lundi 31 octobre 2016

Espagne: Rajoy revient au pouvoir à cause du PSOE

Espagne: Rajoy revient au pouvoir à cause du PSOE

Dimanche, 30 Octobre, 2016
Humanite.fr
  
Photo : Pierre-Philippe Marcou/AFP
Le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a été reconduit samedi soir, malgré une absence de majorité au parlement, des scandales de corruption et cinq années d'austérité qui ont plombé ce pays aux 20 % de chômeurs.
Ce n'est que grâce à l'abstention des députés socialistes que Rajoy a finalement pu reprendre la tête du pays, sans majorité absolue au parlement.
Rajoy a été élu avec 170 voix pour de son Parti populaire et des centristes, mais aussi et surtout grâce à l'abstention cruciale de 68 élus socialistes, qui s'y sont résignés en dépit de mots durs du porte-parole du PSOE Antonio Hernando contre ses "odieuses réformes" libérales.
Les autres 111 députés essentiellement l'alliance Izquierda Unida – Podemos, avec des indépendantistes et nationalistes catalans et basques, ont voté contre et dénoncé la "trahison" socialiste.
"Ne vous attendez pas à ce que je porte atteinte à la reprise économique et aux créations d'emplois", a toutefois prévenu Rajoy, au pouvoir depuis 2011. "Il n'y a aucun sens à revenir sur toutes les réformes". "On ne peut exiger que je gouverne et que je trahisse mon programme, qui a recueilli le plus grand nombre de voix de la part des Espagnols", a-t-il estimé, ajoutant que les députés qui avaient pour lui devaient "assumer les conséquences de cet acte". La rigueur va se poursuivre avec 5,5 milliards d'économies promises à Bruxelles. Une rigueur contestée à gauche, car elle plombe le taux de chômage qui stagne à 18,9%.
"J'annoncerai le gouvernement jeudi après-midi, et ils (ses membres) seront investis vendredi dans leurs fonctions. Je me suis déjà entretenu avec Sa Majesté le roi (Felipe VI)", a dit Mariano Rajoy à la presse à l'issue du vote parlementaire.
Pendant ce temps non loin du Congrès, plusieurs milliers d'Espagnols de gauche manifestaient contre "ce coup à la démocratie" porté par l'establishment du PP et du PSOE, drapeaux républicains rouge, jaune et violet, ondoyant à la tombée de la nuit. "Nous aurons le même gouvernement que ces quatre dernières années, qui a été néfaste pour l'Espagne", déclarait à l'AFP Carmen Lopez, 65 ans, informaticienne à la retraite. "Je ne suis pas d'accord".
Un "coup de la mafia", résume un tract où  Rajoy est présenté avec un chapeau de gangster, revolver à la main.
Samedi à la mi-journée Pedro Sanchez, ancien dirigeant socialiste, a annoncé au bord des larmes qu'il quittait son poste de député, refusant la consigne d'abstention décidée par la direction intérimaire du parti pour permettre au PP de gouverner et éviter des élections. Une quinzaine de députés socialistes proches de Sanchez ont d'ailleurs brisé la discipline, votant "non" à Rajoy samedi soir.
. L’abdication du PSOE a un mérite, celui de clarifier les choses : aujourd’hui, la coalition Unidos Podemos (Podemos, Izquierda Unida, Equo…) devient définitivement la seule véritable alternative progressiste et la seule opposition de gauche en Espagne. Emilio Fernandez, rédacteur à « La Tribuna », d’Albacete, conclu : « Les deux principaux vainqueurs de cette crise sont Rajoy, qui s’affirme comme le seul recours pour les forces conservatrices et Unidos Podemos. à terme, un futur scrutin aura lieu et la coalition, en appliquant une bonne stratégie, peut déborder le PSOE par la gauche et récupérer de nombreux militants qui se sentent trahis par le coup d’état contre Sanchez. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire