jeudi 15 décembre 2016

Turquie. Tout est prétexte pour réprimer les démocrates

Turquie. Tout est prétexte pour réprimer les démocrates

Pierre Barbancey
Mardi, 13 Décembre, 2016
L'Humanité

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Deux attaques à la bombe ont fait près de cinquante morts, samedi soir à Istanbul. Photo : Ozan Kose/AFP
Deux attaques à la bombe ont fait près de cinquante morts, samedi soir à Istanbul. Photo : Ozan Kose/AFP
Les arrestations se multiplient après l’attentat d’Istanbul, revendiqué par une organisation opposée au PKK.
Pour le président turc, Recep Erdogan, et sa formation, le Parti du développement et de la justice (AKP), le double attentat perpétré à Istanbul et qui a fait 44 morts (dont 36 policiers) ne pouvait pas mieux tomber pour justifier sa politique de répression tous azimuts, la remise en cause des libertés publiques et, au bout du compte, toute forme d’expression démocratique.
L’attaque sanglante a été revendiquée par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), désignés faussement comme liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette organisation est apparue sur la scène politique au milieu de l’année 2004. On sait peu de chose d’elle. Un secret bien gardé qui permet tout particulièrement les contradictions politiques. Par exemple, les communiqués émanant du TAK se réfèrent à Abdullah Öcalan, le leader du PKK toujours emprisonné, mais dénoncent la politique de ce même PKK avec lequel les liens ont été coupés à cause d’une orientation et des « méthodes de lutte passives ». Le TAK a revendiqué plusieurs attaques cette année, notamment celles de février (28 morts) et de mars (37 morts) à Ankara, ainsi qu’une attaque à la moto à Istanbul au mois d’octobre, tuant 10 personnes. Le TAK affirme aujourd’hui ne pas vouloir s’en prendre au peuple turc mais l’attaque de samedi s’est déroulée à proximité du stade de l’équipe de football de Besiktas, dans un quartier très fréquenté d’Istanbul. Le TAK, qui se dit engagé dans une « guerre de la vengeance », est, selon de nombreux observateurs, manipulé par les redoutables services de renseignements turcs, le MIT.

Une dizaine de députés ont déjà été placés en détention

Pour le pouvoir turc, c’est une véritable aubaine qui lui permet de relancer la répression contre les militants du Parti démocratique des peuples (HDP), dont les principaux leaders sont déjà emprisonnés, notamment Selahattin Demirtas, le coprésident. Une dizaine de députés ont déjà été placés en détention début novembre dans le cadre des purges menées après la tentative de putsch de juillet et la levée de l’immunité parlementaire de la plupart des élus du HDP. Depuis dimanche, près de 200 militants du HDP ont été arrêtés et jetés en prison, sous prétexte d’appartenance au PKK. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici.
Prenant prétexte de cet attentat, l’armée turque a frappé des positions du PKK au nord de l’Irak, dans la région de Zab, affirmant avoir détruit le quartier général de l’organisation kurde, pourtant engagée dans des combats contre Daech.

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