lundi 28 novembre 2016

Le PCF choisit Mélenchon avec la volonté d’unir


Le PCF choisit Mélenchon avec la volonté d’unir

Présidentielle
Julia Hamlaoui
Lundi, 28 Novembre, 2016
 
Le dépouillement du vote des militants du PCF, dans le 20e arrondissement de Paris. Photo : Julien Jaulin
Le dépouillement du vote des militants du PCF, dans le 20e arrondissement de Paris. Photo : Julien Jaulin
Les communistes se sont prononcés à 53,6 % pour un appel à voter pour le candidat de la France insoumise. « Un tremplin pour aller plus loin dans le rassemblement » de la gauche alternative, selon Pierre Laurent.
Elle y a longuement réfléchi. « Au départ, j’étais totalement contre soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon », raconte, samedi après-midi, Arielle, après avoir voté lors de la consultation du PCF sur les échéances de 2017. « L’argument qui m’a convaincue, c’est que son programme est en grande partie le même que le nôtre. Il aurait été difficile de le contester », explique la militante communiste après avoir coché sur son bulletin l’option en faveur d’un appel à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Comme elle, ils ont finalement été une majorité, 53,6 % des voix exprimées, à se prononcer, entre jeudi et samedi midi, en faveur d’un soutien à la candidature du député européen à l’élection présidentielle. Un vote a contrario de celui qu’avaient exprimé les délégués de la Conférence nationale du PCF (composée des membres du Conseil national, de parlementaires, et de représentants des fédérations) le 5 novembre dernier, puisque 55,69 % s’étaient alors prononcés pour une candidature communiste.

Ce vote ne s’annonce pas comme un chèque en blanc

« La tournure prise par la primaire de la droite, le danger qu’elle constitue, a probablement rendu encore plus perceptible le besoin d’un grand rassemblement de gauche, offensif. Et je pense que l’argument selon lequel l’appel à voter Jean-Luc Mélenchon est un tremplin pour aller plus loin encore a finalement convaincu beaucoup de communistes, même si chez eux les critiques demeurent très fortes sur la manière dont il conduit sa campagne », a expliqué hier à l’Humanité Pierre Laurent qui avait défendu ce choix le 5 novembre. « Les camarades qui plaidaient pour l’autre option plaidaient eux aussi pour faire le choix du rassemblement. Et ils ont mis l’accent sur une idée importante : nous n’y parviendrons pas si nous ne portons pas très fortement la parole communiste dans cette campagne », a poursuivi le secrétaire national du PCF. Car, au fond, la question était davantage de définir le meilleur moyen de parvenir au rassemblement de la gauche alternative, « tant à la présidentielle qu’aux législatives », précise-t-on Place du Colonel-Fabien. Un objectif formulé dans une résolution, « Unis pour l’humain d’abord », adoptée à plus de 90 % des voix ce week-end.
« Les communistes ont fait majoritairement le choix de la seule candidature qui peut empêcher un deuxième tour droite/FN et qui peut être au second tour. C’est une heureuse nouvelle qui est la conséquence de la campagne en élargissement constant que nous menons depuis février 2016 dans le cadre de La France insoumise », s’est réjoui hier le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière. Ce vote ne s’annonce pourtant pas comme un chèque en blanc pour le candidat. « Dans la mesure où il ne s’agit pas d’un ralliement, j’ai confiance dans la capacité du PCF à faire entendre sa voix », précisait, Nathalie, une militante communiste de Seine-Saint-Denis, en attendant les résultats samedi.

Des débats dans une « ambiance apaisée »

Si le candidat de La France insoumise a obtenu la majorité, celle–ci est plus courte qu’en 2011 où, à la veille d’une campagne sous les couleurs du Front de gauche, 59,12 % des militants avaient approuvé ce choix. Sur l’ensemble des fédérations que compte le Parti communiste, 55 se sont majoritairement prononcées en ce sens (en 2011, 73 fédérations avaient placé, parmi les trois choix soumis à leur vote, le futur candidat du Front de gauche en tête). On compte parmi celles-ci certaines des plus importantes, comme les Bouches-du-Rhône (63 %), la Seine-Saint-Denis (76 %), mais aussi le Nord (54 %), qui à la veille de 2012 avait à l’inverse privilégié le choix d’une candidature communiste. C’est cette option qu’ont en revanche réaffirmée ce week-end les communistes de deux départements qui comptent eux aussi un grand nombre d’adhérents : le Val-de-Marne (51,15 %) et le Pas-de-Calais (59,97 %).
« à Chambéry, les débats ont révélé que les avis étaient partagés. Il n’y a cependant jamais eu d’achoppement, mais toujours beaucoup de respect dans les discussions », rapportait hier, Dominique, un militant venu de Savoie pour la Fête de l’Humanité Normandie (lire page 10). à Saint-Denis, Richard salue également des débats dans une « ambiance apaisée », quand Claude, lui, livre son inquiétude à propos d’une décision prise « pour beaucoup par dépit ». L’enthousiasme n’est pas général, et un certain nombre entendent se tourner davantage vers les législatives : « Notre section a voté à 75 % pour l’option 2 (candidature PCF – NDLR). Maintenant, il faut préserver l’unité du parti, mais ce sera compliqué pour les législatives, car il existe des divergences entre le programme de Mélenchon et le nôtre », craint cependant Olivier, croisé dans les allées de la Fête de l’Huma Normandie.

Une adresse du PCF aux Français devrait être envoyée

Quoi qu’il en soit, ce vote ne signe pas à lui seul la fin de l’histoire. Outre le fait que les communistes entendent poursuivre leur démarche de rassemblement, avec Jean-Luc Mélenchon et le mouvement qu’il a initié, tout est loin d’être réglé. C’est avec ce qui a fait « la force du Front de gauche », un « rassemblement ouvert, pluraliste, respectueux » des différentes forces qui l’ont rejoint, que Pierre Laurent a dit vouloir renouer hier. Mais, jusqu’à présent, le fondateur de La France insoumise affirme que la campagne de 2017 ne peut se faire que dans le cadre du mouvement qu’il a fondé. Cette structure, selon Alexis Corbière, demeure « le cadre large, souple et efficace qui permet que tous ceux qui s’engagent dans la campagne soient à égalité ». « Nous avons déjà perdu beaucoup de temps. Il nous faut trouver des espaces de convergence, j’espère que nous aboutirons vite », a de son côté souhaité Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble !, qui la semaine dernière a aussi choisi de soutenir le fondateur du PG, sans pour autant intégrer son mouvement. Les animateurs, dont certains communistes, de l’appel « Front commun », ont, eux, noté des inflexions de FI. « Il y a des avancées dans trois directions : sur la création d’un conseil des partenaires, sur l’acceptation de différences programmatiques et des amendements à la charte pour les législatives (que FI souhaite faire signer aux candidats qu’elle soutient – NDLR) », détaille Frédérick Genevée.
Dès la semaine prochaine, le PCF doit réunir ses instances de direction, notamment son Conseil national, le jeudi 1er décembre, « pour prendre toutes les décisions nécessaires à la mise en œuvre offensive » du choix des communistes, a expliqué son exécutif samedi soir. à savoir : « porter sans attendre nos propositions dans le débat national, prendre de nouvelles initiatives de rassemblement en mettant notre choix de candidature au service de cette démarche, impulser notre campagne et la désignation de nos candidat(e)s pour les législatives. » Une adresse du PCF aux Français devrait être envoyée et une rencontre avec des forces et des personnalités de la gauche alternative programmée pour le 10 décembre. « Pour aller plus loin, lance Pierre Laurent, il nous faut maintenant nous tourner vers les Français qui attendent la renaissance d’un espoir, leur expliquer notre choix et leur proposer de créer avec nous dans toutes les circonscriptions des espaces de rassemblement. »

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