jeudi 1 décembre 2016

A la gare Saint-Lazare, le management déraille


A la gare Saint-Lazare, le management déraille

Ils n'ont pas honte !
Sylvie Ducatteau
Mercredi, 30 Novembre, 2016
Humanite.fr

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Des cheminots « bas de plafond », « stupides », « cafteurs », des cheminotes « un peu connes », ces noms d’oiseaux et ces considérations vraiment pas sympathiques ont pas été lancés par les supérieurs hiérarchiques d’une équipe de personnels de la gare Saint-Lazare, à Paris. Photo : Jacques Demarthon/AFP
Des cheminots « bas de plafond », « stupides », « cafteurs », des cheminotes « un peu connes », ces noms d’oiseaux et ces considérations vraiment pas sympathiques ont pas été lancés par les supérieurs hiérarchiques d’une équipe de personnels de la gare Saint-Lazare, à Paris. Photo : Jacques Demarthon/AFP
La direction de la SNCF est embarrassée après la découverte d’un fichier où les noms de cheminots sont associés à des commentaires insultants.
Des cheminots « bas de plafond », « stupides », « cafteurs », des cheminotes « un peu connes », ces noms d’oiseaux et ces considérations vraiment pas sympathiques n’ont pas été lancés un jour de grève par un usager mécontent mais par les supérieurs hiérarchiques d’une équipe de personnels de la gare Saint-Lazare, à Paris. Sur le fichier manuscrit, une liste d’environ vingt-cinq noms : ceux des agents de départ de la gare Saint-Lazare, chargés d’autoriser la fermeture des portes des trains. Les  commentaires peu avenants comme cette « racaille bas de plafond » qui « travaille pas trop mal quand même » sont complétés par des informations sur la vie personnelle de chacun : « célibataire, marié », voire très personnelle : « vient de rompre… ». Sur leur lancée, les deux responsables d’équipe en cause ont soigneusement recensé les syndicalistes et les grévistes.
Mais voilà, le fichier retrouvé par hasard dans un bureau inoccupé est tombé dans des mains syndicales, celles de la CGT et de Sud Rail. Ils ont interpellé la direction de la SNCF. L’entreprise se défend en évoquant un cas isolé et contraire à sa charte éthique. Renaud Mermilliod, directeur d’Unité opérationnelle de la gare Saint-Lazare, a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête interne. Et a écrit aux cheminots de la gare Saint-Lazare pour leur présenter les excuses de la SNCF et dénoncer ces propos « inappropriés, injustifiés et blessants ». Des propos surtout interdits par la loi et sur lesquels la SNCF aura sans doute à s’expliquer plus sérieusement. Les deux responsables censés avoir nourri le listing « ont été éloignés du service », annonce la direction.

« ...détruit physiquement, alcoolique... »

Ni Sud Rail, ni la CGT ne croient à la version du « petit chef zélé ». La CGT penche plutôt pour une  inspiration puisée dans les méthodes de management en cours à la SNCF. Le syndicat Sud Rail évoque d’ailleurs un document de même nature retrouvé à Cergy (Val-d’Oise) en 2013.  « A l’époque, la direction a considéré que ce document restait dans les limites de l’information professionnelle », explique Fabio Ambrosio, syndicaliste Sud Rail. Le cheminot en doute et interroge le lien entre travail et vie personnelle dans un commentaire pioché dans le fichier de Cergy : « A un poil dans la main », suivi de l’évocation de la situation familiale de cet agent qualifié une ligne plus tard de « maillon faible ». L’affaire d’un autre fichier de même nature ressurgit concernant Bordeaux, cette fois, et jugée en 2011 par la Cour d’appel de Paris. La SNCF avait été condamnée à verser 3 000 euros à trois cheminots brocardés par leur chef de secteur. Dans un carnet, le premier était décrit comme « branleur », « revendicatif permanent », « très mauvais professionnellement ». Le second : « ...détruit physiquement, alcoolique... ». Enfin, le dernier était qualifié de « très mauvais agent, mauvais état d’esprit, pas bon professionnel, vie privée tumultueuse... ».

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