mardi 23 février 2016

Abattoirs du Vigan, le ministre ordonne une enquête et après ?

Abattoirs du Vigan, le ministre ordonne une enquête et après ?

Daniel Roucous
Mardi, 23 Février, 2016

C’est au tour de l’abattoir bio du Vigan (Gard) de se faire épingler par l’association L214. Le ministre de l’Agriculture a ordonné une enquête, les associations et consommateurs s'inquiètent.
Suite aux révélations de l’association L214 qui montre, après Alès, des actes de maltraitance et non conformes aux règles d’abattage consultables ici le ministre de l’Agriculture a ordonné une enquête.
Dans un communiqué du 23 février 2016, il réaffirme « son indignation face à des pratiques inacceptables » et rappelle qu’il a donné « dès novembre 2015 instruction aux préfets de s’assurer de la prévention de tout acte de maltraitance lors de l’abattage. »
Questions : pourquoi alors ça continue qui plus est dans un abattoir bio ? Pourquoi la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux dans les abattoirs demandée par les parlementaires du groupe d’étude protection animale, suite à la fermeture des abattoirs d’Alès a été abandonnée par le gouvernement ?
Quid des effectifs vétérinaires jugés insuffisants pour assurer la surveillance des abattages mais aussi la sécurité sanitaire ? Et les conditions de travail ?
Il s’agit là de questions de fonds sans réponse soulevées dans notre enquête ici
De plus ce n’est pas qu’une question de maltraitance animale mais aussi sanitaire ou ça peut le devenir. En effet, les photos sont parlantes et pas rassurantes pour le consommateur surtout dans un abattoir bio.
Ca peut aussi donner à spéculation, à savoir que pour parer au plus pressé, par manque d’effectifs, à des seules fins commerciales, tous les abattoirs fonctionnent plus ou moins ainsi qu’ils soient conventionnels, bios ou halals.
Comme rien ne bouge, une fois les enquêtes reléguées dans les tiroirs, l’association OABA qui défend les règles strictes d’abattage dans les abattoirs, a décidé d’engager des suites judiciaires nationales et européennes. Elle insiste pour que les effectifs vétérinaires soient immédiatement renforcés  aux postes d’abattage de tous les abattoirs et que les infractions soient sanctionnées sévèrement.
Le Vigan était pourtant réputé comme abattoir de proximité pratiquant à 100% l’étourdissement avant mise à mort (saignée, électrocution).

Rappel des règles d’abattage dans les abattoirs

La loi dit bien que les abattoirs agréés doivent être conçus, construits, entretenus et utilisés de manière à épargner aux animaux toute excitation, douleur et souffrance évitables (articles R214-67 à R214-72 du code rural).
Cela veut dire qu’il doit être procédé dans cet ordre :
- immobilisation par un procédé mécanique conforme de l’animal qui ne doit en aucun cas être suspendu avant d’être étourdi et mis à mort ;
- étourdissement de l’animal après immobilisation et avant mise à mort ;
- saignée le plus tôt possible après l’étourdissement et avant que l’animal ne reprenne conscience.
Dérogations
Ce procédé est quelque peu différent dans les cas suivants :
- les volailles et les lapins peuvent être suspendus avant étourdissement,
- l’étourdissement après immobilisation n’est pas obligatoire lorsqu’il s’agit d’abattage rituel,
- la mise à mort sans saignée des volailles et lapins (lagomorphes) peut être remplacée par des méthodes traditionnelles reconnues,
- la mise à mort d’urgence d’un animal dangereux.
L’abattage rituel
Certes les fêtes musulmanes (Aïd) et juives permettent aux éleveurs ovins-caprins de mettre un beau morceau de beurre dans leurs épinards. Cependant ce n’est pas une raison pour abattre les animaux n’importe où et n’importe comment. Déjà que ce rite bénéficie d’une dérogation, celle de la mise à mort de l’animal sans étourdissement.
La loi est formelle (articles R214-70, R214-73 à R214-75 du code rural), l’abattage rituel doit être exécuté dans un abattoir agréé par un sacrificateur agréé par un conseil régional du culte sous la responsabilité du préfet. Pas question d’abattage à la ferme, à domicile ou dans un abattoir clandestin.
L’abattage devant être pratiqué dans un abattoir agréé y compris temporaire agréé par le préfet, il est procédé comme indiqué ci-dessus. Sauf que l’étourdissement n’est pas obligatoire. Il est toutefois OBLIGATOIRE si le matériel de contention fait défaut ou n’est pas aux normes comme par exemple une simple berce.
Il va de soi que l’immobilisation par un procédé mécanique doit être maintenue pendant la saignée.
Par contre pas de dérogation à la suspension avant mise à mort, c’est interdit.

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