lundi 21 mars 2016

Axa : l’autre bilan d’Henri de Castries

Axa : l’autre bilan d’Henri de Castries

Lundi, 21 Mars, 2016
Humanite.fr

Salué par la presse comme celui qui, après 17 ans à la tête d’Axa laisse le n° 2 des assurances dans une bonne santé financière, Henri de Castries part avec une retraite de plus d’un million d’euros par an.  Son bilan est pourtant bien moins rose sur le plan social: suicide, délocalisations, salaire exorbitant…
"Axa a été ignoble avec moi. Je n'en pouvais plus. Un procès, c'est cinq ou dix ans, beaucoup trop après ce que je viens d'endurer. J'ai souffert le martyre. Quel gâchis ! " Ce sont les derniers mots de Dominique Faure, soixante et un ans, adressés par courrier à un proche. Les derniers jours de 2003.
Il se rend devant les grilles du siège social d’Axa, avenue Matignon, dans le très luxueux 8e arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres des Champs-Élysées et s’immole par le feu. C’était un agent de la compagnie d’assurance, un courtier, qui avant 25 ans de maison. L'homme dénonçait la déloyale concurrence interne au groupe, qui permettait la direction d’Axa de licencier ses agents jugés « les moins productifs ». Des pratiques, que de nombreux salariés mis à la porte qualifiaient à l’époque de harcèlement. Des méthodes, mises en place par Henri de Castries, à la tête du groupe depuis fin 1999, et qui lui ont values d’être nommé « manager de l’année » en 2008, cette même année où il est rentré dans le « top 10 » des patrons les mieux payés.

« Ambition 2012 »

La nouvelle politique managériale d’Axa s’est accompagnée d’un « plan de restructuration ». C’est ce que les actionnaires demandent à tous les bons patrons qui se respectent. Henri de Castries, proche de Sarkozy, a procédé pendant le quinquennat de son ami a exactement la même politique que lui : le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Avec en outre 1500 emplois délocalisés au Maroc, ce qui aurait été plus dur à faire passer dans le cadre de la RGPP. La CGT expliquait : « Les employés marocains sont des bac + 4 payés entre 310 et 380 euros net par mois pour 42 heures de travail par semaine, ils ont une demi-heure de pause par jour et doivent lever le doigt pour aller aux toilettes. Il y a un turnover très important. » Et ce n’est pas fini, D’après les syndicats, le groupe devrait perdre environ 15 000 emplois en France dans les trois ou quatre années à venir.

Merci Henri

Henri de Castries est donc un patron qui a beaucoup satisfait ses actionnaires. En maintenant régulièrement les bénéfices au dessus de la barre des 5 milliards d’euros, il a pu les abreuver de dividendes chaque année, et se servir par la même occasion puisqu’il se voit également rémunéré régulièrement en actions. En outre, il s’est vu accorder un salaire annuel (hors revenu du capital) oscillant entre 2,8 millions et 3,2 millions d’euros. Il va toucher une prime à son départ en septembre prochain et sa retraite dorée lui assurera un confortable revenu de 1 056 000 euros annuels jusqu’à la fin de ses jours. Et cela en plus de ses autres mandats, puisqu’il est toujours au conseil d’administration chez Nestlé et chez HSBC pour arrondir les fins de mois en jetons de présence…
D’ailleurs, de persistantes rumeurs dans le milieu de la finance voient bien prochainement Henri de Castries prendre la tête de la banque britannique HSBC, au cœur de nombreux scandales d’évasion fiscale.

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