jeudi 24 mars 2016

Bruno Ricque : « La jonction avec les jeunes s’amplifie »

Bruno Ricque : « La jonction avec les jeunes s’amplifie »

Entretien réalisé par Loan Nguyen
Jeudi, 24 Mars, 2016
L'Humanité

Avant « le point le plus fort de la mobilisation » contre la loi travail, le 31 mars, la journée d’action de ce jeudi est l’occasion d’approfondir les convergences entre les syndicats et les lycéens très mobilisés en Seine-Maritime, explique Bruno Ricque, responsable départemental CGT.
À quel niveau de mobilisation vous attendez-vous en Seine-Maritime, aujourd’hui ?
Bruno Ricque Pour nous, la journée d’action du 24 est surtout une préparation de celle du 31. Cela permet d’organiser les choses pour faire du 31 le point le plus fort de la mobilisation, où nous viserons clairement à ce qu’un maximum de secteurs et d’entreprises soient bloqués. Cela dit, aujourd’hui, les ports et docks seront quand même en grève, ce qui a un poids important, et qui est très visible. Il y a aussi un appel à la grève dans la branche de la chimie. Des diffusions massives sont organisées aux entrées des villes par les unions syndicales locales. Mais c’est surtout au niveau de la jonction avec la jeunesse que la mobilisation se poursuit et s’amplifie aujourd’hui. Les unions locales CGT ont fait des diffusions devant les lycées, et les manifestations précédentes se sont très bien passées avec les jeunes. Il n’y avait aucune réticence de leur part à mener des actions conjointes. Ils venaient nous voir pour nous demander des drapeaux ou des autocollants.
La dynamique a-t-elle changé depuis les modifications apportées à l’avant-projet de loi ? Quel impact a eu la prise de distance de la CFDT par rapport au mouvement social ?
Bruno Ricque La mobilisation ne s’est pas affaiblie. J’ai même plutôt l’impression que, depuis que la CFDT nous a lâché la main, on a vu un mouvement par en bas. On reçoit de très nombreux de coups de fil de personnes, même non syndiquées, qui veulent savoir comment se mobiliser, faire grève. Comme on a alerté dès notre premier tract sur le fait que c’était le cœur du projet de loi qu’il fallait retirer – c’est-à-dire l’inversion de la hiérarchie des normes et la fin du principe de faveur qui protège les salariés – je pense que cela a été bien compris.
Comment se passe la mobilisation à l’intérieur des entreprises ?
Bruno Ricque Ce sont beaucoup les unions locales qui sont sollicitées par les salariés ou les syndiqués. Il y a quelques secteurs où l’on ressent une dynamique particulière, comme les ports et docks et la chimie, mais aussi la métallurgie où, malgré une tradition syndicale bien ancrée, ça ne bougeait pas tant que ça lors des journées d’actions interprofessionnelles de ces dernières années, au-delà des plus militants. Ça bouge dans les grosses boîtes comme Renault, mais aussi dans des plus petites entreprises, chez des sous-traitants.
Vous évoquez des actions conjointes avec les lycéens davantage qu’avec les étudiants, comment se passent ces échanges ?
Bruno Ricque Il n’y a pas beaucoup de villes étudiantes en Seine-Maritime, en dehors du Havre – où les étudiants n’ont pas été très mobilisés – et Rouen – où ça a plus bougé. En revanche, des lycéens, il y en a dans toutes les villes, alors les unions locales sont allées à leur rencontre. À Dieppe, d’où je viens, il y avait un millier de lycéens dans le cortège le 17 mars. Ça s’est passé impeccablement avec la CGT : on a fait une tête de cortège commune, on a partagé la sono. Quand ils ont voulu aller faire débrayer un bahut, on y est passé avec toute la manifestation. Ces jeunes sentent bien que la loi Hollande- El Khomri est un danger pour leur avenir.
Bruno Ricque Responsable CGT de la Seine-Maritime

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