mercredi 30 mars 2016

Le bras de fer continue à l’AP-HP

Le bras de fer continue à l’AP-HP

 
Photo Thomas Samson/AFP
L’intersyndicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris appelle aujourd’hui à un rassemblement à l’occasion d’une réunion du comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) central où seront présentées deux expertises critiquant le plan Hirsch de réorganisation du temps de travail.
La mobilisation de l’intersyndicale CGT, SUD, FO, CFE-CGC, CFTC et Unsa se poursuit à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), face au projet de réorganisation du temps de travail concocté par le directeur général, Martin Hirsch, et approuvé en octobre 2015 par le seul syndicat CFDT. Ce matin, les six syndicats opposés au projet appellent à un rassemblement devant le siège de l’AP-HP dans le 4e arrondissement de Paris, à l’occasion d’une réunion du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) central, où doivent être présentés deux rapports d’expertises commandés en novembre pour mesurer l’impact du plan Hirsch sur la santé des agents. Le cabinet Secafi était chargé d’une expertise globale sur la réorganisation du temps de travail, tandis qu’Émergences devait plancher plus spécialement sur le temps de travail des cadres.
Présenté au printemps 2015, le plan Hirsch prévoit de réorganiser le temps de travail des 75 000 agents de l’AP-HP, en supprimant des jours de repos extralégaux pour tout le personnel, et en ramenant la durée quotidienne de 7 h 50 à 7 h 36 pour 16 % des effectifs, et de 7 h 36 à 7 h 30 pour 50 % d’entre eux, ce qui a pour effet de supprimer également des jours de RTT. Alors que l’intersyndicale dénonce depuis l’origine les conséquences néfastes du projet pour la santé et la vie de famille des agents, ainsi que pour la qualité des soins, le rapport Secafi révélé la semaine dernière par la presse confirme ces craintes. Ayant relevé dans son enquête le manque d’effectifs criant, un « cercle vicieux de surcharge », et un « niveau préoccupant d’absentéisme », le cabinet d’experts pointe que le passage de 7 h 50 à 7 h 36 risque de se traduire par une augmentation de « l’intensité quotidienne du travail », les personnels devant faire le même travail en moins de temps, et par une réduction des temps de « transmission » entre équipes, voire un renoncement à la dimension « relationnelle » du travail. Il pointe aussi le risque que les dépassements d’horaires se multiplient, les horaires officiels de 7 h 36 et 7 h 30 restant virtuels.

Pour la CGT, « ce plan est une préfiguration de la loi El Khomri »

Selon le rapport, la direction de l’AP-HP attend de son plan 48,4 millions d’euros brut d’économies sur la période 2016-2019 du fait de la suppression des jours de repos (250 000 jours par an, soit 1 406 équivalents temps plein), ainsi que 41,1 millions d’euros d’économies sur les remplacements (intérim, heures supplémentaires, etc.). Mais « l’ensemble des économies attendues de la réforme de l’organisation du travail représente 1 % des dépenses de personnel de 2014 (hors médecins) au compte du résultat principal. La balance entre les gains nets qui devraient être réalisés et les coûts que cette réorganisation représente pour les agents, notamment au niveau de leurs conditions de travail, paraît très déséquilibrée », pointe le cabinet. « Avec ce plan, on prend une bombe atomique pour écraser une mouche, ironise Rose-May Rousseau, de l’USAP-CGT. Ce plan est une préfiguration de la loi El Khomri qui veut flexibiliser le temps de travail, il aggraverait les conditions de travail alors que les indicateurs sociaux sont au rouge à l’AP-HP en termes de troubles musculo-squelettiques et de dépressions. Il est d’autant moins justifié que l’AP-HP a présenté au dernier CTE (comité technique d’établissement) central un excédent financier de 36,6 millions d’euros. » Après la réunion du CHSCT central aujourd’hui, l’intersyndicale appelle les personnels à se réunir en assemblées générales locales demain, jour d’une réunion d’un CTE central.

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