samedi 26 décembre 2015

Cinq semaines d’état d’urgence, 2 700 perquisitions et… une mise en examen


Cinq semaines d’état d’urgence, 2 700 perquisitions et… une mise en examen

ALEXANDRE FACHE
MARDI, 22 DÉCEMBRE, 2015
BILAN. En un peu plus d’un mois, l’état d’urgence a permis à la police de saisir des armes et de la drogue, mais pas de mettre à jour de nouveaux réseaux djihadistes. Une seule mise en examen pour terrorisme a été prononcée.
Voté très largement dans la foulée des attentats du 13 novembre, l’état d’urgence a-t-il, au-delà même des atteintes aux libertés qu’il contient, été efficace dans la lutte contre le terrorisme ? On peut en douter. Certes, aucune nouvelle attaque n’a été perpétrée sur le territoire national après le déploiement de forces policier, l’interdiction des manifestations, les 2700 perquisitions administratives menées entre le 14 novembre et le 16 décembre, ou encore les 360 assignations à résidence mises en place par le ministère de l’Intérieur. Mais aucune n’a semble-t-il été déjouée grâce à ce branle-bas de combat sécuritaire.
A ce jour, une seule mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste a été prononcée à l’encontre d’un ressortissant tchétchène de 27 ans, qui avait été assigné à résidence à Tours. Lors d’une perquisition administrative à son domicile, les policiers avaient notamment mis la main sur une vidéo dans laquelle il faisait allégeance à l’Etat islamique. Pendant sa garde à vue, l’homme a bien reconnu avoir mis en ligne ladite vidéo mais nié toute volonté de mener une action terroriste. Au total, trois enquêtes antiterroristes ont été déclenchées à la suite de ces perquisitions, dont celle concernant ce ressortissant tchétchène, arrivé en France à l’adolescence avec sa famille.
S’ils n’ont pas démantelé de nouveaux réseaux djihadistes, les policiers n’ont toutefois pas perdu leur temps. « 431 armes, dont 41 armes de guerre, ont été saisies en trois semaines, ce qui représente un tiers des saisies d'une année », avançait le 15 décembre Bernard Cazeneuve. 488 procédures judiciaires ont été engagées, dont 167 pour infraction à la législation sur les stupéfiants. « Saisir des armes ou de la drogue, c’est très bien, mais cela a peu avoir avec la lutte antiterroriste », souligne Me Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme. Peu habitués à communiquer, la conférence nationale des procureurs de la République a, elle, tiré la sonnette d’alarme vendredi, évoquant une justice en surchauffe depuis les attentats du 13 novembre. Iles procureurs ont d’ailleurs annoncé vouloir mettre entre parenthèse certaines de leurs activités, comme la prévention de la délinquance ou la participation à la politique de la ville, pour se concentrer sur les actions « présentant un intérêt opérationnel ». Sans réaction pour le moment du côté de la Chancellerie.

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