jeudi 29 décembre 2016

Livre. Mortelles primaires : qui aime bien châtie bien ?


Livre. Mortelles primaires : qui aime bien châtie bien ?

Audrey Loussouarn
Mercredi, 28 Décembre, 2016
L'Humanité
Vingt-deux auteurs se sont prêtés à un exercice d’un genre particulier : tuer un candidat d’une fictive primaire de toute la gauche. Pour un résultat sanglant, décapant et, bien sûr, éminemment politique.
Ça se lit, et pas seulement entre les lignes : ils ont pris un malin plaisir à les faire souffrir. Pour Mortelles primaires, recueil de vingt-deux nouvelles signées par autant d’auteurs différents, l’exercice était un peu particulier : chacun avait pour mission de prendre pour cible un candidat potentiel à la primaire de la gauche. Et quand Arnaud Viviant, Dominique Delahaye, Pierre Domengès ou encore Patrick Fort se sont lancés, la Belle Alliance populaire n’avait pas encore les sept candidats qu’elle connaît aujourd’hui. Du coup, ça donne un casting élargi à El Khomri, Fabius, Le Foll, Laurent, Hamon, Mélenchon ou encore Filoche. Tous les coups sont permis, et assumés, comme si la fiction leur offrait un espace de défouloir. « Mais soit bien conscient, lecteur, que tous nos crimes ne sont rien d’autre qu’une longue lettre d’amour contrariée à cette terre mère, sinistre gauche, que nous ne nous décidons pas à abandonner» écrit dans la préface Marie-Pierre Vieu, directrice d’Arcane 17 et elle-même auteure d’une nouvelle.

Un mystérieux assassin qui élimine à tour de rôle ses potentiels concurrents

La perspective de la présidentielle a donné cette année de l’inspiration à bon nombre de fictions. Si beaucoup ont pris le spectre de Marine Le Pen en candidate victorieuse comme trame de leur récit, ici, on a choisi de s’attaquer à la gauche. Le fil rouge, c’est cette signature après chaque passage à l’acte : « La bande du 49-3 », en l’occurrence un mystérieux assassin qui élimine à tour de rôle ses potentiels concurrents à la manière du film le Couperet, de Costa-Gavras. Dans des styles très différents mais avec un même humour noir, c’est l’occasion pour les auteurs de distiller leur regard sur l’actualité, de faire passer des messages politiques, dans des dialogues et scènes toujours raccrochés à une forme de réalité. Non sans un côté loufoque : Martine Aubry, plus vraie que nature dans ses répliques, est dépeinte en buveuse de bière et en peignoir, Cohn-Bendit est attaqué à coup de battes de base-ball, et le directeur de cabinet de Myriam El Khomri est tué par une avalanche de Codes du travail – pourtant allégés – tout juste imprimés. Mais aussi un « Moi-Président », ridiculisé sous la plume d’Antoine Blocier, qui donne du fil à retordre à l’assassin : « Trop imprévisible pour émettre un plan. Si encore je voulais le dégommer dans le champ de l’économie ou de la politique, ce serait facile, il est toujours là où les banquiers l’attendent. » Les candidats tombent, in fine, comme des mouches. Chacun pourra lire la nouvelle qui répond le plus à ses fantasmes les moins avouables.

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