dimanche 28 février 2016

Turquie: liberation de deux journalistes d'opposition

Turquie: liberation de deux journalistes d'opposition

Vendredi, 26 Février, 2016
Humanite.fr

Deux journalistes turcs incarcérés depuis trois mois pour avoir dénoncé les livraisons d'armes du gouvernement  d'Erdogan à des rebelles islamistes en Syrie, ont été libérés de prison vendredi. Ils seront toutefois jugés lors d'un procès en mars.
Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, ont été libérés ce vendredi après que la Cour constitutionnelle a rendu un jugement en leur faveur. Les deux hommes ont été accueillis par leurs proches et leurs soutiens à la sortie du centre de détention de Silivri, à la périphérie d'Istanbul, devant les caméras de télévision.
La Cour constitutionnelle, la plus haute autorité judiciaire du pays, avait ordonné jeudi qu'un tribunal pénal les libère : "leurs droits à la liberté personnelle et à la sécurité ont été violés" avait-elle statué. "Je pense que c'est une décision historique", a déclaré à sa sortie de prison Can Dündar. "Elle s'applique à tous nos collègues, à la liberté de la presse et à la liberté d'expression". "Nous allons continuer (à nous battre) pour la liberté de la presse jusqu'à ce que le camp de concentration que vous voyez derrière nous devienne un musée", a lancé le journaliste de 54 ans.
Adversaires du régime islamo-conservateur turc, les deux journalistes sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'Etat et de tentative de coup d'Etat, et écroués depuis la fin novembre. En cause, la diffusion en mai d'un article et d'une vidéo sur l'interception par des gendarmes turcs en janvier 2014 à la frontière syrienne de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes en Syrie, une crise dans laquelle la Turquie s'est progressivement enlisée.
Publié à quelques jours des élections législatives de juin 2015, l'article incriminé avait provoqué la fureur du président turc, dont le gouvernement a toujours catégoriquement nié tout soutien aux groupes islamistes hostiles au président syrien Bachar al-Assad, dont il réclame avec insistance le départ depuis le début de la guerre civile en Syrie. Les autorités avaient alors affirmé que le convoi intercepté contenait de "l'aide" destinée aux turcophones de Syrie. Le chef de l'Etat, qui a personnellement porté plainte contre les deux journalistes avait promis qu'ils allaient payer "le prix fort".
Le parquet d'Istanbul a requis à leur encontre la prison à vie, provoquant une onde de choc, et fixé la date de l'ouverture de leur procès au 25 mars. Les deux hommes restent sous contrôle judiciaire et il leur est interdit de quitter le territoire turc. Mais de l'avis des experts juridiques, la cour d'assises qui les jugera "devra prendre en considération les arguments de la Cour constitutionnelle" et l'acte d'accusation pourrait être amendé. L'incarcération des deux journalistes, depuis 92 jours déjà, a suscité un tollé en Turquie comme hors de ses frontières: une campagne internationale a été entamée pour réclamer leur libération.

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