jeudi 24 novembre 2016

Primaire. Deux « droites irréconciliables » ? Une fable…

Primaire. Deux « droites irréconciliables » ? Une fable…

Pierre Dusquene
Jeudi, 24 Novembre, 2016
Humanite.fr
  
Tous les cadres se préparent déjà à la réunification de « grande famille de la droite » Photo : Nicolas Tucat/AFP
Tous les cadres se préparent déjà à la réunification de « grande famille de la droite » Photo : Nicolas Tucat/AFP
Ce soir, le dernier débat télévisé mettra face à face Alain Juppé et François Fillon, en ballotage favorable dans la primaire de droite. Ils auront beau s’opposer, leur projet économique a le même objectif. Dans leurs staff’ respectifs, on pense déjà à la réunification de la « grande famille de la droite ».
Existe-t-il deux droites différentes ? «Oui, je le pense, a répondu Alain Juppé, sur France 2, lundi soir. Supprimer 500 000 fonctionnaires, porter la durée du travail, dans la fonction publique, dès 2017, à 39 heures, augmenter la TVA de 16 milliards d’euros, ce sont des mesures d’une grande brutalité économique et qui ne sont pas applicables.» Des mesures économiques « irréalisables », n’a cessé de répéter le maire de Bordeaux toute la semaine. Ses proches n’ont pas économisé leurs attaques sur le positionnement douteux de François Fillon sur l’IVG, et le soutien affiché au Sarthois de figures d’extrême droite ou d’anciens responsables du FN, comme Carl Lang, à la tête de Riposte Laïque ou Aymeric Chauprade, eurodéputé élu sur les listes FN en 2014. De leur côté, les partisans de François Fillon n’ont cessé d’alerter sur les risques de division de la droite qui ne doit pas selon redevenir « la plus bête du monde ». Une tribune, signée par 215 parlementaires dans les colonnes du Figaro, a supplié intimé le camp Juppé de ne pas s’infliger « d’inutiles blessures » dans la campagne d’entre deux tours de la primaire qui pourraient remettre en cause ce qu’ils pensent être une chance historique en 2017. « Pour battre la gauche et le Front national, nous devrons nous rassembler dès dimanche prochain, écrivent les députés et sénateurs. (…) Ne nous lançons pas dans des batailles stériles. » Si les deux camps n’ont cessé de se démarquer sur les questions sociétales, les différences restent minimes sur le programme économique. Il n’y a pas d’un côté l’ultralibéral Fillon et le modéré Juppé. Alain Juppé  l’a encore martelé dans un entretien au Parisien, avant leur dernier duel. « Je ne suis pas libéral, moi ? Il est impossible que M. Macron, qui est responsable de la politique économique depuis 2012, soit plus libéral que moi ! (…) Moi je suis libéral, efficace et réaliste. Il y a des libéraux irréalistes et pas crédibles.»

"ll y avait une incompatibilité avec Nicolas Sarkozy, il n’y en a pas avec les autres candidats"

De nombreux signaux montrent d’ailleurs qu’en coulisse, tous les cadres se préparent déjà à la réunification de « grande famille de la droite », quel que soit l’issue du deuxième tour. « Il y avait une incompatibilité avec Nicolas Sarkozy, il n’y en a pas avec les autres candidats. Il s’agit plutôt de différences et de divergences», a expliqué Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, dans les colonnes de l’Opinion. Certains centristes, à l’instar de Chantal Jouanno (UDI), commencent déjà à faire monter les enchères. «Les militants, les sympathisants du centre ne se retrouveront pas forcément dans les valeurs portées par François Fillon. » Avant d’ajouter : «S’il veut rassembler, il va falloir qu’il modifie certaines choses dans son projet.» Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et président du groupe LR au Sénat, lui a déjà répondu sur LCP. «Chantal Jouanno ne représente pas tout le centre. François Zocchetto, président du groupe centriste au Sénat, soutient François Fillon depuis le départ.» Hervé Morin, du Nouveau centre, vient aussi de lui apporter son soutien. Et le sénateur d’ajouter : « J’ai été en contact avec des personnalités centristes proches d’Alain Juppé qui n’auront aucun de mal à nous rejoindre ce dimanche.»
Maël de Calan, porte parole d’Alain Juppé, ne croit pas beaucoup la théorie des deux droites. « Il n’y a pas d’un côté la droite conservatrice, et de l’autre, une droite modérée de l’autre. Il y a des représentants de ces deux courants dans les deux camps », confirme cet élu municipal de Roscoff, dans le Finistère. Avant de promettre : son champion se battra jusqu’au bout… « pour faire avancer les idées ».

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