vendredi 28 avril 2017

Assistants parlementaires FN : le Parlement européen évalue la fraude à 5 millions d’euros


Assistants parlementaires FN : le Parlement européen évalue la fraude à 5 millions d’euros

JEAN-JACQUES RÉGIBIER
JEUDI, 27 AVRIL, 2017
HUMANITE.FR
Le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche. Photo : AFP
Le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche. Photo : AFP
Selon une nouvelle évaluation du Parlement européen, près de 5 millions d’euros de salaires auraient été versés frauduleusement à des assistants parlementaires de députés européens du Front National qui travaillaient en réalité pour le parti de Marie Le Pen. 17 députés européens du FN, dont Marine Le Pen, sont visés par ce détournement de fonds présumé.
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C’est une fraude considérable et beaucoup plus importante que celle initialement annoncée, que vient de mettre à jour le Parlement européen dans l’affaire de la triche présumée aux assistants parlementaires FN. Alors qu’en septembre 2015, les services du Parlement estimaient à 1,9 millions le montant des salaires versés à des assistants d’eurodéputés FN. qui auraient en fait été employés comme cadres ou permanents du parti de Marine Le Pen, le préjudice est évalué aujourd’hui à près de 5 millions d’euros, soit plus du double (4 978 122 euros). Une source proche du dossier au Parlement européen que nous avons contactée, confirme les informations de l’AFP émanant de l’avocat du Parlement européen Patrick Maisonneuve. C’est lui qui vient de transmettre aux juges d’instruction parisiens la nouvelle évaluation du préjudice subi par le Parlement européen dans cette affaire. « Il s’agit d’une actualisation des premiers chiffres qui avaient été fournis au moment de l’ouverture de la procédure, et qui porte désormais sur des fraudes qui  se seraient déroulées de 2012 à 2017, c’est-à-dire sur une période plus longue que celle initialement estimée. Cette somme, de presque 5 millions d’euros, a été mal dépensée, mal utilisée, pour le paiement d’assistants qui ne travaillaient pas comme assistants de députés européens. Nous venons de transmettre ces informations au Parquet, » confirme notre source.

17 députés visés

La fraude présumée concerne 17 députés, sur les 22 que compte le Front national au Parlement européen. C’est donc pratiquement l’ensemble du groupe qui est concerné, et parmi eux, tous les ténors du F.N, dont la candidate au second tour de la présidentielle en France, Marine Le Pen, ainsi que Florian Philippot, Louis Aliot, et Jean-Marie Le Pen. Certains députés seraient suspectés d’avoir salarié plusieurs assistants parlementaires à des tâches autres qu’européennes. Dans cette affaire la procédure de levée de l’immunité parlementaire de Marine Le Pen a été lancée la semaine dernière, et annoncée hier devant les députés européens en séance plénière à Bruxelles. Elle pourrait durer «  quelques mois » selon nos informations, le temps pour la Commission juridique du Parlement européen d’instruire la demande, d’établir un rapport et d’émette un avis « pour » ou « contre » la demande de levée d’immunité. C’est ensuite aux députés européens de se prononcer sur la base de cet avis, généralement suivi par l’assemblée.

Le filet judiciaire se ressert

Dans une autre affaire, celle des photos d’exécutions du groupe Etat islamique twittées par Marine Le Pen, l’immunité parlementaire de la présidente du Front national a déjà été levée par le Parlement européen le mois dernier à la demande du Parquet de Nanterre. Toujours selon notre source, « une troisième demande de levée d’immunité parlementaire de Marine Le Pen serait actuellement en cours d’instruction au Parlement européen. » Le Parlement européen réclame déjà à six députés européens FN de rendre les sommes qu’il estime avoir été détournées de leurs destination, pour un montant total de plus d’un million d’euros (1,1 millions) dont 340 000 euros pour Marine Le Pen qui a porté l’affaire devant les tribunaux européens. Le 10 mars dernier, Marine Le Pen a refusé de se rendre à la convocation des juges parisiens qui la convoquait en vue d’une possible mise en examen dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, en faisant valoir son immunité parlementaire. Catherine Griset, la cheffe de cabinet de Marine Le Pen a déjà été mise en examen pour « recel d’abus de confiance.»
Avec le lancement cette semaine de la procédure de levée d’immunité parlementaire, le filet judiciaire se ressert autour de la candidate à la présidentielle, tandis que la facture des détournements de fonds présumés des députés européens de son parti, monte en flèche.

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