mercredi 6 avril 2016

De la rue aux places, ils cherchent un autre avenir à la loi El Khomri

De la rue aux places, ils cherchent un autre avenir à la loi El Khomri

Sébastien Crépel avec Marion d’Allard
Mercredi, 6 Avril, 2016
L'Humanité

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À Paris, hier. « C’est l’accumulation des attaques contre nos droits et nos libertés qui pousse toujours plus de monde à descendre dans les rues », estime Miguel. Étudiant à Paris-VIII.
Photo : Reuters
Une cinquième journée d’action contre la loi travail a eu lieu mardi, à l’appel des jeunes et des syndicats. « Symptôme », « catalyseur », « symbole »... Si le retrait du projet de loi demeure le mot d’ordre, il est désormais le socle d’une lutte plus vaste, dont l’émergence des Nuits debout est l’une des expressions.
La mobilisation contre la loi El Khomri est entrée dans sa 5e semaine. À ­Paris, Rennes, Lyon, ­Bordeaux, Strasbourg, Amiens, Lille, Nantes, etc., les organisations de jeunesse ont à nouveau mobilisé hier, à l’occasion de l’arrivée de la loi travail à l’Assemblée nationale et avant la grande journée de manifestations interprofessionnelles de samedi. La violence policière a de nouveau gâché la fête, les forces de l’ordre interpellant, rien qu’à Paris, 130 personnes dont des enseignants. Dans le même temps, le mouvement d’occupation de l’espace public Nuit debout, installé sur la place de la République à Paris ­depuis jeudi dernier, s’étend à d’autres villes. La colère s’élargit aussi aux intermittents du spectacle, nombreux à participer aux assemblées générales. Les rues, les places deviennent le terrain de nouvelles formes d’expressions citoyennes qui inventent le futur d’une « vie désirable », loin du seul horizon précaire que leur promet la loi El Khomri.
Le gouvernement qui doit rencontrer aujourd’hui les organisations de jeunesse peut-il encore ne serait-ce qu’espérer rattraper le tir ? Plus les jours passent et plus la colère qui déborde sur la chaussée, dans les amphithéâtres, les usines, les assemblées générales, et désormais sur les places publiques de grandes villes de France, semble impossible à contenir. Hier, les organisations de jeunesse et les syndicats appelaient à une cinquième journée de mobilisation contre la loi travail. Cette fois, la colère ne se mesurait pas à la comptabilité de la participation aux défilés, s’agissant surtout d’un tour de chauffe à destination essentiellement des jeunes, lycéens et étudiants avant le nouveau grand rendez-vous de samedi. L’élévation de la température sociale se ressentait à l’extension du domaine de la lutte à un nouveau champ lexical dans la bouche de ceux qui se mobilisent pour désigner la loi El Khomri. « Symptôme », « catalyseur », « symbole »… Si le retrait du projet demeure le mot d’ordre, il est désormais le socle d’une lutte plus vaste, dont l’émergence des « Nuits debout » est la partie la plus visible, car elle « répond à un besoin criant d’expression, expliquait hier le spécialiste des mouvements étudiants Robi Morder, dans la Croix. Les débats qui s’organisent dépassent largement la loi travail. Les jeunes y parlent tout aussi bien état d’urgence, logement, projet de société… » Des jeunes, mais pas seulement, car « retraités, agriculteurs, associations font également rang derrière la nouvelle génération ». Une convergence pleine de promesses.

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