lundi 14 novembre 2016

La mer monte dans le cœur des candidats

La mer monte dans le cœur des candidats

 
Malgré les discours soulignant « les extraordinaires potentialités » maritimes, les politiques auront tardé à impulser le développement de cette énergie.
Malgré les discours soulignant « les extraordinaires potentialités » maritimes, les politiques auront tardé à impulser le développement de cette énergie.
Photo :Cameron Davidson/Flirt/Photononstop
Ce n’est qu’en fin de quinquennat que François Hollande daigne se rendre aux assises annuelles de l’économie de la mer, ouvertes hier à La Rochelle. L’économie maritime recèle pourtant beaucoup de promesses, pas toutes bien intégrées par les candidats à la présidentielle.
Pour la première fois du quinquennat, François Hollande a ouvert hier les assises annuelles de la mer, à La Rochelle. La réparation d’un mépris pour celui qui assurait, en 2012 à Lorient, qu’il y aurait un ministre de la Mer de plein exercice, chargé de la pêche, des énergies maritimes et des transports. N’avait-il pas entamé à Boulogne-sur-Mer, en 2011, sa campagne pour la primaire ? N’avait-il pas approuvé durant la campagne électorale de 2012 la brochure intitulée « Le défi maritime français », soulignant « les extraordinaires potentialités » maritimes, citant « énergies futures, débouchés pharmaceutiques, alimentation, eau potable » ? Dès le gouvernement Ayrault 2, pourtant, la mer redevient rattachée aux Transports. Par la suite, le ministre Frédéric Cuvillier expliquera avoir « refusé dans le gouvernement Valls 2 un secrétariat d’État rattaché directement au premier ministre ». Manuel Valls se rattrapera juste en ouvrant en 2014 les assises de la mer. « On a beaucoup parlé de la croissance verte, mais la croissance bleue est tout aussi prioritaire », affirme-t-il. Ancien responsable du Cluster maritime français, organisation regroupant les professionnels de tous les secteurs, Francis Vallat déplorait alors que « tout cela n’a(it) pas fait une politique maritime ».

Des cadeaux fiscaux aux armateurs

Habitué, lui, du rendez-vous des assises, et seul parmi les candidats déclarés à la présidence à tenir un discours structuré sur la mer, Jean-Luc Mélenchon peut souligner que, dans sa « programmation pluriannuelle de l’énergie », le gouvernement… oublie purement les énergies marines. Et juger que Hollande a « tout bonnement sabordé la filière industrielle de l’éolien offshore » avec la vente de la branche énergies marines d’Alstom à l’américain General Electric ou le feu vert à la vente d’une filiale d’Areva à l’allemand Siemens. « Deux fleurons technologiques français dans une filière d’avenir ont donc été abandonnés. Voilà ce que valent les phrases de ce gouvernement sur la “croissance verte” ou “bleue” », tance le candidat de La France insoumise.
Au PCF, on ajoute la critique sociale d’un gouvernement qui rejette tout contrôle des aides accordées aux armateurs français, quant aux contreparties en termes d’emploi de marins européens, « un cadeau de la Commission européenne, sous la pression de l’association des armateurs européens (ECSA) ». À droite, Sarkozy, qui a lancé le « Grenelle de la mer » en 2009, considère avoir fait le boulot et n’y accorde plus de place dans son discours. Les énergies marines renouvelables (EMR, lire ci dessous) furent l’application stricte d’une directive européenne. Car si en 2012 elle avait repeint ses programmes en vert, en 2017, la droite n’a pas pris le temps de les repeindre en bleu. Comme Nicolas Sarkozy, qui disait fin 2014, en Charente-Maritime, que « là où la mer est repassée, elle revient » uniquement pour justifier son retour en politique, Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet ne traitent pas le sujet dans leurs programmes pour la primaire. Même Jean-Frédéric Poisson ne se soucie que peu du milieu aquatique, souhaitant seulement créer un double ministère chargé à la fois de la compétence maritime nationale et des territoires d’outre-mer. Il n’y a que Bruno Le Maire qui s’attarde avec lui sur le sujet, dans son programme sur l’outre-mer, souhaitant « intégrer la connaissance de (la) biodiversité dans les programmes scolaires en biologie ». En réalité, dès lors qu’il ne s’agit pas de retombées économiques, peu de chances que les élus de droite s’y intéressent. En 2014, le maire « Les Républicains » de Paimpol, Jean-Yves de Chaisemartin, depuis vice-président du département des Côtes-d’Armor chargé de la mer et du littoral, mettait ainsi en avant pour sa réélection son appétit pour « le développement économique, notamment dans le domaine des énergies marines renouvelables ». Il n’a donc pas hésité, en tant qu’élu, à promouvoir le projet industriel d’EDF d’implantation d’une ferme d’hydroliennes, au large de la baie de Paimpol. CQFD. Si à droite on ne se mouille pas beaucoup, peut-être parce que le candidat n’est pas encore arrêté, Marine Le Pen a plongé depuis un petit moment dans les eaux bleu marine… à la suite de Jean-Luc Mélenchon qui l’avait fait dès la campagne présidentielle de 2012. En février 2015, la présidente du Front national s’adressait aux « acteurs de l’économie de la mer », soulignant, comme elle l’a fait hier lors de la convention du collectif « mer et francophonie » de son parti, que « la maîtrise des mers et des fleuves est un enjeu crucial pour la France du XXIe siècle. (…) Elle doit occuper la place qui lui revient dans les projets politiques de ces dix prochaines années, c’est-à-dire au premier rang ». Peu importe si les recettes pour y parvenir sont les mêmes que pour tous les « problèmes » soulevés par le FN (allégement des normes européennes), il s’agit de mettre en scène la grandeur de la nation et de ses territoires maritimes, non négligeables en effet : « 5 500 kilomètres de côtes, 8 000 de voies d’eau navigables et 11 millions de km2 d’espace maritime », énumère-t-elle, déplorant que tout ceci n’offre que peu de rendement : à peine « 2,4 % du PIB français ». Encore faudrait-il s’écarter d’une vision utilitariste, « La mer c’est le désir / De ce pays d’amour / Qu’il faudra découvrir /Avant la fin du jour », chantait avec prescience Jean Ferrat.
LES PROMESSES DE HOLLANDE
À La Rochelle, François Hollande a multiplié les promesses aux professionnels du monde maritime. « Nous devons nous fixer comme perspective à l’horizon 2030 de faire de la France le premier port d’Europe », a-t-il lancé, dans un discours aux allures de candidat à sa réélection. « Un conteneur sur deux à destination de la France ne passe pas par nos ports », a-t-il déploré, « ainsi 25 000 emplois nous échappent ».

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