lundi 21 décembre 2015

Chine : une coulée de boue meurtrière ravage Shenzhen

Chine : une coulée de boue meurtrière ravage Shenzhen

Lundi, 21 Décembre, 2015
Humanite.fr

 

AFP
Un énorme glissement de terrain, dû au basculement d'un terril a fait près d'une centaine de disparus à Shenzhen, une ville industrielle du sud de la Chine aux portes de Hong Kong, où les sauveteurs tentent encore de dégager des survivants.
Une coulée de boue a frappé le parc industriel de Shenzhen, berceau du développement d'infrastructures massives et fer  de lance de l'économie chinoise, dans le sud du pays, dimanche 20 décembre. L'avalanche de terre et de boue provenait d’une ancienne carrière qui accueillait depuis des années les déchets des sites de construction de la région, jusqu’à former une colline artificielle de près de 100 mètres de hauteur. Les fortes pluies auraient pu finir par la faire céder. Des dizaines de bâtiments ont été détruits et 91 personnes englouties, selon un dernier bilan officiel.

Le glissement de terrain a aussi sectionné une conduite de gaz naturel et déclenché une explosion entendue jusqu'à quatre kilomètres, projetant des débris sur plus de dix hectares. Trente-trois bâtiments ont été ensevelis, dont deux dortoirs réservés aux travailleurs. Environ 900 personnes avaient pu être évacuées à temps, selon la presse locale.

He Weiming, un travailleur migrant logé avec sa famille dans un baraquement provisoire, était sans nouvelle de 16 de ses amis et proches, dont ses parents, sa femme et ses deux enfants. Tous ses appels au téléphone sont restés sans réponse, a-t-il raconté, effondré, sur le site internet de Tencent.
"Quand mon frère et moi sommes sortis le matin pour aller ramasser les ordures, notre maison était encore debout. Mais quand nous sommes revenus...elle était ensevelie sous la boue, on ne pouvait même pas voir le toit, à quatre mètres de hauteur".
Une femme, identifiée par son seul nom de famille, Mme Hu, a raconté au "Shenzhen Evening News" avoir vu la terre ensevelir le camion où se trouvait son père. "Cela fait des heures qu'il est enterré, nous sommes très inquiets", a-t-elle déclaré.
Plus de 1.500 secouristes et 104 camions de pompiers sont à pied d'oeuvre sur le site de la catastrophe, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

afp
Les témoins ont relaté avoir vu une masse de terre et de boue rougeâtre s'abattre sur cette zone industrielle de Shenzhen, une ville de plus de 10 millions d'habitants, frontalière de Hong Kong.
Lors d'une conférence de presse télévisée, le maire-adjoint de la ville, Liu Qinsheng, a évalué à 38 hectares l'étendue recouverte par l'énorme masse de terre, haute d'une bonne dizaine de mètres de hauteur.
Les causes de la catastrophe sont d'origine humaine, comme le suggérait le quotidien du ministère du Territoire et des Ressources, rapportant qu'une montagne de terre, issue de travaux de construction et détrempée par des pluies récentes, avait été accumulée illégalement.
Sur place, le site était étroitement bouclé par des dizaines de véhicules militaires de la police armée qui tenait à distance la presse et les journalistes chinois ont reçu pour consignes de s'en tenir strictement aux informations officielles. Mais certains tentent tout de même de faire leur travail.  Selon le correspondant du Monde sur place, citant le site d’information chinois Sohu "des signaux d’alerte avaient pourtant été donnés. Une étude d’impact environnemental a prévenu en janvier que la décharge de Hengtaiyu était un site à risque en raison d’une érosion des sols de la carrière susceptible de conduire à des effondrements." Toujours en ce qui concerne l'enquête concernant la responsabilité du désastre, le magazine d’information chinois Caixin précise le site où a eu lieu la catastrophe a été créé par une société locale de gestion d’immeubles, la Shenzhen Lü Wei Housing Management Company, qui a reçu en février 2015 le feu vert du gouvernement du district de Bao’an pour l’utiliser comme décharge temporaire pour des déchets de construction.
Le parc de Hengtaiyu, où a eu lieu l’incident, dans le nouveau district de Guangming, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Shenzhen, appartient au patchwork de zones industrielles qui constitue la périphérie de la mégapole : usines et ateliers de sous-traitance y côtoient des champs et des villages convertis en dortoirs pour migrants. Dans ces lieux qui ressemblent à des bidonvilles,  règne une anarchie urbaine bien différente de l’image " high-tech" que veut renvoyer, notamment à l'étranger, la célèbre « zone économique spéciale », où sont installés les grands noms de l’électronique chinoise et mondiale et où vivent près de 20 millions de personnes, dont beaucoup de déplacés de l'intérieur. A Shenzhen comme dans la ville voisine de Dongguan, le "développement économique" génére de lourdes séquelles écologiques et sanitaires.
Cette catastrophe n'est pas la première liée au développement du capitalisme sauvage dans le pays et rappelle celle de Tianjin où, en août dernier un entrepôt de produits toxiques avait explosé, provoquant des dégâts colossaux et révélant que les normes en matière de stockage et de comptabilité des produits avaient été grossièrement violées.

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