Diversions dérisoires
Patrick Apel-Muller
Lundi, 8 Février, 2016
L'Humanité
L'éditorial de Patrick Apel-Muller. Dérisoire diversion pour occulter les controverses de projets et enclore la contestation des frondeurs socialistes, comme celle de Benoît Hamon, que nous interrogeons dans nos colonnes. Personne n’oserait parier qu’il y parviendra.
Quelques mois plus tôt, l’exécutif se livrait à des gymnastiques d’astrologues pour prédire la décrue du chômage, grâce à un extraordinaire « alignement des planètes » euro et cours du pétrole. La cruelle épreuve du temps en a vite fait litière : le nombre des chômeurs explose, la croissance reste encalminée et le ralliement aux thèses sécuritaires de la droite, loin de fortifier la position du président de la République, accélère son isolement à gauche. Au sein de la droite, la tentation de pousser l’avantage rend moins plausible l’hypothèse d’une majorité des trois cinquièmes des parlementaires en faveur de la constitutionnalisation de l’état d’urgence. Même le coup de Ripolin d’un remaniement ministériel ne parviendra pas à masquer les lézardes et à faire oublier la démission pour « désaccord fondamental » de Christiane Taubira. À peine François Hollande espérait-il tenter Nicolas Hulot avec un portefeuille aux attributions élargies qu’il rencontre aussitôt un refus poli.
L’Élysée en est réduit à brûler ses derniers vaisseaux et exposer le fidèle Stéphane Le Foll à toutes les polémiques. Tout conspire à lui nuire, déplore son entourage, où l’on voit avec inquiétude une gauche fidèle à ses engagements chercher une issue pour notre peuple. Manuel Valls, qu’on sait en délicatesse avec l’histoire, en est réduit au plus mauvais des procès à l’encontre de Cécile Duflot, coupable d’avoir rappelé que le précédent épisode de déchéances de nationalité était l’œuvre de Vichy. Et surtout il est demandé à Jean-Christophe Cambadélis d’essayer de perdre dans des artifices les débats qui accompagnent la revendication d’une primaire à gauche pour une politique enfin de gauche. Pour qu’elle ne voie pas le jour, il s’en fait subitement le promoteur pour exiger que François Hollande – qui n’en veut pas – puisse y concourir… Dérisoire diversion pour occulter les controverses de projets et enclore la contestation des frondeurs socialistes, comme celle de Benoît Hamon, que nous interrogeons dans nos colonnes. Personne n’oserait parier qu’il y parviendra.
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