lundi 29 février 2016

Notre-Dame-des-Landes. Un référendum en questions

Notre-Dame-des-Landes. Un référendum en questions

Marie-Noëlle Bertrand
Lundi, 29 Février, 2016
L'Humanité

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À pied ou à vélo, à la périphérie de Nantes, samedi, les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont de nouveau manifesté aux abords du site projeté pour la réalisation de la structure.
Photo : Jean-Sébastien Évrard/AFP
Les opposants au projet d’aéroport ont manifesté samedi. Après l’annonce d’une consultation, sa pertinence continue de faire débat.
Ils veulent croire en leur victoire, mais ne tombent pas d’accord quant à la stratégie à suivre pour la remporter : les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont de nouveau manifesté, samedi, en périphérie de Nantes. Quinze mille personnes selon la police, le triple selon les organisateurs, se sont retrouvées à pied ou à vélo sur la voie rapide, aux abords du site projeté pour la réalisation de la structure. « Cette manifestation est importante pour montrer aux politiques que nous sommes les plus nombreux », lançait un porte-parole de la Coordination des opposants, dans une allusion au référendum annoncé par François Hollande, le 11 février dernier. Censée aider à trancher ce dossier vieux de plus de vingt ans, la démarche continue de confronter les avis, y compris chez les manifestants.
Il y a ceux qui, comme Ronan Dantec, non seulement l’approuvent, mais la revendiquent. « Je défends l’idée d’un référendum depuis quatre ou cinq ans et je l’ai portée auprès de François Hollande à plusieurs reprises », explique le sénateur EELV de Loire-Atlantique, qui manifestait ce samedi, dans un entretien accordé le même jour au journal Presse Océan. « L’État n’a jamais joué franc jeu sur ce dossier, en fournissant des études fantaisistes ou bâclées. Le référendum lui offre l’occasion de remettre les compteurs à zéro. » Et de plaider pour « une tierce expertise, confiée à un cabinet international indépendant ».
Et il y a ceux qui ne sont plus prêts à faire confiance au gouvernement. « On ne peut pas organiser un référendum sur la base d’un dossier tronqué… », note Willem, éleveur laitier de 28 ans, récemment installé sur la ZAD (zone d’aménagement différé, rebaptisée zone à défendre). En cause, dans les paroles du jeune homme : une étude sur l’utilité économique du projet d’aéroport portée à l’enquête publique en 2007, et que les associations disent avoir eu toutes les peines à obtenir. « Il a fallu saisir la commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour finir par avoir une synthèse parcellaire de cette étude », déplore Françoise Verchère, coprésidente du Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport (Cedepa). Au final, les résultats que celle-ci avance sont contestés par les organisations d’opposants.

« Au final, des gens qui risquent de voter pour ou contre la ZAD… »

Plus globalement, celles-ci redoutent que le référendum ne soit biaisé, et que la question des alternatives au projet ne soit noyée dans le contexte. « Au final, les gens risquent de voter pour ou contre la ZAD… », souligne-t-on. Reste, quoi qu’il en soit, toujours la même question : partisans ou opposants au projet d’aéroport seront-ils prêts à entendre la réponse au référendum, quelle qu’elle soit ? Beaucoup en doutent. De fait, la légitimité démocratique de la démarche se voit sévèrement attaquée. Par les opposants au projet, donc, mais également par ses partisans. Cette décision présidentielle « bafoue la parole portée par trois présidents de la République, six premiers ministres, (deux) régions, (deux) départements, (quatre) agglomérations, et porte un sérieux coup à la légitimité des élus locaux et de l’État », réagissait ainsi, peu après l’annonce, Alain Mustière, président de l’association Des ailes pour l’Ouest, chaudement partisane du projet. On voit mal, dans ces conditions, comment les uns ou les autres pourront admettre la validité de la démarche et de son résultat.

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