lundi 14 novembre 2016

Consommer bio, c’est bien ; en surveillant son bilan carbone, c’est mieux !

Consommer bio, c’est bien ; en surveillant son bilan carbone, c’est mieux !

gérard le puil
Jeudi, 10 Novembre, 2016
Humanite.fr
  
Les enseignes spécialisées en produits bio donnent autant de place que possible aux produits de proximité mais c’est à chacun d’être vigilant en  faisant ses courses
Les enseignes spécialisées en produits bio donnent autant de place que possible aux produits de proximité mais c’est à chacun d’être vigilant en faisant ses courses
Photo : AFP
L’industrie agro-alimentaire s’implique de plus en plus dans la transformation des denrées comestibles issues de l’agriculture biologique. Avec, en bout de chaîne, le risque d’augmenter considérablement le bilan carbone de l’assiette du consommateur de produits bio.
A ne retenir que les chiffres bruts, on pourrait penser que la consommation de produits alimentaires issus de l’agriculture biologique connaît une accélération foudroyante en France. La Fédération Natexbio a fait faire une étude par le cabinet Asterès de l’économiste libéral Nicolas Bouzou. Il en ressortirait que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En France, nous dit cette étude, « le chiffre d’affaires des entreprises de transformation agroalimentaire bio enregistre une croissance à deux chiffres en sortie d’usine : + 18% en 2014 et + 15% en 2015 ». L’étude compare ces chiffres à ceux des affaires global de toute l’industrie agro-alimentaire en France qui ne progresse que de 1% en 2014 et stagne en 2015.
De même, les effectifs des entreprises de l’agro-industrie spécialisée dans le bio ont progressé de 11% entre 2012 et 2015 tandis que leurs investissements ont augmenté de 80% en 2014 et de 50% en 2015. Faut-il y voir une simple dynamique économique tirée par la demande ou un effet d’aubaine opportunément offert par le CICE  dans ce secteur qui avait du mal à investir jusque-là ?
L’étude n’a pas cherché à le savoir. Mais elle nous dit que 89% des Français disent consommer, au moins occasionnellement, des produits alimentaires bio tandis que 65% en consommeraient au moins une fois par mois, contre 37% en 2003. Il n’en faut pas plus pour que l’étude se termine par ces phrases définitives : « véritable tendance de fond, la consommation bio s’inscrit dans une démarche de consommation durable, relevant d’un engagement citoyen. Les consommateurs bio achètent davantage que la moyenne des Français des écoproduits autres qu’alimentaires fabriqués à partir d’ingrédients bio ».
Dans le secteur alimentaire, le bio c’est un plus de 3% de parts de marché et moins de 5% des terres cultivées en France. Il apparaît aussi que l’enquête d’Asterès, effectuée auprès des entreprises de transformation des produits bio, montre que la croissance de leur chiffre d’affaire est surtout imputable à de nombreuses innovations dans la transformation et la présentation des produits. Cela permet d’augmenter le prix de vente de ces produits, en même temps que leur bilan carbone. « Le bio c’est de la croissance tirée par l’innovation, c’est le lancement de nouveaux produits, ce qui correspond à des besoins latents », s’est enthousiasmé Nicolas Bouzou lors de la présentation de cette étude mercredi à Paris.
Comme journaliste, j’avais anticipé ce que devait être le discours promotionnel du bio en lisant l’invitation pour cette conférence de presse. Je suis donc allé la veille jeter un coup d’œil au rayon bio de magasin Leclerc de la banlieue parisienne. Dans la gamme des légumes pouvant être produitschez nous, l’origine France se limitait aux sachets de pommes de terre et de carottes. Poivrons, courgettes, piments, céleri-rave, aubergines et haricots coco plats provenaient d’Espagne ou du Maroc. Les oignons venaient des Pays Bas, les tomates d’Italie, l’ail d’Argentine, les haricots verts de Kenya, les petits pois d’Allemagne, les giroles de Russie et le kiwi du Chili.
On imagine facilement que les raisons essentielles de ces importations sont le gaz bon marché pour chauffer les serres aux Pays Bas et la main d’ œuvre sous payée du sud de l’Espagne au Chili en passant par le Maroc qui nous exporte avec ces productions légumières l’eau dont il commence à manquer cruellement alors que ce pays accueille depuis hier la CDOP 22 censée mettre en route les décisions prises à Paris. Quand au bilan carbone de toutes ces importations, il ne plaide pas pour l’achat de produits bio dans les magasins du groupe Leclerc. Ajoutons toutefois, comme l’a souligné Benoit Soury, président de Natexbio, que les enseignes spécialisées en produits bio donnent  utant de place que possible aux produits de proximité et aux produits français en général.
Ensuite c’est à chacun d’être vigilant en faisant ses courses.

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