mercredi 24 février 2016

Il nous faut innover pour fédérer dans un monde fini


Il nous faut innover pour fédérer dans un monde fini

Gérard Le Puill, journaliste et auteur(*)
Mercredi, 24 Février, 2016
Humanite.fr
Alors que les candidats à la primaire des droites n’en finissent pas de se déclarer, le débat parmi le partisans de la transformation économique et sociale à gauche peine à se confronter aux grands enjeux de notre époque. Car il existe, à gauche aussi, une sous estimation des changements à opérer dans l’économie pour freiner le réchauffement climatique.
Hier soir, peu avant les journaux télévisés de 20 heures, Bruno Le Maire se mettait en scène à Vesoul en demandant à ses fans s’il était « trop jeune » pour devenir président de la République. Avant même la fin de ces journaux télévisés, LCP lançait une émission qui se voulait une analyse politique. Elle produisait maints témoignages désabusés de militants socialistes face à la politique du gouvernement. Des « experts » socialisants présents sur le plateau sortaient ensuite ces propos de leur contexte pour expliquer au téléspectateur que les dirigeants socialistes deviennent réalistes quand ils sont aux affaires et dogmatiques, car plus à gauche, quand ils sont dans l’opposition . Du coup, les phrases d’Emmanuel Macron passaient en boucle pour expliquer au bon peuple qu’il faut s’adapter au réel, ce réel étant le fonctionnement sans entraves du mode de production capitaliste.
Dans la « famille » politique de Sarkozy, chaque candidat à la primaire joue désormais à « plus à droite que moi tu meurs ». A gauche, ceux et celles qui veulent une alternative à la politique actuelle ne s’en sortiront pas en se contentant de choisir le candidat le plus consensuel possible pour tenter de prendre la place de l’actuel locataire de l’Elysée. Bien qu’elles aillent au-delà de ce débat sur le choix d’une seule candidature, les avis qui s’expriment dans l’Humanité sous le titre « Et maintenant comment reconstruire la gauche?» se doivent d’aller au-delà de simples appels à la réflexion. 
Les interventions de Daniel Couqueberg et Clémentine Autain dans l’Humanité du 8 février laissaient entrevoir le travail qui reste à faire pour bâtir un projet. Lui parlait de centrer le débat « sur le projet ou plutôt les valeurs que nous voulons mettre en avant ». Elle résumait « nos tâches » en deux verbes : « fédérer et innover ».
Il est urgent d’innover pour fédérer dans un monde fini marqué par le réchauffement climatique. En plus des exigences de rémunération des fonds investis, la logique de fonctionnement du capitalisme mondialisé débouche sur une surconsommation permanente de matières premières au regard de la production finale de biens, tout en provoquant une spirale de régression sociale. On ne peut pas s’adapter à un tel système. Car l’individu qui vend sa force de travail est, lui aussi, réduit à l’état de matière première, exploitable puis jetable. Les réformes annoncées en France concernant le code du travail et l’indemnisation du chômage s’inscrivent dans ce processus mortifère. Le cas de la Grèce nous montre aussi que ce capitalisme prédateur peut finir par détruire une société civilisée en dépit de la mise en place d’un gouvernement opposé à cette politique.
Une pénurie mondiale de nombreuses matières premières aura lieu avant la fin du siècle en cours. Néanmoins, il a suffit que la Chine freine un peu ses achats de matières premières fossiles depuis deux ans pour leurs prix soient en forte baisse. La chute du prix du pétrole est la plus spectaculaire en raison de la politique d’augmentation de l’offre voulue par l’Arabie saoudite afin de ruiner certains concurrents. Avant comme après la Cop 21, cette situation aberrante n’a fait l’objet de la moindre critique chez les décideurs politiques français, ni chez les économistes en phase avec ce capitalisme prédateur. 
On en oublie que le fonctionnement de notre système de production est fondé depuis deux siècles sur la théorie des « avantages comparatifs», à quoi s’est ajoutée la théorie de la « destruction créatrice ». Cette dernière, stimulée par la politique de l’offre, est devenue plus destructrice que créatrice. Avec les effets cumulés de ces deux théories, l’économie fonctionne en surconsommant des matières premières qu’il est urgent d’économiser. De plus il accélère le réchauffement climatique sur fond dumping fiscal, social et environnemental. Ce système ne peut pas inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre mais risque de déboucher sur un effondrement des sociétés.
En France, la construction d’un projet alternatif au système actuel doit partir de la nécessité impérative de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre afin de freiner le réchauffement. Tout en luttant pour réduire les inégalités sociales, il est urgent de bâtir un projet fondé sur la sobriété capitalistique, la durabilité des outils de production comme des biens produits. Cela suppose d’avoir une politique d’aménagement du territoire qui rompe avec la spéculation foncière et immobilière. Les mégapoles énergivores créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent via la concentration d’activités au cœur de l’agglomération et l’étalement rurbain de l’habitat à des dizaines de kilomètres à la ronde. Cette politique transforme aussi les cantons ruraux en déserts. Elle favorise la déprise industrielle et immobilière dans les villes moyennes.
Il faut refonder notre politique industrielle et agricole en visant une répartition harmonieuse des activités sur tout le territoire, en privilégiant

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