jeudi 15 décembre 2016

Climat. Trump lance la chasse aux sorcières

Climat. Trump lance la chasse aux sorcières

Éric Serres
Jeudi, 15 Décembre, 2016
L'Humanité

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Rick Perry, ancien gouverneur du Texas, passe secrétaire d’État à l’Énergie. En 2011, il pronait la suppression de ce même ministère... Photo : Drew Angerer/Getty Images/AFP
Rick Perry, ancien gouverneur du Texas, passe secrétaire d’État à l’Énergie. En 2011, il pronait la suppression de ce même ministère... Photo : Drew Angerer/Getty Images/AFP
Un questionnaire envoyé au département de l’Énergie démontre clairement la résolution du nouveau président des états-Unis de s’attaquer aux politiques écologiques.
À partir du 20 janvier, date de l’investiture de Donald Trump, il ne va pas faire bon être un défenseur de l’environnement. À mesure que l’équipe du 45e président des États-Unis se met en place, la certitude que la lutte contre le réchauffement climatique ne sera pas sa priorité se confirme.
Déjà, en nommant Scott Pruitt à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), Donald Trump avait cimenté sa volonté de « mettre fin à l’intrusion de l’EPA dans nos vies ». L’homme est en effet un allié du secteur des énergies fossiles, et a longtemps mené une bataille judiciaire afin d’annuler les réglementations visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon. Comme si cela ne suffisait pas, et en sus d’avoir affecté le PDG d’Exxon Mobil, Rex Tillerson, au poste de secrétaire chargé de la diplomatie, Trump vient à présent de nommer le Texan Rick Perry au poste de secrétaire d’État à l’Énergie. Là encore le portrait est truculent : en 2011, cet ancien candidat à la primaire républicaine avait promis de supprimer trois ministères... dont celui de l’Énergie (DOE).

Les fonctionnaires dans la ligne de mire de Donald Trump

C’est justement dans ce département, qui compte 90 000 employés, que l’inquiétude s’est installée. La semaine dernière, un questionnaire pour le moins étrange lui a été transmis. Soixante-quatorze questions, visant soi-disant à permettre aux futurs membres de l’administration de se faire une idée des dossiers en cours. Mais la lecture interroge les intentions réelles. Si certaines questions sont banales – Combien peut-on nommer de sous-secrétaires à l’énergie ? – d’autres sont, en revanche, inquiétantes, rapporte le Washington Post. Ainsi est-il demandé quels projets pourraient être arrêtés afin de réduire de 10 % en un an le budget du département. L’équipe du futur président veut également savoir comment ont été calculés les coûts de production des énergies renouvelables. Un thème cher à Donald Trump, lequel a souvent mis en doute les statistiques sur l’énergie solaire. Plus inquiétant encore, et relevant de la chasse aux sorcières de Salem ou d’ailleurs, la garde renforcée du président exige la liste de tous les fonctionnaires et des consultants employés par le DOE ayant établi le coût social du carbone, lequel démontre l’importance de réduire la part des énergies fossiles. Et ce n’est pas fini : il est aussi réclamé la liste des fonctionnaires et des consultants ayant, depuis cinq ans, assisté ou participé à des sommets climatiques de l’ONU, ainsi que toutes les publications scientifiques des 17 laboratoires nationaux du DOE des trois dernières années. « Cela ressemble à une première ébauche de liste d’ennemis politiques éventuels », explique sous le sceau de l’anonymat un employé, interrogé par l’agence de presse Reuters.
Il faut dire que le projet de politique énergétique de Donald Trump a de quoi électrocuter : se retirer de l’accord de Paris, accroître l’exploitation des énergies fossiles, autoriser rapidement les terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié, détruire les bases juridiques des politiques climatiques, développer les oléoducs ou encore assouplir les normes de consommation des véhicules.
Face à un tel déluge de mauvaises intentions, une centaine de scientifiques américains ont signé une pétition afin que l’équipe Trump respecte leur intégrité scientifique. Ce n’est pas gagné.
Rick Perry n’aime pas le vert mais reste accro à l’or noir
Rick Perry, ancien gouverneur du Texas qui s’est toujours déclaré sceptique quant à la réalité du réchauffement climatique, siège au conseil d’administration d’Energy Transfer Partners. L’entreprise est derrière le projet controversé d’oléoduc dans le Dakota du Nord, et dont le tracé a été rejeté.

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