mercredi 30 décembre 2015

110 journalistes ont été assassinés en 2015

110 journalistes ont été assassinés en 2015

Mardi, 29 Décembre, 2015
Humanite.fr

Au terme de l’année 2015, le bilan est accablant : 110 journalistes ont été assassinés en raison de leur métier ou sont décédés de morts suspectes. Ils sont au moins 787 à avoir été tués dans l'exercice de leur profession depuis 2005. Établi chaque année depuis 20 ans, le bilan annuel des exactions contre les journalistes constitue un des piliers essentiels du travail de RSF, aux côtés de celles et ceux qui risquent leur vie pour nous informer.
Le nombre très élevé de reporters tués au cours de l’année, qui porte à 787 le total des journalistes tués dans l’exercice ou en raison de leurs fonctions depuis 2005, est imputable à une violence de plus en plus délibérée contre les journalistes. Il révèle aussi un échec des initiatives en faveur de la protection des journalistes. Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon affirmait dans son rapport annuel sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité le 6 août 2015 : “je suis profondément inquiet par l’incapacité à réduire la fréquence et l’ampleur des violences ciblées auxquelles sont confrontées les journalistes et l’impunité presque absolue pour de tels crimes.”
 
Des groupes non-étatiques perpètrent des exactions ciblées tandis que de trop nombreux États ne se conforment pas aux obligations assignées par le droit international. Le 27 mai 2015, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, appelait à la création d’un mécanisme d’application concret du droit international sur la protection des journalistes. Sans quoi il est à craindre que la résolution 2222, comme la 1738 adoptée en 2006, soit simplement… une bonne résolution. En 2014, deux tiers des reporters tués dans le monde l’avaient été en zones de conflits. En 2015, la proportion s’est complètement inversée : deux tiers des journalistes tués l’ont été “en temps de paix”.
 
Même dans les capitales éloignées des conflits armés, les journalistes peuvent être frappés, comme ce fut le cas le 7 janvier avec l’attaque de Charlie Hebdo à Paris. Le 8 octobre, le directeur de Charlie Hebdo, Riss, déclarait : “Nous n’avons quasiment jamais envoyé de journalistes en zone de guerre (...). Le 7 janvier, c’est la guerre qui est venue à nous”. Homicides liés ou non à leur profession ? Les motifs de la mort de 43 reporters au cours de l’année demeurent indéterminés, en raison du manque d’enquêtes officielles impartiales et approfondies, du fait de la mauvaise volonté des États ou de la difficulté dans des régions instables ou de non droit. Ces « motifs indéterminés » reflètent le problème de l’impunité des crimes commis contre les journalistes dans de nombreuses régions du monde (Amérique latine, Asie-Pacifique, Moyen-Orient et Afrique sub-saharienne).
 
L’attaque contre Charlie Hebdo fait de la France le troisième pays le plus meurtrier pour les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions en 2015. Une tragédie inédite : jamais un pays occidental n’avait connu une telle hécatombe. Depuis le mois de janvier, les journalistes ou collaborateurs de Charlie-Hebdo vivent sous haute protection. Certains se voient encore aujourd’hui contraints de changer régulièrement de logement. La journaliste chargée des questions de religion et d’islamisme expliquait en mai dernier qu’elle vivait tantôt à l’hôtel tantôt chez des proches. Elle insistait sur la difficulté d’exercer son métier avec de telles menaces, et notamment sur l’impossibilité de faire des reportages sous escorte policière. 

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