mardi 19 avril 2016

laissez-nous réver, monsieur Finkielkraut ! 

laissez-nous réver, monsieur Finkielkraut ! »
Camille Lainé
Mardi, 19 Avril, 2016
L'Humanité

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Patrick Nussbaum
point de vue Retour sur la venue, samedi à Paris, lors de la Nuit debout, du philosophe hué par une partie des participants. par Camille Lainé Secrétaire générale du Mouvement jeunes communistes
En mal de polémiques, nombre de responsables politiques de l’extrême droite au PS, de médias et d’intellectuels mainstream se sont emparés de la venue d’Alain Finkielkraut à la Nuit debout à Paris, samedi, et de son départ mouvementé pour décrédibiliser l’initiative. Relayée par une interview vidéo de l’intéressé sur le site de l’extrême droite, le Cercle des volontaires, cette tentative ne doit pas nous faire perdre de vue le fond du problème : peut-on encore, dans notre pays, s’opposer aux idées néoconservatrices et réactionnaires et proposer un chemin politique du progrès et du vivre-ensemble sans être attaqué de toutes parts ? Je l’espère. Car la Nuit debout n’est pas seulement un espace public où la parole politique y est ouverte, où la démocratie se veut renouvelée. C’est aussi un mouvement qui émerge pour construire une alternative à une société où règne la violence. La violence sociale, celle qui prive d’emplois des millions de personnes, qui vire, qui précarise, exploite. La violence étatique, celle d’un gouvernement qui impose l’état d’urgence, réprime avec violence les mouvements sociaux. Cette société-là, Alain Finkielkraut en est un des plus fervents promoteurs.
Le 29 février, il déclarait : « Pour encourager un chef d’entreprise à embaucher, il faut lui permettre de licencier sans trop de dommages, c’est ce à quoi vise ce plan El Khomri…» Je ne reviendrai pas sur l’équipe de France de football « black black black », la défense de son ami islamophobe Renaud Camus inventeur du « grand remplacement », les Antillais qui « vivent de l’assistance de la métropole », en passant par la révolte des banlieues jugée comme « un pogrom antirépublicain » ou plus récemment sur l’« accent des beurs » et des « Français de souche ». La haine et le mépris qu’exprime le « philosophe » Finkielkraut ne sont malheureusement qu’un concentré de ce qui se joue dans notre société, ici et là, sous des formes diverses. Ce que nous ­combattons, jeunes communistes, au-delà d’un individu manifestement inconséquent et à la dérive, c’est tout un climat de pensée, et l’expression décomplexée des idées et pulsions les plus basses. Ce que nous espérons, grâce à la Nuit debout, grâce aux mobilisations, c’est l’émergence de solutions nouvelles pour une société débarrassée de ses démons et de ceux qui les nourrissent. Alors oui, monsieur Finkielkraut, laissez-nous rêver. Laissez-nous espérer. Laissez-nous construire en paix ce que vous vous acharnez à détruire.

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