mercredi 12 avril 2017

Présidentielle. Moi, ministre de la Culture...


Présidentielle. Moi, ministre de la Culture...

MARIE-JOSÉ SIRACH
MARDI, 11 AVRIL, 2017
L'HUMANITÉ
Aurillac, France - August 23, 2012: actors upside down in the street as part of the Aurillac International Street Theater Festival, show La diagonale du Fou.
Aurillac, France - August 23, 2012: actors upside down in the street as part of the Aurillac International Street Theater Festival, show La diagonale du Fou.
Ils sont écrivain, poète, musicien, metteur en scène, cinéaste, photographe, chorégraphe, plasticien… Ils débordent de propositions audacieuses, singulières, innovantes. Et remettent la culture au cœur des enjeux politiques.
La culture serait donc la grande absente de ces élections présidentielles… Ah bon ? Plutôt que de s’évertuer à faire un bilan comparatif des programmes des candidats à la présidentielle, plutôt que de demander à untel ou untel de nous dire les raisons de son vote, nous avons demandé à seize artistes, acteurs culturels, de se glisser dans la peau du ministre de la Culture. Tous ont joué le jeu. Aucun n’a respecté les longueurs demandées ! Comme si, passé l’angoisse de la page blanche, les idées surgissaient, rebondissaient, l’une en appelant une autre, celle-ci chassant celle-là. Ils sont artistes et citoyen-ne-s. Qu’ils soient poètes, musicien-ne-s, metteur(e) en scène, écrivain-e-s, photographes, bibliothécaires… tous ouvrent grand les portes des médiathèques, des théâtres, des musées, des écoles pour que l’art envahisse les rues, envahisse nos vies. Tous ont le souci de l’éducation, de la formation, de la transmission, de l’enseignement artistique comme outils d’émancipation de chaque futur citoyen. Les artistes sont généreux. Ils veulent partager. Ils veulent le meilleur pour chacun. Ils sont pourtant maltraités.
Les politiques culturelles d’aujourd’hui se font au coup par coup, au projet, avec des financements bouts de ficelle, des désengagements permanents de l’État, des collectivités territoriales asphyxiées, de l’arbitraire, de la suspicion. Les budgets sont en berne. Les entreprises culturelles sont désormais soumises à des règles purement comptables. Avec quel instrument mesure-t-on l’imaginaire? Beaucoup de candidats parlent de valoriser le patrimoine avec des trémolos dans la voix et à coups de tour-operateurs. Ceux-là conjuguent la culture au passé, au plus-que-parfait, ignorant que le patrimoine de demain, ce sont les créateurs d’aujourd’hui.
Les seize contributions qui suivent témoignent d’une dynamique, d’une intelligence créatrice de tous les instants qui conjuguent liberté et service public, audace et ténacité. C’est mal connaître les artistes, les poètes, que de croire encore qu’ils vivraient dans une tour d’ivoire. Leur engagement dans la création, auprès des publics pour favoriser l’accès aux œuvres de l’esprit, en fait des ministres de la Culture permanents. On mesure combien ils ne sont pas écoutés, entendus. Combien les décisions prises en matière de politique culturelle sont contre-productives, inefficaces, bureaucratiques. L’art, la création sont insoumis par nature. Il faut redonner du sens aux missions de service public en matière de politique culturelle, oser cette aventure émancipatrice, repenser le monde, la politique à travers l’art et la création.

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