États-unis. Quand la menace Trump pour la paix se précise
Bruno Odent
Lundi, 5 Décembre, 2016
Humanite.fr
Le président élu instaure un dialogue inédit avec Taïwan, provoquant l’irritation de Pékin et confirmant, avant son accès à la Maison-Blanche, l’agressivité de ses projets en Asie du Sud-Est.
Avant même son entrée en fonction, le 20 janvier prochain, et alors qu’il continue de constituer une future équipe gouvernementale, Donald Trump laisse déjà percevoir l’acuité des dangers que pourrait faire courir à la paix mondiale l’application du programme qu’il porta durant la campagne électorale. Le président élu s’est laissé féliciter par la présidente de Taïwan, Tsai Ing-Wen. Une première depuis que les États-Unis ont reconnu, en 1979, la Chine populaire comme interlocuteur unique. L’affaire a suscité aussitôt une vive réaction de la part de Pékin. Elle ne saurait se réduire à une simple provocation ou à la maladresse d’un novice de la diplomatie qui continue, depuis qu’il a été élu, à privilégier, sur tous les sujets, des réactions sous forme de tweets, forcément peu élaborées et expéditives.
Donald Trump a multiplié durant sa campagne les messages les plus agressifs contre Pékin. Objectif : se mettre en scène en redresseur de torts à l’égard des autorités chinoises, accusées d’être les grandes responsables de l’effondrement de l’emploi et de l’industrie autochtones. Il leur a, à maintes reprises, reproché de sous-évaluer le yuan afin d’inonder son pays de productions low cost. Et il s’est engagé, de façon tonitruante, à imposer des taxes à l’importation de 45 % sur tous les produits made in China. Plus grave, il a mis en cohérence ses menaces avec une volonté d’accélérer un redéploiement géostratégique, déjà en cours, des forces américaines, vers l’Asie du Sud-Est. Le programme du dirigeant de l’ultradroite populiste vise un accroissement de la présence militaire états-unienne « dans et autour du sud de la mer de Chine ». La posture est d’autant plus inquiétante que Trump propose de revoir fortement à la hausse le format de l’armée des États-Unis, déjà de très loin la plus puissante de la planète. Son programme prévoit d’augmenter de 50 000 le nombre de soldats d’active, de créer 13 bataillons de marines supplémentaires et d’accroître de près de 20 % le nombre de navires de guerre, vecteurs par excellence d’interventions militaires très éloignées du sanctuaire national.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire