lundi 4 avril 2016

Loi travail. La tentative de diversion de Valls ne désarme pas le mouvement

Loi travail. La tentative de diversion de Valls ne désarme pas le mouvement

 
Des membres de l’Unef, dont William Martinet (à droite), président de l’organisation syndicale étudiante.
Photo : Reuters
Tandis que le premier ministre propose aux organisations de jeunesse de rouvrir les discussions sans revenir sur la réforme El Khomri, les initiatives et les prises de position se multiplient en faveur du mouvement social, qui prépare deux nouvelles journées d’action, demain et samedi.
Difficile de mobiliser… en faveur de la loi travail. Jeudi, alors que toutes les sources concordent pour estimer que les manifestants contre la loi étaient deux fois plus nombreux que le 9 mars, le gouvernement a reçu le renfort de la Commission européenne, par la voix de son vice-président, Valdis Dombrovskis. Le très libéral commissaire letton s’est félicité d’un projet « qui devrait relancer l’emploi », en ajoutant : « Nous surveillons avec attention le débat politique. » Pas sûr que cette « surveillance » de Bruxelles aide le gouvernement dans son travail d’« explication » de sa réforme.
Deux nouvelles journées d’action sont prévues contre le projet de loi El Khomri, demain et samedi, mais le pouvoir ne semble toujours pas prendre la mesure du rejet qu’il suscite dans le pays. Vendredi, Manuel Valls en a donné l’illustration en proposant aux organisations de jeunesse de rouvrir les discussions pour « améliorer l’ensemble des politiques publiques vers la jeunesse »... sans revenir sur la loi travail. À Orléans, le premier ministre s’est notamment dit « prêt à regarder » les propositions de l’Unef qu’il avait balayées le 12 mars, preuve que la pression sur le gouvernement a monté de plusieurs crans depuis. Mais si, à l’Élysée, on admet que « la mobilisation est significative », elle n’est « pas de nature à nous faire reculer », précise l’entourage de François Hollande. Bref, le pouvoir tente une diversion. Les organisations de jeunesse vont-elles tomber dans le panneau ? Du côté du syndicat étudiant, on jure que non. « L’Unef s’investira dans ces discussions en restant ferme sur ses revendications » et « réclamera à nouveau le retrait du projet de loi travail », assure sa direction.

Le succès du 31 mars enhardit les opposants

Il faut dire que, dans les facs, la résolution est intacte. À Paris-I (Tolbiac et la Sorbonne), les étudiants se sont réunis, vendredi, et ont décidé de « continuer la mobilisation » et de « poursuivre le travail d’information » auprès de la communauté universitaire. Ceux de Paris-VIII (Saint-Denis) réitèrent quant à eux leur « détermination sans faille ». Et le succès du 31 mars pousse les opposants au texte à s’enhardir, comme on le voit avec l’occupation de places publiques sous le mot d’ordre « Nuit debout » (lire en page 3), mais aussi avec la multiplication d’initiatives et de prises de position renforçant le mouvement. Après Paris, d’autres élus locaux déclarent leur soutien aux manifestants, à l’instar de la présidente de Reims Métropole, Catherine Vautrin (« Les Républicains », LR) et du député maire de la ville, Arnaud Robinet (LR), qui a soumis vendredi au vote des élus une motion intitulée « Ce n’est pas en détruisant les droits des salariés qu’on réduira le chômage ! ». Explication du PCF local : les deux élus avaient eu l’occasion d’échanger dans la manifestation du matin « avec les syndicalistes et ils ont, contre toute attente, été convaincus par ceux-ci des méfaits du projet »...

Plus de 760 amendements déposés sur le texte

Dans un autre registre, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann et l’économiste proche du PS, Thomas Piketty ont chacun étrillé le gouvernement ce week-end, la première appelant à « supprimer cette loi », l’autre montrant que, si le chômage a progressé depuis la crise financière de 2008, « ce n’est pas parce que subitement, en 2008, 2009 ou 2010, les contrats de travail sont devenus plus rigides ».
De leur côté, les parlementaires communistes, emmenés par le député André Chassaigne et la sénatrice Éliane Assassi, invitent demain soir, avec la commission économique du PCF, à débattre d’une proposition de loi alternative au projet El Khomri, en vue de « créer une sécurité d’emploi et de formation » (voir l’annonce en page 2). Jeudi, pendant la mobilisation, les sénateurs communistes avaient déjà donné du verbe et du geste en brandissant une pancarte exigeant le retrait de la loi travail dans l’hémicycle du palais du Luxembourg, pendant que leur présidente interpellait le gouvernement. « Pourquoi persistez-vous dans cette impasse libérale ? » interrogeait Éliane Assassi. Tandis que l’examen du texte doit commencer cet après-midi devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, l’intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL et Fidl a écrit aux députés pour leur demander de « rejeter ce projet ». En attendant, plus de 760 amendements ont d’ores et déjà été déposés, promettant une bataille longue et éreintante.

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