mardi 16 mai 2017

Télévision. Quand Alger la Blanche était Alger la Rouge

Télévision. Quand Alger la Blanche était Alger la Rouge

PIERRE BARBANCEY
MARDI, 16 MAI, 2017
L'HUMANITÉ
L’ancien premier président de la République d’Algérie (1963-1965), Ahmed Ben Bella, au centre. Electron Libre
L’ancien premier président de la République d’Algérie (1963-1965), Ahmed Ben Bella, au centre. Electron Libre
Alger : La Mecque des révolutionnaires (1962-1974), de Ben Salama. Arte, 22 h 20. Le réalisateur Ben Salama a réalisé un documentaire sur cette Algérie qui accueillait les révolutionnaires du monde entier, dont Mandela et le Che.
Qui a dit: « L’Algérie, c’est mon pays » ? Non, non, pas Enrico Macias mais Nelson Mandela lui-même, venu à Alger au lendemain de sa libération pour remercier tout un peuple du soutien qu’il lui avait toujours accordé. Mandela n’a en effet jamais oublié l’aide qu’il a reçue et l’entraînement militaire qui lui a été prodigué par des officiers de l’Armée de libération nationale (ALN), sortis victorieux de la guerre d’indépendance. Mandela, un révolutionnaire parmi tant d’autres qui se sont déplacés en terres algériennes. Si nombreux et si divers… Amilcar Cabral, fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et qui avait le sens de la formule, a un jour lancé: « L’Algérie c’est La Mecque des révolutionnaires. » Le réalisateur Ben Salama s’est penché sur cette période qui s’étend de 1962, année de l’indépendance algérienne, à 1974, au moment de l’infléchissement de la politique algérienne. Le nouveau pouvoir algérien s’installe avec, à sa tête, Ahmed Ben Bella, président, et Houari Boumediene, chef de l’ALN, qui devient ministre de la Défense. L’anti-impérialisme est le maître mot. Che Guevara vient voir les premières réalisations de la révolution algérienne. L’Algérie brille de mille feux révolutionnaires et tous viennent, voire s’y installent. L’aide est morale, politique, financière. Boumediene, qui débarquera Ben Bella à l’issue d’un coup d’État en 1965, poursuivra sur cette route quelques années…
Les images d’archives aidant, soutenu par le commentaire de Ben Salama, nous voici replongés dans cette époque. Un seul regret cependant, qui n’enlève rien à la qualité de ce documentaire: l’absence des paramètres algériens autres que le pouvoir et qui ont contribué à cette atmosphère de nouveau monde: le journal Alger républicain, d’Henri Alleg, et même la présence des « pieds-rouges ». Enfin, alors qu’aujourd’hui le pays est marqué par les années de plomb et l’intégrisme religieux, il faut rappeler combien la culture (théâtre, cinéma, littérature) a contribué aux élans révolutionnaires, qui, à ce moment-là, ont fait d’Alger la Blanche Alger la Rouge.

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