jeudi 1 septembre 2016

Déchoir Morano de ses fonctions politiques

Déchoir Morano de ses fonctions politiques

Kamel Meziti Historien, auteur
 
KAMEL MEZITI
DR
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L’élue LR a osé proposer de déporter les femmes voilées
Au moment où notre vivre-ensemble est en péril avec une actualité mortifère, nous avons plus que jamais besoin de cohésion et non de division. Et pourtant, les musulmans sont devenus l’obsession d’une certaine classe politique, comme le judaïsme l’était au XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Le musulman est aujourd’hui le souffre-douleur, le punching-ball de responsables politiques, irresponsables pyromanes en quête de reconnaissance. Taper sur les musulmans s’inscrit dorénavant dans une stratégie politicienne des plus indignes pavant les plans de carrière et les ambitions personnelles qui ne s’embarrassent plus de scrupules ou d’éthique.
Ainsi en va-t-il de Nadine Morano, multirécidiviste avec ses logorrhées haineuses à l’endroit des musulmans de France. On connaissait Donald Trump et ses vilaines sorties médiatiques aux États-Unis… proposant la déportation des musulmans. On a désormais Mme Morano et ses acolytes au pays des Marvels, dans le rôle du vilain bouffon vert aux grimaces menaçantes, dégoulinant de haine visqueuse. Après son apologie de la « race blanche », « l’invasion arabo-musulmane » et autres dérives contrôlées, cette députée européenne a franchi la ligne rouge de l’abjection en défendant la « déportation » de femmes voilées et en les assimilant aux nazis ! La prochaine étape sera-t-elle le croissant jaune ?
Une élue LR, candidate à la fonction suprême en 2017, qui déverse sa haine d’une manière si décomplexée constitue une perversion et une insulte aux valeurs républicaines. On savait Mme Morano pathétique, on lui reconnaît aujourd’hui un côté pathologique empreint de dangerosité pour notre cohésion nationale et notre bon vivre-ensemble.
La trouvaille du bouc émissaire de l’heure (le musulman) s’inscrit dans des petits calculs mesquins qui ne présagent rien de bon pour le pays, surtout dans le contexte sécuritaire actuel et à la veille d’échéances électorales majeures. On demande avec insistance aux musulmans de se désolidariser du terrorisme (comme s’ils ne condamnaient pas ce fléau, eux qui en sont souvent les premières victimes au sens propre comme au sens figuré) ! Et si nos politiques faisaient preuve de responsabilité en condamnant fermement les dérives périlleuses de leurs pairs ? Cela, à coup sûr, leur donnerait un peu plus de crédibilité et contribuerait à redorer le blason de la politique.
Nadine Morano, potentiellement grande lectrice du Prince de Machiavel, a peut-être parcouru le Petit Prince de Saint-Exupéry, qui lui laisserait quelques espoirs de rédemption, de réhabilitation humaniste, de renaissance intellectuelle. J’en doute car son horizon semble se résumer à la confrontation, la stigmatisation et l’offense. Et si les éléments de langage soigneusement utilisés par elle et ses acolytes révélaient une psyché tourmentée qui appelle de ses vœux un univers tyrannique et morose, lui-même puisant ses sources dans des références « nazies » transposées au bouc émissaire conjoncturel du moment ?
Mme Morano a opté pour la formule « musulmans = paillasson de la République ». Tolérance zéro pour les diatribes et l’incitation à la haine. La justice doit être intransigeante notamment à l’égard des responsables politiques censés incarner l’exemplarité ! Ils doivent être sanctionnés au nom même des lois qui nous régissent.
Poursuivre Nadine Morano et la déchoir de ses fonctions politiques devient dès lors une œuvre de salubrité publique. Tel Sisyphe, nous sommes tous acculés à pousser perpétuellement le rocher du vivre-ensemble et de la fraternité alliés à la justice.
À défaut, notre bateau France risque d’entamer un long voyage au bout de la nuit !

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