ai le sentiment d’avoir une responsabilité afin qu’on sorte le mieux possible de cette période très périlleuse(…) Il faut être responsable, loyal bien sûr vis-à-vis de ma famille politique, je le suis. Mais il faut être lucide et la franchise est utile parfois. Il y a un malaise. On ne fera pas taire les gens de gauche qui s’interrogent sur l’avenir ».
 
Le lendemain, le président de la République répliqua à sa manière, c'est-à-dire à demi-mots en disant ceci : « chacun doit être à sa tâche, moi je suis à la mienne, le Premier ministre aussi». Mais ce n’était pas suffisant pour mettre fin à l’expression des doutes chez les parlementaires socialistes. Député des Hauts de Seine, Sébastien Pietrasanta confiait au Parisien du 29 octobre à propos de François Hollande : « depuis 2012, j’ai voté tous les textes sauf l’article sur la déchéance de nationalité l’hiver dernier. Je suis ce qu’on appelle un député légitimiste, et il était notre candidat naturel. Mais avec ce livre, le président à tout cassé… ». D’autres se sont exprimés de manière encore plus virulente dans la presse, mais sous couvert d’anonymat.
 
Voilà pourquoi Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte parole du gouvernement- mais longtemps collaborateur principal de François Hollande quand ce dernier était le premier secrétaire du PS- avait été chargé de circonscrire l’incendie en insistant sur l’autorité légitime du chef au Grand Rendez-Vous Europe1-Les Echos -I-Télé. Le Foll a donc déclaré ceci : « Le patron, jusqu’à nouvel ordre, c’est le président de la République. Il a été élu. Le patron qui a été élu en 2012, c’est François Hollande», a-t-il martelé avant d’être interrogé sur l’emploi du mot « honte » pas Manuel Valls. « Je n’ai pas senti de honte chez les militants. C’est clair», ajouté le pompier volant du président.
Mais cette sortie a conduit Manuel Valls à faire un nouveau commentaire, dimanche, depuis Abidjan, dernière étape de son voyage du week-end en Afrique : « Quand on est responsable politique aujourd’hui, il ne faut pas être dans le bac à sable, il ne faut pas être dans les petites querelles, il faut voir grand pour son pays. Très grand ». 
 
Voilà : Le Premier ministre, qui a ses propres motivations, a cru devoir dire ça pour tirer une sorte de conclusion définitive des confidences faites par un capitaine de pédalo devenu président de la République et qui , si on a bien compris les querelles politiciennes de ce week-end, s’est finalement envasé dans un bac à sable en fin de mandat pour avoir trop commenté son action et celle de ses ministres par des propos que l’on qualifiait naguère de commérages.

Colonialisme. Elie Domota: «Ma réponse à François Fillon»

Colonialisme. Elie Domota: «Ma réponse à François Fillon»

Entretien réalisé par Sébastien Crépel
Vendredi, 28 Octobre, 2016
Humanite.fr

domota.jpg

"Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux"
"Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux"
Photo : Lionel Bonaventure /AFP
Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota expose dans l’Humanité ce qu’il n’a pas pu dire au candidat à la primaire de la droite sur France 2, jeudi soir, après les déclarations de l’ancien premier ministre évoquant un « partage de culture » à propos de la colonisation.
Invité ce jeudi soir à s’exprimer sur France 2 en direct depuis la Guadeloupe pour apporter la contradiction à François Fillon dans l’Emission politique, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) Elie Domota n’a pas pu développer son argumentation face au candidat à la primaire de la droite et du centre, la chaîne l'empêchant de s'expliquer jusqu'au bout. Cela est d'autant plus regrettable qu'il accusait l’ancien premier ministre d’avoir tenu des « propos racistes » dans son discours à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), le 28 août. L’Humanité a contacté l’ancien animateur de la grève générale de 2009 en Guadeloupe pour lui proposer d’exposer dans nos colonnes ce qu’il n’a pas pu dire à l’ancien premier ministre.
Vous avez accusé jeudi François Fillon d’avoir tenu des propos racistes quand il a déclaré à Sablé-sur-Sarthe, le 28 août : « La France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord », mais les téléspectateurs de France 2 n’ont pas pu entendre la fin de votre réponse. Qu’entendez-vous par là ?
Elie Domota
Lors de la préparation de l’émission, France 2 m’avait assuré que je disposerais d’un temps de parole pour développer mes arguments, mais cela n’a pas été le cas. Ce que je voulais dire à François Fillon, c’est que ces propos sont tenus par trop de responsables politiques. Il faut rappeler qu’en 1635, lorsque des mercenaires sont envoyés par Richelieu, ils ont pour mission de coloniser la Guadeloupe et la Martinique. Il s’ensuit une longue décennie d’assassinats, de viols de meurtres et de massacres des Indiens sur l’île. C’est comme cela que le royaume de France est devenu propriétaire de la Guadeloupe, par le sang et par le meurtre. François Fillon appelle cela le « partage de la culture » ; moi, j’appelle cela conquête coloniale, meurtre et vol des terres. La France est alors allée chercher des Africains pour les déporter et les réduire en esclavage durant 400 ans. Toujours en vertu du « partage de la culture » selon M. Fillon, ont ensuite été organisés de véritables « élevages de nègres » pour en finir avec les révoltes d’esclaves, car Il est plus facile de dominer un être humain dès la naissance que de dominer un adulte qui connaît ses origines pour créer un être soumis. Il faut attendre la Révolution française pour que la première abolition de l’esclavage voie le jour en Guadeloupe. Mais en 1802, les troupes de Napoléon rétablissent l’esclavage. J’aurais aussi voulu rappeler à François Fillon que cette guerre a coûté aux forces guadeloupéennes des milliers de victimes avec, cerise sur le gâteau, plus de trois cents décapités en place publique à Pointe-à-Pitre. La France n’a certes pas inventé la décapitation, mais elle l’a commise contre des Guadeloupéens, qui étaient des Français. C’était encore la République à l’époque ! Et en 1848, lors de la deuxième abolition de l’esclavage, la République a déclaré que c’était une atteinte à la dignité humaine, mais elle a indemnisé les propriétaires, et non leurs victimes. La colonisation, c’est la violence pour s’approprier le bien d’autrui, parce qu’on considère qu’autrui est inférieur. Cette conception perdure, camouflée dans une prétendue mission civilisatrice de la France, de Jules Ferry à Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou François Fillon aujourd’hui. Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il a la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux "sauvages" auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux.
François Fillon vous a répondu que si la colonisation vue selon les « critères d’aujourd’hui » est effectivement condamnable, il refuse la « repentance », estimant que la France n’a inventé ni l’esclavage ni la colonisation, que bien d’autres pays ont aussi pratiqués. N’est-ce pas relativiser le crime qu’a constitué la colonisation ?
Elie Domota
Tout à fait, il est même dans une attitude d’apologie de crime contre l’humanité. Imagine-t-on François Fillon déclarer que les troupes allemandes sont venues occuper la France pour partager leur culture germanique ? Jamais cela ne lui viendrait à l’esprit. Mais à l’égard des Noirs en général, le négationnisme est toléré. François Fillon doit cesser de vanter pour autrui ce qu’il ne voudrait pas pour lui-même. On ne demande à personne de pleurer sur notre sort. M. Fillon, tout comme l’ensemble des Français, ne sont ni responsables ni coupables de cette histoire, mais ils en ont hérité, et le gouvernement français, quel que soit son bord politique, doit l’assumer et ne pas se voiler la face en prétendant que, sous prétexte qu’ont été construits des routes, des chemins de fer et des dispensaires, la France a oeuvré au développement du pays. Car la colonisation repose toujours sur le principe que le colonisé est inférieur à vous, que sa culture et sa musique, sa langue ne sont rien, et qu’au final lui-même n’est rien, et qu’il faut donc lui imposer votre langue, votre religion, vos coutumes. C’est une entreprise de déshumanisation, de négation des individus. Tuer des gens et prendre leur bien n’est pas du partage de culture, en 1635 comme en 2016.
A Sablé-sur-Sarthe, François Fillon a également déclaré que l’école ne devrait pas « apprendre aux enfants à comprendre que le passé est source d'interrogations » et à « faire douter de notre histoire ». N’est-ce pas là aussi une volonté de nier, jusque dans les programmes scolaires, ce qu’a été réellement la colonisation ?
Elie Domota
On retrouve cette pression sur l’enseignement de l’histoire visant à exonérer la France de ses responsabilités en tant que puissance coloniale et esclavagiste, et même, à la limite, à rendre les victimes responsables de leur situation. Un exemple : en mai 2015, François Hollande est venu inaugurer le mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre. Qu’y voit-on ? Que ce sont les Africains qui ont vendu leurs frères, et que les Européens, passant par là, les ont donc achetés comme esclaves. Comme si les bateaux étaient arrivés par hasard ! Deuxième chose, il est dit que c’est grâce à la religion chrétienne que les Noirs sont sortis de l’idolâtrie. Rien sur la bulle du pape Nicolas V qui, en 1454, a encouragé le pillage des terres et les meurtres des païens ! L’apprentissage est aussi une question de domination.
Vous avez demandé à François Fillon qu’il se prononce en faveur de l’annulation des textes qui, à partir de 1848, indemnisent les anciens propriétaires d’esclaves, mais il a refusé, au nom, là aussi, de son désaccord avec la « repentance »…
Elie Domota
Cela n’a rien à voir avec la repentance. Nous demandons une remise en état pour que le vivre-ensemble ait un sens. Nous disons à M. Fillon : êtes-vous prêts à annuler ces textes pour oeuvrer à une redistribution des terres pour que nous vivions dans une société plus juste et équitable, et à cette question il répond non. A partir de 1848, le pouvoir des propriétaires blancs a été renforcé, et les anciens esclaves ont été jetés dans la précarité, et aujourd’hui, nous sommes toujours dans la même configuration. Les héritiers des maîtres d’esclaves sont propriétaires des usines, ils siègent dans les conseils d’administration des banques, et les descendants d’esclaves sont pour la plupart ouvriers. Nous demandons que toutes les terres acquises de façon criminelle fassent l’objet d’une redistribution. Comment peut-on venir nous parler, sinon, de liberté, d’égalité et de fraternité ?
Quelles actions envisagez-vous pour obtenir cette « remise en état » ?
Elie Domota
Nous avons demandé en mai 2015 au tribunal de nommer un groupe d’experts pour évaluer le préjudice subi par les colonisés, et de mettre à l’étude une réforme agraire pour la redistribution des terres acquises dans le cadre de l’esclavage et de la colonisation. Nous avons accompagné cette requête de deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) pour savoir si les textes qui prévoient l’indemnisation des propriétaires d’esclaves sont conformes à la Constitution française. En droit français comme dans le droit international d’ailleurs, le criminel ne peut pas tirer bénéfice de son crime, il est sanctionné et et la victime est indemnisé. Mais un an et demi plus tard, nous n’avons toujours pas de réponse. Le dossier est encore devant le tribunal de Pointe-à-Pitre, alors qu’il faut en moyenne deux mois à une QPC pour être présentée devant la Cour de cassation…

Un enfant sur sept souffre de la pollution

Un enfant sur sept souffre de la pollution

 
Photo AFP
Près d'un enfant sur sept est soumis à de très hauts niveaux de pollution qui sont susceptibles de perturber sa croissance, montre une étude publiée lundi par le Fonds des Nations unies pour l'enfance.
L'Unicef lance un appel aux dirigeants de la planète, qui doivent se retrouver du 7 au 18 novembre au Maroc pour la COP22 de Marrakech, afin qu'ils réduisent l'utilisation des énergies fossiles, autant pour ralentir le dérèglement climatique que pour améliorer les conditions de vie de la population mondiale. Selon l'Unicef, 300 millions d'enfants vivent dans des zones où la pollution atmosphérique s'élève à au moins six fois le niveau recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Sur ce total, 220 millions vivent en Asie du Sud.
Selon le directeur général de l'Unicef, Anthony Lake, la pollution de l'air est l'un des "principaux facteurs expliquant la mort de près de 600.000 enfants de moins de cinq ans chaque année". "Non seulement les particules polluantes ont un effet sur le développement des poumons, mais elles sont susceptibles de traverser la barrière hémato-encéphalique et de perturber de manière définitive le développement de leur cerveau", a-t-il dit dans un communiqué.
"Les plus pénalisés par la pollution de l'air sont les enfants pauvres", souligne de son côté Nicholas Rees, spécialiste du climat et de l'analyse économique pour l'Unicef.
Selon l'OMS, la pollution atmosphérique a tué 3,7 millions de personnes dans le monde en 2012 dont 127.000 enfants âgés de moins de cinq ans. Parmi les sources de pollution, elle identifie les usines, les centrales électriques et véhicules fonctionnant avec des énergies fossiles, la poussière et l'incinération de déchets. La pollution de l'air intérieur, souvent imputable au chauffage au charbon où aux cuisinières à bois, est encore plus mortifère puisqu'elle est accusée d'avoir tué 4,3 millions de personnes, dont 531.000 enfants de moins de cinq ans, en 2012, dit encore l'OMS.

Maroc. "qui a écrasé Mouhcine", le vendeur de poisson ?

Maroc. "qui a écrasé Mouhcine", le vendeur de poisson ?

avec afp
Lundi, 31 Octobre, 2016
 
Photo AFP
Mouhcine Fikri, un marchand de poisson d'une trentaine d'années est décédé vendredi soir à Al-Hoceima (nord), dans le Rif, happé par une benne à ordures alors qu'il tentait de s'opposer à la saisie et à la destruction de sa marchandise.
"Le Maroc en état de choc. La mort affreuse du vendeur de poisson fait pleurer le Rif et indigne les Marocains", résumait en une lundi le quotidien Akhbar Alyoum. "Qui a écrasé Mouhcine?", s'interrogeait Al-Ahdath. L'horrible cliché de Mouhcine Fikri gisant inanimé, la tête congestionnée et un bras dépassant du mécanisme de compactage de la benne, fait la une de toute la presse, à côté des photos des manifestations d'indignation et de l'immense foule ayant accompagné ses funérailles.
Dimanche, des milliers de personnes ont participé dans le calme à l'enterrement de Mouhcine Fikri, puis se sont rassemblées à nouveau dans la soirée dans le centre d'Al-Hoceima, une ville côtière d'environ 55.000 habitants dont les rues étaient noyées par la foule.
Après le choc, les interrogations: le gouvernement marocain a promis d'élucider les circonstances de la mort atroce d'un vendeur de poisson, tué accidentellement dans une benne à ordure, qui a suscité une vague de manifestations dans le pays.
Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi -fait peu ordinaire- à Casablanca, Marrakech et Rabat, où près de 2.000 de personnes ont défilé au cri de "Nous sommes tous Mouhcine!", a-t-on constaté. Militants de la cause amazigh (berbère), de partis de gauche ou encore islamistes du mouvement "Justice et bienfaisance", tous exigeaient au nom du "peuple" la vérité sur l'incident.
Aucun nouvel appel à manifester n'a été lancé, mais un "comité de soutien" à Mouhcine Fikri devait se réunir dans la journée à Al-Hoceima, après l'arrestation de trois proches de la victime, selon un militant associatif local. Une enquête a été ouverte par le ministère de l'Intérieur dès le lendemain du drame. Dépêché par le roi Mohammmed VI pour tenter de désamorcer la crise, le ministre de l'Intérieur Mohammed Hassad s'est rendu dimanche à Al-Hoceima pour exprimer "la compassion du souverain à la famille du défunt".
Alors que son Premier ministre Abedelilah Benkirane est occupé à former le nouveau gouvernement, le roi s'est saisi directement du dossier et a donné des instructions "pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée".
Mouhcine Fikri avait refusé d'obtempérer à un barrage de police et avait ensuite été intercepté avec dans sa voiture "une quantité importante d'espadon, interdit à la pêche", selon le ministre. "Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça", a-t-il expliqué. Mais "personne n'avait le droit de le traiter ainsi", a déploré Mohammed Hassad, promettant les conclusions de l'enquête d'ici "quelques jours".
Les résultats de l'autopsie, révélés par la presse locale, indique que le corps présentait des "fractures des cinq premières côtés gauches et droites", et que la mort serait due "à un choc hémorragique suite à une plaie thoracique".
A une semaine de l'ouverture à Marrakech de la conférence internationale sur le climat, la COP22, il y a urgence à éteindre le feu qui couve, alors que le Rif est traditionnellement une région frondeuse, aux relations difficiles avec le pouvoir central. Al-Hoceima a aussi été l'un des principaux foyers de la contestation lors du mouvement du 20-Février, la version marocaine des Printemps arabes en 2011. L'un des éléments déclencheurs de ce mouvement de révolte avait été le suicide en Tunisie d'un vendeur ambulant qui s'était immolé en réaction à la saisie de sa marchandise.

La Grèce dénonce avec "colère" le lâchage européen sur la prise en charge des migrants

La Grèce dénonce avec "colère" le lâchage européen sur la prise en charge des migrants

avec AFP
Lundi, 31 Octobre, 2016
Humanite.fr

 

Des migrants à Idomeni, en Grèce, à la frontière avec la Macédoine.
Des migrants à Idomeni, en Grèce, à la frontière avec la Macédoine.
PHOTO LOUISA GOULIAMAKI / AFP
Le ministre grec à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, a affiché lundi sa "colère" envers le non-respect par l'UE de ses engagements à soulager la charge migratoire pesant sur la Grèce.
"Nous disons en colère à l'Europe qu'elle doit enfin respecter ses obligations", tant en matière de relocalisations que de soutien en personnel à la Grèce pour assurer la mise en oeuvre de l'accord UE-Ankara visant à couper la route égéenne migratoire, a affirmé le ministre à la télévision publique grec Ert1. Il s'exprimait en marge du départ pour la Finlande de 111 réfugiés syriens, dans le cadre du programme européen de répartition dans l'UE des réfugiés ayant afflué en 2015.
"Aujourd'hui, un an après le lancement de ce programme", les partenaires européens "n'ont pris en charge que 5.000 réfugiés au départ de la Grèce, alors qu'ils avaient promis d'en accueillir 33.000" la première année, et autant d'ici fin 2017, s'est indigné le ministre.
Il a dénoncé le "sabotage" de ce plan européen par les pays du groupe Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), qui s'y opposent farouchement, et contre lesquels la Grèce réclame des sanctions européennes. La Commission européenne avait évoqué dans un premier temps la possibilité de rétorsions financières contre les États membres ne jouant pas le jeu de la relocalisation, mais n'est pas revenue depuis sur le sujet.
M. Mouzalas s'en est aussi pris à l'absence de soutien européen pour la mise en oeuvre de l'accord UE-Turquie qui prévoit le retour dans ce pays des migrants arrivés sur les îles grecques après le 20 mars, y compris les réfugiés syriens. "L'UE se doit se soutenir cet accord, ce n'est pas une question de solidarité avec la Grèce c'est une obligation", a-t-il insisté. L'UE avait promis des renforts en experts de l'asile pour permettre à la Grèce d'organiser les renvois dans le respect du droit d'asile, mais ce personnel "est absent", a souligné le ministre.
Les services grecs sont du coup débordés car la plupart des migrants et réfugiés concernés ont déposé des demandes d'asile pour tenter de bloquer ou retarder leurs renvois en Turquie, provoquant une "surconcentration" sur les îles, où l'entassement de près de 16.000 exilés alimente des tensions récurrentes, a relevé M. Mouzalas. Le gouvernement souhaite transférer en Grèce continentale une partie de cette population, "dans des centres fermés", mais se heurte au refus de ses partenaires européens, qui craignent une reprise massive des flux irréguliers, a déploré le ministre.

jeudi 27 octobre 2016

« La droitisation du monde touche l’ensemble de nos existences »


« La droitisation du monde touche l’ensemble de nos existences »

Entretien réalisé par Lucie Fougeron
 
 
Photo : Audrey Cerdan
« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c'est à l'ensemble de la planète que François Cusset étend l'analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d'études américaines à l'université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain ­ à peine un demi-siècle ­, toujours en cours, dans une perspective d'histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.
HD. Pour rendre lisible notre monde complexe, vous proposez l’hypothèse de sa droitisation. Sur quoi la fondez-vous ?
François Cusset. Le dernier demi-siècle est marqué par un cycle contre-révolutionnaire qui constitue un retournement. Le cycle émancipateur, progressiste du milieu du XXe siècle – décolonisation des deux tiers de la planète, émergence d’une culture jeune, protestations étudiantes et ouvrières, État providence… – a suscité en réaction, dialectiquement, à partir du milieu des années 1970, un retour de bâton de la classe dirigeante, dont les lignes sont variées mais se mêlent. Le capitalisme familial, national et protectionniste, est devenu spéculatif, actionnarial et mondialisé ; l’économie de production est devenue financière et spéculative ; la consommation définit désormais entièrement notre existence individuelle et collective… La fin du bloc de l’Est a ouvert au capitalisme un territoire nouveau, tout en mettant en deuil les tenants des politiques émancipatrices ou progressistes. Le « sud » de la planète a émergé à la fois économiquement et culturellement – pas encore politiquement. Est également survenu le désastre écologique, accélération hyperbolique des ravages produits par le capitalisme. Enfin, la révolution technologique constitue à la fois une immense métamorphose économique et une révolution existentielle rendant nos vies ubiquitaires, virtuelles, à la fois hypersocialisées et totalement individualisées. S’ajoutent les questions identitaires nouvelles : si la « théorie » du « choc des civilisations » relève de la propagande néoconservatrice, des tensions religieuses et ethniques existent. Toutes ces lignes vont dans le même sens : un énorme cran supplémentaire dans l’histoire moderne vers la droite, pas seulement sur l’échiquier politique, mais aussi en termes de valeurs, de modes de vie, de visions du monde et même de pratiques collectives – désormais incarnées par l’équipe de foot, la Manif pour tous, la communauté religieuse ou le réseau social… –, dont sont absentes les formes sociales progressistes du XXe siècle.
HD. Vous analysez ce processus de « droitisation du monde » tout en estimant qu’on peut aujourd’hui se passer des catégories droite-gauche. N’est-ce pas paradoxal ?
François Cusset. À gauche, s’est creusé un abîme entre la gauche de gouvernement, gestionnaire et « efficace », plus austéritaire et sécuritaire que ses homologues de droite depuis la triade Clinton-Blair-Schröder, et une gauche de combat en miettes, prise en étau entre une tentation électorale illusoire, une nostalgie du grand soir et une mobilisation qui ne se reconnaît pas en elle : Nuit debout, Occupy Wall Street, les Indignés… Au sein de la droite classique, deux lignes historiquement en contradiction ont formé une alliance stratégique : la droite des marchés, du libre-échange radicalisé, de la haine de l’État et de la suppression de toutes les barrières à la mondialisation économique, et la droite des valeurs patrimoniales, chrétiennes et identitaires. Sous le prétexte de la « guerre des civilisations », après le 11 septembre 2001, mais cela repose fondamentalement sur la défense des intérêts des classes dirigeantes.
HD. Que devient le rôle de l’État dans ce grand virage ?
François Cusset. La doctrine néolibérale élaborée après guerre lui vouait une haine viscérale. Ensuite, ses tenants et les acteurs économiques sont devenus les meilleurs amis d’un État qui a sauvé le système lors de la crise des subprimes, d’un État austéritaire à l’échelle européenne et d’un État sécuritaire qui, sous prétexte d’état d’urgence, endigue les mouvements sociaux… Ce sont les fonctions mêmes de l’État qui ont changé. Historiquement vouées à protéger, compenser, instruire, égaliser partiellement, elles sont désormais de trois ordres en Occident : présenter aux marchés une administration rentable en supprimant ses fonctions sociales dépensières ; une fonction diplomatico-politique de service aux entreprises ; une fonction militaro-policière, qui va de l’interventionnisme aux quatre coins du monde sous prétexte de lutte antiterroriste à une hypersurveillance généralisée poliçant nos existences.
HD. En quoi le développement de la « biopolitique » est-il une expression de cette droitisation ?
François Cusset. Ce terme, dû à Michel Foucault, désigne le rapport entre les formes de pouvoir politique et les formes de vie à la fois organique, existentielle, morale, normative. La biopolitique a émergé avec la mise en œuvre par les États de politiques natalistes, par exemple, s’insinuant dans des aspects de nos existences qui n’étaient pas de leur ressort. Un siècle plus tard, l’extension du capitalisme se fait dans deux directions simultanées. À la fois vers le plus volatil – la spéculation qui déstabilise l’économie, précarise le travail et sacrifie la production – et vers le plus concret, organique, intime – ces dimensions de nos existences qui ne relèvent pas du domaine de la marchandise, de la vie de « l’âme » à la sexualité en passant par la rentabilisation du temps disponible avec l’ubérisation. En nous incitant à optimiser nos existences, la biopolitique individualise radicalement nos façons de faire et impose des normes, légifère. C’est, en outre, un secteur économique en plein boom. Invention des États, la biopolitique est désormais l’apanage d’immenses multinationales privées – le rachat de Monsanto par Bayer en est un exemple spectaculaire. En fait, trois domaines fondamentaux sont passés de la gauche à la droite. La nation, invention des peuples de gauche et des révolutions du XIXe siècle. Le vitalisme, situé à gauche, et les biopolitiques étatiques progressistes au XIXe siècle (elles étaient en même temps coloniales…), désormais de droite, où la vie doit être rentabilisée. Enfin, la culture : au cycle de l’après-guerre, avant-gardiste, indissociable du changement social et de la déstabilisation des pouvoirs en place, a succédé l’extension de la culture à tous les aspects de l’existence, une industrie devenue le moteur de l’économie mondiale, sphère de loisirs pour oublier les rapports de forces. La lame de fond de la massification de l’accès à l’éducation et à la culture, mais aussi aux droits sociaux, change la donne : créateur et consommateur sont deux fonctions indifférenciées, ce qui va aussi bien dans le sens d’une reprise en main du pouvoir culturel par les gens que dans le sens du nivellement par le bas, du démantèlement des points de repère, sans rien avoir à mettre à leur place…
HD. Que deviennent alors les questions et les perspectives sociales et collectives ?
François Cusset. Les formes de mobilisation collective antérieures ont perdu la plus grande part de leur crédibilité ou de leur efficacité. Et en même temps, il y a du nouveau : les ZAD, les mouvements de quartier, la jeunesse mobilisée pour occuper les places… Ces phénomènes, mondiaux, convergents dans le temps depuis les printemps arabes, sont le signe d’une réinvention des formes de mobilisation, encore minoritaires et réticentes à l’organisation et donc insuffisamment stratégiques. Le mouvement social unitaire, avec ses formes d’organisation traditionnelles, n’a pas d’autre choix, face au moloch de droite, que d’avancer main dans la main avec ces nouveaux combats.
« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c’est à l’ensemble de la planète que François Cusset étend l’analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d’études américaines à l’université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain – à peine un demi-siècle –, toujours en cours, dans une perspective d’histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.
François Cusset est écrivain, historien des idées, professeur à l'université Paris-Ouest Nanterre-la Défense
 

« LA DROITISATION DU MONDE », DE FRANÇOIS CUSSET, CONVERSATION AVEC RÉGIS MEYRAN, ÉDITIONS TEXTUEL, 2016, 192 PAGES, 15 EUROS.

Un ouvrage de mise au point, selon son auteur ­ dont les travaux portent depuis longtemps sur le tournant néolibéral des dernières décennies, mais aussi sur ses opposants, des mouvements sociaux aux contre-cultures ­, qui s'attache ici à dénouer les fils du grand virage droitier à l'échelle mondiale ­ initié dès l'aube des années 1970 ­, entremêlés et composés des diverses facettes de notre présent. Détaillant ce long « retour de bâton », réactionnaire et individualiste, cynique et guerrier, bienveillant et divertissant, il interroge ses reconfigurations et ce que peuvent encore les forces de résistance et d'émancipation. François Cusset a publié, notamment, « French Theory » et « la Décennie : le grand cauchemar des années 1980 » (la Découverte, 2003 et 2006), et dirigé « Une histoire (critique) des années 1990 » (Centre Pompidou-Metz, 2014). Il est aussi l'auteur de deux romans, « À l'abri du déclin du monde » et « les Jours et les jours » (P.O.L, 2012 et 2015).

« Les intégristes sont obsédés par le corps des femmes »

Chahla Chafiq : « Les intégristes sont obsédés par le corps des femmes »
Entretien réalisé par Mina Kaci
 
Chahla Chafiq
Chahla Chafiq
Chahla Chafiq, sociologue, interroge l’islamisme sous l’angle du rapport entre le religieux, le politique, le sexe et le genre. Dès qu’une femme se voile, dit-elle, ce geste banalise un signe sexuel et symbolise une féminité soumise au regard de l’homme. La condition des femmes questionne radicalement le système social et politique, défend-elle.
Quelle est la signification du voile islamique ?
Chahla Chafiq La philosophie du voile, qui existe en islam comme dans le judaïsme et le christianisme, consiste à dérober les femmes aux regards illicites des hommes. Une analyse approfondie démontre qu’il est révélateur de la situation sociale et politique de la société concernée. Dès l’instant où la religion quitte le domaine de la spiritualité pour devenir la loi qui gère la vie collective et individuelle, la foi entre dans un processus d’idéologisation. Le voile devient la bannière du projet politique islamiste. Opérée depuis les années 1970 dans de nombreux pays, la réislamisation idéologique est systématiquement liée au développement des islamistes. C’est le cas de l’Égypte, l’Iran, l’Algérie, la Tunisie ou encore du Maroc. À partir du vide politique créé par la dictature et la défaite des mouvements humanistes, l’islam politique propose son idéologie comme une offre alternative. Pour infléchir les lois et règles sécularisées, puis installer sa société islamique idéale, il passe, soit par la voie des armes, soit par celle des urnes.
Quel lien peut-il y avoir entre le développement du voile et la situation sociale et politique d’un pays ?
Chahla Chafiq Ne faut-il pas d’abord se demander pourquoi l’imposition sacrée du voile ne concerne que les femmes ? Avec cette question, on entre dans la dimension sexuée du sujet. Quand l’islam devient charia, il préconise une séparation sexuée. C’est flagrant dans le Code islamique de la famille qui renforce la hiérarchisation des droits et des devoirs. L’homme, père, mari, étant le chef, la femme, aimée en tant que fille, épouse et mère, se doit de lui obéir sous prétexte de l’intérêt de la famille. C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des lois religieuses. Elles épousent toutes le système patriarcal qui convient parfaitement à l’autoritarisme. C’est pourquoi, dans certains pays, en dépit de constitutions prônant l’égalité, le principe est bafoué dès qu’il s’agit de la famille. Voté en 1984 en Algérie, le Code de la famille a été négocié avec les islamistes. Le gouvernement a intégré les éléments idéologico-religieux dans le Code de la famille pour préserver son propre régime. L’inclusion de l’identité religieuse dans l’identité nationale a toujours aidé les pouvoirs autoritaires à refuser les droits démocratiques des peuples. Les dictatures ont joué avec les islamistes et avec la religion. Un jeu à double tranchant puisqu’il a permis aux islamistes de se développer jusqu’à leur prendre le pouvoir.
Pourquoi le voile est-il l’emblème du projet politique des islamistes ?
Chahla Chafiq Ils le propagent comme un repère identitaire et le proposent soi-disant pour le respect de la dignité des femmes. Protégées et aimées, elles sont, selon eux, complémentaires des hommes. L’égalité est rejetée, car supposée « occidentale » et non conforme à la « culture musulmane », alors que ce principe est universel et universalisable. Les islamistes confondent sciemment liberté sexuelle, prostitution et pornographie. Ils vantent leur conception de la famille comme garante de la sécurité des femmes, à condition qu’elles se soumettent aux normes et lois dictées au nom de Dieu. Cette perspective peut faire sens auprès des musulmans en quête de repères dans un monde en crise. Les islamistes réhabilitent les valeurs sexistes et sexuelles pour leur offrir un cadre identitaire « sécurisant » et « valorisant ». Cette offre idéologique peut prospérer là où le vide social, culturel et politique se creuse, dans un pays dit islamique mais aussi au-delà, comme en France.
Le voile islamique n’est donc pas qu’un simple vêtement ?
Chahla Chafiq Diverses raisons peuvent expliquer qu’une femme se voile. Mais ce geste banalise un signe sexuel et symbolise une féminité soumise au regard de l’homme. Le corps des femmes est ainsi marqué, comme objet de la convoitise sexuelle. Cela va avec la diabolisation de la libération des femmes, présentée dans la propagande islamiste comme source de dépravation des mœurs et de dislocation des familles. L’islamisme labélise la libération des femmes comme le fruit de l’« Occident impie » et transforme le voile en un rempart contre ses prétendus dangers.
De nombreuses femmes le portent par choix…
Chahla Chafiq La question est bien évidemment différente selon qu’on le porte par choix ou par contrainte. Derrière chaque voile, on ne trouve pas une femme islamiste. Mais le dialogue ne doit pas s’arrêter à la question du choix. Au contraire, il doit continuer en explorant la trajectoire de la personne concernée, l’ambiance dans laquelle elle vit et l’évolution sociale et politique de son environnement. Certains sociologues et intellectuels estiment que le libre choix clôt le sujet. Or, le choix du voile n’est pas équivalent au choix d’un rouge à lèvres. On impose aux femmes, au nom du dieu, un rapport sexiste avec leur propre corps. Celui-ci devient un lieu de péché et de tentation. Dans le même mouvement, les hommes apparaissent comme porteurs d’une virilité non maîtrisable. Tout cela conduit à bannir la mixité comme dangereuse. Les rapports de sexe s’en trouvent aussi diabolisés. Quelles en sont les conséquences en termes d’égalité de sexe et de liberté des femmes ? C’est à cette interrogation que l’on doit répondre.
Pourquoi les islamistes s’intéressent-ils tant au corps des femmes ?
Chahla Chafiq La double image de la femme, celle de la putain et de la mère, persiste dans la culture patriarcale de manière générale. La mère est aimée, protégée dans le cadre familial. La femme libre est identifiée à la putain et la liberté sexuelle est confondue avec la prostitution. Le fait qu’une femme maîtrise son corps a été mal vu dans toutes les cultures patriarcales. Les islamistes propagent cette confusion pour imposer leur ordre régressif dans lequel chacun et chacune a une place prédéterminée par le Tout-Puissant. Ce qui permet d’instaurer un ordre total et totalitaire au nom du divin. La hiérarchisation des sexes offre à l’islamisme la colonne vertébrale d’un ordre fondé sur l’obéissance.
Tous les intégrismes religieux adoptent la même attitude envers le corps des femmes, non ?
Chahla Chafiq Effectivement. Nous retrouvons cette ligne chez tous les extrémistes religieux. Ce fameux « ordre moral » est au centre des projets des mouvements néoconservateurs qui s’appuient sur l’idéologisation religieuse. Le sexisme et l’homophobie sont les éléments fondateurs de leurs idéologies. Leur rejet de la liberté des femmes, des droits des homosexuels s’explique par le désordre que créent ces acquis au regard de l’ordre régressif qu’ils veulent instaurer. Tous diabolisent le corps des femmes et leur refusent la liberté sexuelle. Nous assistons par exemple à une contre-offensive sur le droit à l’avortement dans divers pays. La France a eu une histoire tumultueuse avec l’Église, qui a abouti à la laïcité. Celle-ci a soutenu la possibilité de revendiquer des droits égaux dans la famille. Et beaucoup de catholiques, des deux sexes, en ont été soulagés. Quant aux intégristes juifs, on retrouve chez eux le même refus obsessionnel de la mixité hommes-femmes. On se souvient du scandale provoqué, en Israël, par la revendication de séparer les femmes et les hommes dans les bus.
Pourquoi les islamistes ne parlent plus de peuple, mais d’oumma, cette communauté des croyants ?
Chahla Chafiq Ils ont idéologisé certains concepts religieux, comme celui de l’oumma, qui devient une communauté homogène devant remplacer la notion de « peuple ». C’est une des bases de leur stratégie pour instaurer un régime politique islamiste. Dans ce modèle, le pouvoir affirme sa force au nom de l’autorité divine et soumet les membres de la communauté à un ordre venant de l’au-delà. Dans la citoyenneté démocratique, le peuple est perçu comme une assemblée d’individus libres et égaux, alors que l’oumma islamiste est conçue comme une communauté unie socialement et politiquement par et dans l’islam. Les islamistes s’autoproclament représentants de Dieu sur terre.
Les femmes sont-elles l’avenir de cette oumma ?
Chahla Chafiq Non, elles n’en sont pas l’avenir, mais les gardiennes. Toutes les cultures patriarcales comptent sur les femmes pour perpétuer les traditions au sein du foyer. Ce sont elles qui éduquent les enfants. C’est une immense responsabilité puisque la famille est la cellule de base de l’oumma. C’est commun à l’ensemble des intégristes, la preuve avec la Manif pour tous, où, d’ailleurs, tous y défilent la main dans la main, sans complexe.
Y a-t-il un renouvellement du discours islamiste à l’égard des femmes ?
Chahla Chafiq L’islamisme a en face de lui des femmes qui ont gagné leurs droits à faire des études ou à travailler. Certains courants de l’islamisme (qui est une idéologie pluritendance allant des libéraux aux radicaux) prennent en considération ce mouvement irréversible. Pour ces derniers, le port du voile ne rime pas forcément avec l’enfermement des femmes dans l’espace domestique ni avec leur exclusion des espaces publics et de la société, du savoir et du travail. Dans leurs propagandes, ils mettent en avant l’image d’une collectivité qui met les hommes et les femmes à l’abri des tentations malsaines pour qu’ils puissent agir conjointement en vue de construire une famille et une société selon les normes et lois islamiques. Dans cette optique, la propagande pour le voile se fait plutôt en le présentant, d’une part, comme un rempart contre le désordre sexuel et moral, et d’autre part, comme un moyen de restituer la dignité des femmes en les sortant de la position d’objet sexuel. Le voile devient aussi une condition licite d’accès des femmes musulmanes à l’espace public. D’où les inventions comme le burkini. Comme le disent Tariq Ramadan et ses adeptes : « Le voile est le passeport des femmes musulmanes pour devenir citoyennes. » Mais pourquoi devraient-elles se munir d’un passeport pour accéder à l’espace citoyen ? La réalité est que les femmes ont acquis des droits, et les islamistes essaient d’adapter leur stratégie à cette évolution majeure, ils veulent canaliser leur force dans le sens de leur projet.
Pourquoi le combat pour la liberté des femmes est-il si difficile ?
Chahla Chafiq Les féministes savent que l’émancipation ne peut se réaliser sans l’articulation de l’égalité des droits et de la liberté. Elles savent que sans cela les réformes obtenues se heurtent à des pesanteurs sociales et culturelles, car l’histoire des femmes est sujette à l’histoire des mentalités. La loi doit changer mais les mentalités aussi pour entrevoir l’émancipation. Le droit à l’avortement, par exemple, ne peut être vraiment acquis qu’accompagné d’une éducation conséquente sur l’égalité des sexes et sur les droits sexuels. La liberté individuelle est indispensable à l’avancée de cette éducation, d’autant qu’elle touche à des questions intimes, tels que le corps, la sexualité, l’érotisme et l’amour. Comment travailler sur ces sujets sans reconnaître la liberté comme une valeur commune ? La condition des femmes est en lien dialectique avec cette liberté, et celle-ci interroge le modèle social. Le changement de la condition des femmes questionne radicalement le système social et politique.
Auteure, sociologue et spécialiste du monde musulman
Chahla Chafiq est l’auteure d’un premier roman, Demande au Miroir, sorti en 2015 aux éditions l’Age d’homme (19 euros). Docteure en sociologie, elle a publié plusieurs essais sur l’islamisme aux Éditions du Félin et aux Presses universitaires de France (PUF), entre 1991 et 2011. Son dernier essai, Islam politique, sexe et genre (2016, PUF, 24,50 euros), a reçu le prix le Monde de la recherche universitaire. Exilée politique iranienne, elle vit en France depuis 1982. Elle figure parmi les rares spécialistes du monde dit musulman qui décortiquent l’histoire longue de l’islamisme en en montrant les contradictions.

Il est temps de mettre un terme au blocus imposé par les Etats-Unis à Cuba

Il est temps de mettre un terme au blocus imposé par les Etats-Unis à Cuba

André CHASSAIGNE Président du Groupe d’amitié France – Cuba de l’Assemblée nationale
Mercredi, 26 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
Reuters
Par André Chassaigne. Ce soir l’Assemblée générale des Nations Unies exprimera un nouveau vote consacré à la résolution demandant la levée du blocus économique, commercial et financier des Etats-Unis. Les sanctions des Etats-Unis contre Cuba constituent le principal obstacle au développement de l’île et affectent les catégories les plus vulnérables de la société.
Le 27 octobre 2015, 191 des 193 pays membres de l’ONU s’étaient prononcés en faveur du texte demandant la fin de l’embargo. Ce vote quasi unanime s’était cependant heurté à l’opposition des Ets-Unis et d’Israël. La séance de l’Assemblée générale de l’ONU d’aujourd’hui sera donc le moment de vérité sur les véritables intentions des Etats-Unis après le rétablissement de leurs relations diplomatiques avec Cuba.
Depuis 1960, Washington impose des sanctions économiques contre la population cubaine. Elles ont un impact dramatique sur tous les secteurs de la société et touchent plus particulièrement les catégories les plus fragiles, à savoir les enfants, les personnes âgées et les malades.
La rhétorique diplomatique utilisée par les Etats-Unis depuis plus d’un demi-siècle pour justifier leur politique hostile vis-à-vis de La Havane a fluctué au fil du temps : expropriations non indemnisées, alliance avec l’Union soviétique, et soutien aux mouvements indépendantistes en Afrique et aux groupes révolutionnaires en Amérique latine, démocratie et droits de l’homme…
Depuis la fin de la Guerre froide, les Etats-Unis n’ont eu de cesse de renforcer les sanctions économiques qui étouffent le peuple cubain. En 1992, le Congrès a adopté la loi Torricelli, au caractère extraterritorial et donc illégal aux yeux du droit international. En 1996, la loi Helms-Burton – une aberration juridique pour ses aspects extraterritorial et rétroactif– a renforcé l’état de siège contre l’île.
L’administration Bush a accru les mesures de rétorsion économique, notamment leur application extraterritoriale pour limiter le développement du commerce international de Cuba avec le reste du monde. Ainsi, si l’entreprise allemande Mercedes souhaite exporter ses voitures vers les Etats-Unis, premier marché au monde, elle doit démontrer au Département du Trésor que ses produits ne contiennent pas une seule once de nickel cubain. De la même manière, si Danone souhaite écouler ses marchandises sur le marché étasunien, elle doit prouver que celles-ci ne contiennent pas un seul gramme de sucre cubain.
Barack Obama a adopté une approche constructive vis-à-vis de Cuba en annonçant le 17 décembre 2014 l’établissement d’un dialogue sans précédent entre les deux nations afin de résoudre pacifiquement un conflit qui dure depuis trop longtemps. Les relations diplomatiques ont été rétablies en juillet 2015 et le Président étasunien a réalisé un voyage historique à La Havane en mars 2016.
Barack Obama a également lancé un appel au Congrès afin qu’il mette un terme aux sanctions économiques contre Cuba. Néanmoins, aucune autre administration n’a lancé de persécution financière aussi forte à l’encontre des entités internationales ayant des rapports économiques ou financiers avec Cuba. Ainsi, en 2014, BNP-Paribas a été sanctionnée d’une amende record de 6,5 milliards d’euros pour avoir réalisé des transactions en dollars avec Cuba. Il est important de rappeler que la banque française n’a violé aucune loi française et a scrupuleusement respecté la législation européenne et internationale. Les Etats-Unis ont simplement appliqué de manière extraterritoriale – et donc illégale – les sanctions contre Cuba.
Ces sanctions ont également un impact dramatique dans le domaine de la santé. Cuba se trouve dans l’impossibilité d’importer des médicaments ou appareils médicaux exclusivement produits par des multinationales étasuniennes. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies souligne que « les restrictions imposées par l’embargo ont contribué à priver Cuba d’un accès vital aux médicaments, aux nouvelles technologies médicales et scientifiques, aux produits alimentaires, au traitement de l’eau et à l’électricité. Le New England Journal of Medecine, une des plus prestigieuses revues médicales au monde, note que « les sanctions économiques contre Cuba sont une guerre contre la santé publique ».
Barack Obama a pris une décision courageuse en rétablissant le dialogue avec Cuba et en exprimant son opposition aux mesures de rétorsion économique. En tant que chef du pouvoir exécutif, le Président des Etats-Unis peut montrer l’exemple en adoptant certaines décisions contribuant au démantèlement de ce blocus. Ainsi, il peut autoriser le commerce bilatéral entre les deux nations, permettre à Cuba d’utiliser le dollar dans ses transactions internationales, consentir à ce que l’île achète sur le marché mondial des produits contenant plus de 10% de composants étasuniens, légaliser l’importation de produits fabriqués dans le monde à partir de matières premières cubaines et consentir à vendre à crédit des produits non alimentaires à l’île.
Il est temps de mettre un terme à des sanctions économiques anachroniques, cruelles et inefficaces, qui sont unanimement condamnées par la communauté internationale. Elles ont coûté au total 125 milliards de dollars à l’économie de l’île et elles infligent des souffrances inutiles au peuple cubain.