mercredi 16 mars 2016

Loi travail : « Licenciements : la copie quasi préservée »


Loi travail : « Licenciements : la copie quasi préservée »

Gérard Le Puill
Mercredi, 16 Mars, 2016
Selon Jean-François Pécresse, des Echos,  la copie El Khomri est « quasi préservée » et  laisse « la possibilité ouverte de négocier des baisses de salaires pour développer l’emploi »
Surmontant une photo rectangulaire montrant les visages de Pierre Gattaz et Philippe Martinez  de profil  avec en face d’eux Myriam El Khomri, Manuel Valls et Emmanuel Macron,  le quotidien Les Echos  barrait  sa Une, le 15 mars,  du titre suivant: «Loi travail: les PME victimes des reculs de Hollande». Curieusement  aucun argument en ce sens n’était développé dans les deux pages consacrées  à la réécriture partiellement du projet de loi effectuée  à l’Elysée et à Matignon durant le week-end. Un intertitre disait même « licenciements : la copie quasi préservée ». Même Jean-François Pécresse , l’éditorialiste du jour,   indiquait que le projet remanié  « conserve quelques-unes des souplesses données aux chefs d’entreprise. Elles sont toujours bonnes à prendre. C’est, pour l’essentiel, la possibilité ouverte de négocier des baisses de salaire pour  développer l’emploi ».
Voilà  qui est clair. Mais pourquoi faudrait-il négocier des baisses de salaire de manière permanente pour  prétendre créer des emplois tout en sachant ces baisses réduisent le pouvoir d’achat des salariés et leur consommation par la même occasion ? Comment faire mine de croire que l’on va développer l’emploi en France  tout en alimentant une spirale de régression sociale qui réduit la production de biens utiles dès lors que les gens deviennent trop pauvres pour les acheter suite aux baisses de salaires ?
Une autre question n’est jamais posée dans les colonnes des Echos, pas plus que  par les économistes libéraux qui prônent toujours plus d’austérité salariale. Il s’agit des rapports économiques déséquilibrés que les donneurs d’ordre  que sont les multinationales imposent  aux PME avec un chantage permanent  à l’arrêt des commandes au profit de fournisseurs pouvant réduire leurs prix dans des pays à bas coûts de main d’œuvre au sein de l’Union européenne ou ailleurs. De même, les donneurs d’ordre de beaucoup de PME  de l’agro-alimentaire  en France sont aujourd’hui  les quatre centrales d’achat de la grande distribution. Or depuis  la mise en place du  Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE),  ces centrales font du chantage au déréférencement  en exigeant de leurs fournisseurs  de récupérer,  sous forme de baisse de prix de vente,  50% des sommes perçues par ces PME au titre du CICE. Ces sommes proviennent   de  nos impôts comme contribuable et comme consommateurs taxés par la TVA!
Dans les deux cas évoqués ici , la réforme du gouvernement de Manuel Valls sur le code du travail donne de nouvelles armes  à tous les donneurs d’ordre pour   piller leurs fournisseurs  en leur faisant valoir qu’il faudra s’aligner sur  des prix qu’il est possible d’obtenir ailleurs  et en les poussant à soumettre leurs  salariés à  chantage permanent  à la baisse des salaires, aux  heures supplémentaires non majorées pour répondre à des commandes.
Autre sujet de méditation , depuis l’arrivée de Mateo Renzi  à la tête du gouvernement Italien , on ne compte plus en France les sujets qui dans les journaux comme à la télévision tentent de nous vendre un  nouveau « modèle italien » créateur d’emplois. Hier soir, toutefois, le 20H de France 2 abordait un autre sujet. A force de subir des politiques d’austérité  les  familles italiennes se sont  tellement appauvries qu’elles font de moins en moins d’enfant au point que l’Italie a désormais la population la plus vieille d’Europe.  Est-ce vraiment la voie à suivre ?    

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