mardi 6 décembre 2016

Grippe aviaire, ça craint pour les éleveurs, pas pour la consommation

Grippe aviaire, ça craint pour les éleveurs, pas pour la consommation

Daniel Roucous
Mardi, 6 Décembre, 2016
Humanite.fr
  
AFP/Medhi Fedouach
Le ministère de l’agriculture vient de déclarer la grippe aviaire à risque élevé sur l’ensemble du territoire. Qu’est-ce que cela implique pour les éleveurs et à la consommation ?
La grippe aviaire alias influenza aviaire H5N8 a déjà sévi l’an passé à la même époque. Ca tombe donc encore une fois à la veille des fêtes de Noël et de fin d’année et ça interroge les consommateurs.
Mais c’est surtout un drame humain et économique pour les éleveurs concernés puisque un ou quelques volailles grippées équivalent à l’abattage de tout l’élevage. Ca touche aussi les rassemblements de volailles vivantes (marchés, foires etc.) et la chasse.
En effet, en déclarant « élevé sur l’ensemble du territoire national le risque épizootique d’influenza aviaire»  par arrêté du 5 décembre 2016, le ministre de l’agriculture a du arrêté des mesures en matière de surveillance sanitaire, de biosécurité et de conditions de rassemblement d’oiseaux et d’exercice de la chasse.

Quelles sont les mesures prises ?

Ce principe de précaution se traduit, partout en France, pour tous les élevages de volailles y compris familiaux et les basses-cours, par :
- l’obligation de confinement ou de pose de filets permettant d’empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages pour tous les élevages commerciaux de volailles et toutes les basses-cours. Des dérogations sont possibles pour les élevages commerciaux, sous réserve qu’elles soient motivées par : une nécessité au regard du bien-être animal, une perte de label ou d’appellation. Pour les basse-cours, il n’y a pas de dérogation possible au confinement ou à la pose de filets.
- l’interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes (poules, canards, oies, pintades, cailles, dindes etc.) et tout particulièrement les marchés aux volailles vivantes. Une dérogation du préfet peut autoriser ces rassemblements à condition que des dispositions soient mises en œuvre pour éviter tout risque de contamination par les oiseaux sauvages d’eau (canards, cygnes, oies etc.) mais aussi entre volailles issues de différents élevages.
Concrètement, il est possible de déroger à cette interdiction de rassemblement lorsque des dispositions sont mises en œuvre pour réduire les risques de contamination par les oiseaux sauvages d’eau (oiseaux de la faune sauvage susceptibles d’être sensibles à l’influenza aviaire) d’une part et par contact avec d’autres éleveurs/détenteurs de volailles d’autre part. Quelques exemples de dérogations : le marché est couvert/fermé et protège donc les contacts avec des oiseaux sauvages d’eau ; il est instauré des distances minimales entre vendeurs, mis en place une zone d’approche des stands pour réduire la proximité des clients potentiels qui passent de stands en stands -
- l’interdiction de lâchers de gibiers à plume sur tout le territoire national. Exceptions : les lâchers de faisans et de perdrix peuvent être autorisés sous conditions édictées par les préfets, tout comme l’utilisation d’appelants. Ces conditions sont : une visite de biosécurité par un vétérinaire doit avoir lieu, une attestation du bon état clinique des animaux doit être délivrée et l’élevage ne doit pas détenir de colverts. Quant aux conditions pour réduire le risque de contamination, elles sont remplies dès lors que le lâcher de galliformes soit réalisé dans une zone dans laquelle la pression de chasse est important au moment du lâcher et que le lâcher soit effectué à distance suffisante des zones de concentration de gibiers d’eau (plans d’eau, etc).
- l’obligation de prendre des mesures de biosécurité strictes dans toutes les exploitations de volailles de toute la France et par toutes les personnes entrant dans ces élevages. Ces mesures sont détaillées dans un

Qu’en est-il pour les consommateurs ?

Le communiqué du ministère de l’agriculture précise bien que le niveau de risque élevé de la grippe aviaire est un « risque épizootique ».
Cela signifie que le virus :
-  est transmis essentiellement par contamination directe (sécrétions respiratoires, matières fécales, organes des animaux infectés) ou indirecte (exposition à des matières contaminées : nourriture, eau, matériel ou vêtements contaminés). D’où les précautions à prendre pour les éleveurs, leurs salariés, leurs familles mais aussi les particuliers qui possèdent une basse-cour ;
- n’est pas transmissible à l’humain par la consommation de viande de volaille notamment de canards, la consommation d’œufs, de pâtés, gésiers, confits, magrets, foie gras et tous plats préparés à base de volailles.
Ces produits y compris en provenance des départements touchés par la grippe aviaire (Tarn, Gers, Landes, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Dordogne, Pas-de-Calais, Haute-Savoie) peuvent donc être commercialisés et consommés.
Explications sur le site de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)

INFOS +

- ce qu'est la grippe aviaire sur le site de l'ANSES
- suivre l’actualité sur la grippe aviaire
- mesures prises et indemnisation
- grippe aviaire et santé humaine
- grippe aviaire et santé animale


 

La controverse

La répétition d’épisodes de grippe aviaire dans les élevages de volailles et la gouvernance sanitaire mise en place notamment la biosécurité ouvrent-elles en grand la porte à l’industrialisation de la filière avicole ?
La Confédération Paysanne (CP) pense que oui dans une note établie suite à la grippe aviaire de décembre 2015, toujours d’actualité. Cette note est téléchargeable ici
Elle alerte également, dans un communiqué sur le fait que de nombreux élevages fermiers reçoivent des informations erronées leur faisant croire qu’ils doivent passer en bande unique, installer des SAS partout, voire cesser l’exploitation !
Elle donne à cet effet des informations utiles pour la gestion des mesures de biosécurité sur les élevages fermiers, garants de la qualité des produits.
Nature et Progrès qui est à la fois un label « bio » et une association de producteurs et de consommateurs de produits « bio » estime que « les dispositions sanitaires prises par les autorités contre la grippe aviaire est un vrai casse-tête pour les petites fermes et qu’elles signent leur fin ».
Dans un document elle répond à cette question et revendique une dérogation « circuits-courts ».
Le MODEF qui défend l’élevage familial dénonce le fait que « les vides sanitaires sur plusieurs semaines et les mesures de biosécurité vont entraîner la disparition de petites unités de production mais aussi d’accouvage et de transformation. »
Et de s’expliquer : « ces mesures de biosécurité sont impossibles à mettre en place sur les petites exploitations en raison de leur coût. »
Il en explique les conséquences dans un communiqué et s'interroge : "la crise de l'influenza aviaire, on ne cesse de nous le répéter, n'est pas un enjeu de santé publique. Alors pourquoi de telles mesures sanitaires auxquelles les petits élevages ne sourvivront pas ?"

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