lundi 14 novembre 2016

Le « Marseille populaire » perd une de ses figures

Le « Marseille populaire » perd une de ses figures

Grégory Marin
Lundi, 14 Novembre, 2016
L'Humanité

 

L’histoire du mouvement ouvrier orienta toute la vie de ce fils d’immigrés.
L’histoire du mouvement ouvrier orienta toute la vie de ce fils d’immigrés.
Photo : DR
Pascal Posado, ancien maire communiste des 15e et 16e arrondissements de la cité phocéenne, dans les quartiers nord, qui plaçait « l’intérêt général » au-dessus de tout, s’est éteint samedi.
Àl’annonce de son décès samedi à l’âge de 91 ans, même ses adversaires n’ont pu que saluer la mémoire et l’engagement de Pascal Posado, l’ancien maire communiste des 15e et 16e arrondissements de Marseille. Dans la Provence, l’actuel maire (LR) de la cité phocéenne, Jean-Claude Gaudin, évoque « un élu compétent, dévoué et surtout fidèle à ses convictions politiques ». La députée PS Samia Ghali, elle, a évoqué un de ces élus qui « marquent de leur combat et leur action la vie d’un territoire ».

Il œuvrait à « mettre fin à la relégation des quartiers nord »

Mais c’est de ses camarades communistes que sont venus les hommages les plus touchants. Fils d’immigrés espagnols né en 1925 dans le quartier de la Villette, Pascal Posado a passé sa vie à « défendre ce Marseille populaire » qu’il ne quittera jamais, souligne le secrétaire départemental du PCF, Pierre Dharréville. Il entre en 1940, à 15 ans, comme apprenti à la Société nationale de construction aéronautique du Sud-Est (future Sud Aviation). Il y prépare un CAP de fraiseur en cours du soir… et, avec la CGT clandestine, des actions de « sabotage des Messerschmitt » allemands que l’usine assemble, explique-t-il dans le documentaire Pascal Posado, la passion du Marseille populaire, que lui ont consacré en 2015 le chercheur au CNRS Paul ­Bouffartigue, le président de Provence mémoire et monde ouvrier, Gérard Leidet, et le cinéaste Jean-Christophe Besset.
Son engagement syndical et résistant deviendra politique, au PCF, à partir de 1944. Il siège à la délégation municipale (Marseille est alors sous tutelle préfectorale) à la Libération. Son jeune âge lui impose une dérogation, signée par le commissaire de la République Raymond Aubrac. Il restera attaché à la CGT et au Parti communiste, et portera ses couleurs comme député suppléant de François Billoux (qu’il remplacera brièvement à son décès, en 1978) puis de Guy Hermier, et au conseil municipal de la ville entre 1965 et 1983 puis entre 1989 et 1995. Entre-temps, il sera élu premier maire des 15e et 16e arrondissements, dans les quartiers nord, de 1983 à 1989, et restera maire honoraire…
Dans ses fonctions, il a eu à cœur de « mettre fin à la relégation des quartiers nord », témoigne le militant communiste Patrick Magro. Il refusait de « voir sa ville coupée en deux, une Marseille “à deux vitesses” marquée par de profondes inégalités », rappelle Pierre Dharréville. Posado lui-même disait dans le documentaire que sa vie « personnelle et ­publique » n’avait de sens que par son inscription « dans une histoire plus large, une histoire collective, celle du mouvement ouvrier ». Un credo qui lui survivra.

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