Les députés européens jugent absurdes les menaces de sanctions de l’Europe contre l’Espagne et le Portugal
Jean-Jacques Régibier
Mercredi, 5 Octobre, 2016
Humanite.fr
« Absurdes », « dangereuses », « ridicules ». Les députés européens progressistes dénoncent les nouvelles menaces proférées en début de semaine par la Commission européenne, qui envisage de suspendre le versement des fonds destinés aux régions, si l’Espagne et le Portugal ne se plient pas strictement à la loi budgétaire dictée par l’Europe.
Correspondant à Strasbourg. Ce n’est pas la première fois que l’Espagne et le Portugal se retrouvent dans le collimateur de la Commission européenne. Déjà début juillet, celle-ci avait constaté que ces deux pays, qui sont pourtant dans une situation économique difficile, n’avaient pas respecté le sacro saint « pacte de stabilité et de croissance », ce carcan budgétaire qui oblige les états membres à maintenir leurs déficits à un niveau imposé par Bruxelles. Faute de quoi, c’est la sanction.
Sous forme d’amende d’abord ( elle peut atteindre 0,2% du PIB ), l’autre mesure de rétorsion consistant à suspendre le versement par l’Europe des « fonds structurels », ces subventions destinées à aider les projets de développement dans les régions en difficulté. Ces sanctions, si elles sont appliquées, constitueront une première dans l’histoire de l’Union européenne.
En juillet la Commission avait préféré temporiser, d’abord pour tenir compte de la situation économique difficile qu’affrontent l’Espagne et le Portugal, mais aussi parce qu’elle craignait, après la Grèce, d’être accusée une nouvelle fois de parti-pris politique contre les mobilisations populaires dans ces pays, relayées par des élections favorables à des partis de gauche. Mais ce n’était que partie remise. Voici que la Commission européenne remet ça.
Lundi, le vice-président de la Commission européenne, le Finlandais Jyrki Katenen, et la commissaire européenne à la politique régionale, la Roumaine Corina Cretu, sont en effet venus rappeler aux députés européens les sanctions auxquelles s’exposaient l’Espagne et le Portugal, si ces deux pays ne rentraient pas plus rapidement dans le rang budgétaire. Mais ils voulaient aussi tâter le terrain pour évaluer quelle pourrait être la réaction des députés si ces mesures de rétorsion inédites dans l’histoire de l’Europe, venaient à être prises contre deux états membres de premier plan. Il faut dire qu’après les critiques à boulet rouge contre les mesures d’austérité draconiennes exigées de la Grèce par l’U-E, la Commission européenne semble hésiter à ouvrir un nouveau front contre deux pays dont les populations se sont largement mobilisés contre les mesures d’austérité au cours des dernières années.
Les députés européens ont d’ailleurs réagi avec virulence aux menaces de la Commission européenne, notamment à celle qui propose de suspendre le versement des fonds destinés à favoriser les projets de développement économiques dans les régions en difficulté, une sanction non seulement scandaleuse et inédite, mais complètement improductive. « C’est injuste parce que les Etats membres sont pénalisés pour les décisions politiques et budgétaires qui sont hors de leur contrôle, » a ainsi expliqué le député français Younous Omarjee ( GUE / GVN ), ajoutant que priver les régions de ces subventions était par ailleurs « économiquement absurde parce que ces fonds structurels créent de l'emploi et de la croissance dans les Etats membres touchés par austérité. » « C’est également dangereux pour le projet européen, » a-t-il fait remarquer, dénonçant l’attitude de l’Allemagne qui se sert de la politique de cohésion de l’Union européenne « pour punir certains pays dans le cadre de ce qu’elle appelle la discipline budgétaire. »
Pour la députée portugaise Marisa Matias ( GUE / GVN, Bloco de Esquerda ), « ce qui est fait aujourd'hui par la Commission européenne est un acte de sabotage ». Elle dénonce les précédents régimes conservateurs au pouvoir « qui ont délibérément maintenu le Portugal et l'Espagne dans le marasme économique, juste pour que la Commission européenne puisse continuer à imposer ses politiques détestées, que les électeurs ont rejetées depuis longtemps."
"Il s’agit d’un abus de pouvoir », s’insurge-t-elle, « destiné à assujettir les peuples d'Espagne et du Portugal à l'austérité contre leur gré, et à les empêcher de décider de leur propre destin".
Tout aussi indignée, la députée espagnole Ángela Vallina ( Izquiedia Unida ) : « La suspension des fonds structurels irait à l’encontre même des règles de l’Europe qui exigent qu’en matière d’aide aux régions en difficulté, tous les états membres soient traités de manière égalitaire, » et rappelant que « jamais auparavant, la suspension des fonds n’a été appliquée à un pays simplement parce qu'il ne respectait pas le déficit. "
« L'euro, ses règles et ses mécanismes sont autant d'obstacles au développement souverain des Etats membres. Ils doivent être tous abrogés », a complété Manuel Viegas ( Parti communiste portugais ), tandis que pour le député catalan espagnol Ernest Maragall ( Verts/ ALE ), « c’est la règle même des 3% de déficit à ne pas dépasser qui est l’erreur, c’est cela qu’il faut changer. » Il ajoute que l’Europe tolère bien d’autres infractions à la règle commune quand ça l’arrange.
Les deux représentants de la Commission européenne ont reconnu, après leur échange avec les députés, qu’il fallait effectivement tenir compte des circonstances particulières dans lesquels se trouvaient les états avant d’appliquer aveuglément une règle. « Nous pensons que les deux gouvernements ( en Espagne et au Portugal, NDLR ) font de leur mieux dans une situation difficile, » a admis Jyrki Katenen. La Commission européenne devra bientôt se prononcer sur la suspension ou non des fonds à l’Espagne et au Portugal.
Pour les socialistes, la députée Pervenche Berès, membre de la Commission des affaires économiques au Parlement européen, s’est insurgée comme une éventuelle suspension des aides qu’elle a qualifiée de « ridicule ».
Sous forme d’amende d’abord ( elle peut atteindre 0,2% du PIB ), l’autre mesure de rétorsion consistant à suspendre le versement par l’Europe des « fonds structurels », ces subventions destinées à aider les projets de développement dans les régions en difficulté. Ces sanctions, si elles sont appliquées, constitueront une première dans l’histoire de l’Union européenne.
En juillet la Commission avait préféré temporiser, d’abord pour tenir compte de la situation économique difficile qu’affrontent l’Espagne et le Portugal, mais aussi parce qu’elle craignait, après la Grèce, d’être accusée une nouvelle fois de parti-pris politique contre les mobilisations populaires dans ces pays, relayées par des élections favorables à des partis de gauche. Mais ce n’était que partie remise. Voici que la Commission européenne remet ça.
Lundi, le vice-président de la Commission européenne, le Finlandais Jyrki Katenen, et la commissaire européenne à la politique régionale, la Roumaine Corina Cretu, sont en effet venus rappeler aux députés européens les sanctions auxquelles s’exposaient l’Espagne et le Portugal, si ces deux pays ne rentraient pas plus rapidement dans le rang budgétaire. Mais ils voulaient aussi tâter le terrain pour évaluer quelle pourrait être la réaction des députés si ces mesures de rétorsion inédites dans l’histoire de l’Europe, venaient à être prises contre deux états membres de premier plan. Il faut dire qu’après les critiques à boulet rouge contre les mesures d’austérité draconiennes exigées de la Grèce par l’U-E, la Commission européenne semble hésiter à ouvrir un nouveau front contre deux pays dont les populations se sont largement mobilisés contre les mesures d’austérité au cours des dernières années.
Les députés européens ont d’ailleurs réagi avec virulence aux menaces de la Commission européenne, notamment à celle qui propose de suspendre le versement des fonds destinés à favoriser les projets de développement économiques dans les régions en difficulté, une sanction non seulement scandaleuse et inédite, mais complètement improductive. « C’est injuste parce que les Etats membres sont pénalisés pour les décisions politiques et budgétaires qui sont hors de leur contrôle, » a ainsi expliqué le député français Younous Omarjee ( GUE / GVN ), ajoutant que priver les régions de ces subventions était par ailleurs « économiquement absurde parce que ces fonds structurels créent de l'emploi et de la croissance dans les Etats membres touchés par austérité. » « C’est également dangereux pour le projet européen, » a-t-il fait remarquer, dénonçant l’attitude de l’Allemagne qui se sert de la politique de cohésion de l’Union européenne « pour punir certains pays dans le cadre de ce qu’elle appelle la discipline budgétaire. »
Pour la députée portugaise Marisa Matias ( GUE / GVN, Bloco de Esquerda ), « ce qui est fait aujourd'hui par la Commission européenne est un acte de sabotage ». Elle dénonce les précédents régimes conservateurs au pouvoir « qui ont délibérément maintenu le Portugal et l'Espagne dans le marasme économique, juste pour que la Commission européenne puisse continuer à imposer ses politiques détestées, que les électeurs ont rejetées depuis longtemps."
"Il s’agit d’un abus de pouvoir », s’insurge-t-elle, « destiné à assujettir les peuples d'Espagne et du Portugal à l'austérité contre leur gré, et à les empêcher de décider de leur propre destin".
Tout aussi indignée, la députée espagnole Ángela Vallina ( Izquiedia Unida ) : « La suspension des fonds structurels irait à l’encontre même des règles de l’Europe qui exigent qu’en matière d’aide aux régions en difficulté, tous les états membres soient traités de manière égalitaire, » et rappelant que « jamais auparavant, la suspension des fonds n’a été appliquée à un pays simplement parce qu'il ne respectait pas le déficit. "
« L'euro, ses règles et ses mécanismes sont autant d'obstacles au développement souverain des Etats membres. Ils doivent être tous abrogés », a complété Manuel Viegas ( Parti communiste portugais ), tandis que pour le député catalan espagnol Ernest Maragall ( Verts/ ALE ), « c’est la règle même des 3% de déficit à ne pas dépasser qui est l’erreur, c’est cela qu’il faut changer. » Il ajoute que l’Europe tolère bien d’autres infractions à la règle commune quand ça l’arrange.
Les deux représentants de la Commission européenne ont reconnu, après leur échange avec les députés, qu’il fallait effectivement tenir compte des circonstances particulières dans lesquels se trouvaient les états avant d’appliquer aveuglément une règle. « Nous pensons que les deux gouvernements ( en Espagne et au Portugal, NDLR ) font de leur mieux dans une situation difficile, » a admis Jyrki Katenen. La Commission européenne devra bientôt se prononcer sur la suspension ou non des fonds à l’Espagne et au Portugal.
Pour les socialistes, la députée Pervenche Berès, membre de la Commission des affaires économiques au Parlement européen, s’est insurgée comme une éventuelle suspension des aides qu’elle a qualifiée de « ridicule ».
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