mercredi 16 novembre 2016

Macron candidat, la fin d’un secret de Polichinelle

Macron candidat, la fin d’un secret de Polichinelle

Présidentielle
Maud Vergnol
Mercredi, 16 Novembre, 2016
L'Humanité
  
Pour Macron, les jeunes sont « une variable d’ajustement dans le marché du travail », s’inquiète déjà l’Unef.
Pour Macron, les jeunes sont « une variable d’ajustement dans le marché du travail », s’inquiète déjà l’Unef.
Photo : Jacky Naegelen/Reuetrs
L’ancien ministre devait annoncer sa candidature ce matin. Son projet est à l’image de la loi qui porte son nom : de l’ultralibéralisme enrobé dans un joli paquet de novlangue managériale.
Une info, un démenti. Voilà plusieurs mois que le feuilleton autour de la candidature d’Emmanuel Macron faisait frémir le Tout-Paris. C’est ce matin que le ministre de l’Économie devait enfin dévoiler officiellement ses intentions, dans un centre d’apprentissage à Bobigny, en Seine-Saint-Denis.

Le classique couplet sur la ringardise du modèle social

Ultime coup de com ou fin d’un pseudo-suspense, toujours est-il que la candidature d’Emmanuel Macron ne fait plus aucun doute. Son programme se précise de jour en jour et l’entretien accordé au Nouvel Observateur le 10 novembre en a d’ores et déjà dévoilé les grandes lignes. Un soupçon de loi El Khomri, une bonne dose du programme de la droite libérale, une touche supplémentaire de précarisation de la jeunesse et quelques pincées de mesures sociétales dites « progressistes » : mélangez le tout et vous aurez une petite idée du cocktail « ni droite ni gauche » concocté par l’ancien ministre de l’Économie. Au menu de son « aventure de refondation politique », on retrouve le classique couplet sur la ringardise du modèle social français, « pensé pour l’économie d’autrefois », et son corollaire, « les insiders », autrement dit « ceux qui ont un CDI et un emploi stable dans les secteurs les plus structurants de notre économie et aussi les fonctionnaires », qui, unis aux « droits formels », seraient responsables du chômage de masse.

Macron a du mal à séduire en dehors de la sphère patronale

Sur le droit du travail, le champion de la novlangue néolibérale préconise « de sécuriser la rupture et l’après-rupture ». Avec la traduction : faciliter les licenciements en prévoyant d’avance un barème d’indemnisation et en démantelant les prud’hommes. Le reste est à l’avenant : une loi El Khomri puissance 10 avec un élargissement des accords de branche. « Quand on est jeune, 35 heures, ce n’est pas assez. On veut travailler plus, on veut apprendre son job », explique l’ancien ministre de l’Économie. « Cela confirme juste l’idée qu’a Emmanuel Macron des jeunes : une variable d’ajustement dans le marché du travail. Le bizutage des jeunes va continuer », s’inquiète déjà l’Unef.
Car les premiers pas d’Emmanuel Macron dans la présidentielle ont du mal à séduire en dehors de la sphère patronale, qui voit en lui un nouveau cheval sur lequel miser. Désormais dans l’arène, l’ancien banquier d’affaires va vite voir se dresser contre lui à la fois ses anciens collègues du gouvernement, mais aussi les candidats de la droite qui craignent de se voir manger la laine sur le dos.

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