jeudi 17 novembre 2016

Le Pen veut importer le modèle Trump

Le Pen veut importer le modèle Trump

Grégory Marin
Jeudi, 17 Novembre, 2016
L'Humanité
  
Marine Le Pen inaugurait, hier, son local de campagne parisien, dans la très chic rue du Faubourg-Saint-Honoré. Photo : Alain/AFP
Marine Le Pen inaugurait, hier, son local de campagne parisien, dans la très chic rue du Faubourg-Saint-Honoré. Photo : Alain/AFP
La candidate du Front national pour 2017 présentait hier son local de campagne. Elle et son équipe jalousent la victoire aux élections du milliardaire populiste américain.
Marine Le Pen inaugurait hier son local de campagne parisien, dans la très chic rue du Faubourg-Saint-Honoré. Entourée d’une bonne partie de son équipe de campagne, elle espère faire de ce numéro 262, un appartement transformé de 250 mètres carrés au deuxième étage d’un immeuble cossu, une « escale » (et c’est ainsi qu’elle l’a baptisé) avant l’Élysée, au 55, de la rue du même nom. Un choix et une mise en scène qui tranchent avec le discours servi par la présidente du Front national.
Jusqu’ici, Marine Le Pen s’est laissé conseiller par Florian Philippot une rareté médiatique toute mitterrandienne. Hier, elle voyait dans l’élection présidentielle « ce moment unique où une personnalité recherche auprès des Français l’adhésion à un projet pour la France », une « rencontre » au sens gaullien du terme – Philippot, encore. Elle aura moins de mal à se glisser dans le costume d’une Trump à la française : même « critique des élites », même aspiration d’un retour à la « grandeur » du pays, même affirmation de parler « au nom du peuple »… et même fortune héritée de papa. Qu’importe, elle et les membres de son comité stratégique de campagne présents hier rêvent d’une campagne « anti-établissement », calquée sur le grand frère américain.

Personne n’a relevé que la fleur se termine en fleuret - et non moucheté !

La candidate d’extrême droite a présenté son logo de campagne, une rose bleue, comme le mélange d’« un symbole de la gauche » et de « la couleur bleue de la droite ». Personne n’a relevé que la fleur se termine en fleuret – et non moucheté ! Selon Marine Le Pen, cette chimère horticole signifie « l’avènement d’un événement présenté comme inaccessible ». Et de développer en long et en large ces « leçons » politiques venues d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique, la victoire des partisans du Brexit et l’élection de Donald Trump, qui prouveraient que « rien n’est impossible ». Le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, estime que « les Français ne veulent pas des candidats que le système leur impose ». Bruno Gollnisch, ex-dauphin de Jean-Marie Le Pen et membre du comité stratégique de campagne, assure qu’il est « possible de gagner contre l’établissement » politique et médiatique. Jean-Lin Lacapelle, le secrétaire national aux fédérations, qui s’occupera de la campagne militante, rêve d’un mouvement d’ampleur : « Nous sommes déjà dans la bataille, attendons de voir quels seront les candidats du système… » Car, bien que pour l’instant aucun ne veuille répondre à la question, la désignation de l’adversaire est déterminante. Marine Le Pen est selon les sondages assurée de passer le premier tour de l’élection, mais il faudra bien adapter son discours au second. « Peu importe, pour Nicolas Bay, gauche et droite sont empêtrées dans leurs primaires et tellement fragmentées… » Le positionnement droitier de Nicolas Sarkozy pourrait coûter en voix au premier tour, mais au second « les Français préféreront toujours l’original à la copie », avait coutume de dire l’ancien président du FN. Quant à un duel avec Alain Juppé, Bruno Gollnisch veut se rassurer : « Dans ce cas, un quart des “Républicains” voteront pour nous. » Pour l’instant, ils jugent la gauche « disqualifiée ».
Les cadres FN – Philippot, Gollnisch, Bay et Lacapelle, mais aussi David Rachline, Stéphane Ravier, Bruno Bilde, Gilbert Collard, tous membres de l’équipe de campagne, comme Wallerand de Saint-Just, Steeve Briois ou Marion Maréchal-Le Pen, absents – affichaient hier leur confiance, entre une interview et un petit-four. Le moment se voulait convivial, sous les affiches détournées par les petites mains du parti : Clint Eastwood (« Le seul à avoir soutenu Trump », applaudit Le Pen) en Dirty Harry, rose bleue au poing, Albert Einstein (!) et une silhouette de Banksy auréolés de bleu, les Tontons flingueurs qui n’auraient peut-être pas goûté de se retrouver au terminal « des prétentieux »… Ambiance détendue ? On y a tout de même entendu Stéphane Ravier évoquer avec un journaliste, à propos de la crise des réfugiés, une « immigration de remplacement », un phénomène de « repeuplement » auquel il dit faire face à Marseille. Sur les affiches, le logo du Front national a disparu, le nom de famille de la candidate aussi, mais le fonds de commerce, sans surprise, n’est pas liquidé.

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