Les communards réhabilités malgré l’assaut de la droite
Assemblée nationale
Olivier Morin
Jeudi, 1 Décembre, 2016
L'Humanité
Comme Eugène Pottier, né il y a 200 ans, les victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871 ont été réhabilitées, hier, suite à un vote majoritaire à l’Assemblée.
De vieilles réminiscences versaillaises n’auront pas suffi à empêcher ceux qui sont montés « à l’assaut du ciel » au printemps 1871 d’être enfin réhabilités par l’Assemblée nationale mardi soir.
La proposition de résolution, signée notamment par le chef de file des députés socialistes et écologistes réformistes Bruno Le Roux et plusieurs élus parisiens, dont Patrick Bloche, qui en est à l’origine, souhaitait notamment que « la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ». Alors que l’auteur et cinéaste Gérard Mordillat, avant la montée au mur des Fédérés en 2016, comparait Manuel Valls à un nouveau Galliffet (le marquis responsable d’exécutions sommaires de communards durant la semaine sanglante) et le gouvernement de François Hollande de « nouveaux Versaillais (…) prêts à massacrer tous ceux qui n’obéissent pas aux diktats du Medef au nom duquel ils gouvernent la France », l’initiative d’une telle résolution peut étonner venant des socialistes. Mais c’est bien sûr dans les rangs de la droite que les protestations se sont fait entendre pour empêcher la réhabilitation des communards. Yannick Moreau, député « Les Républicains » (LR) de Vendée a commencé par citer Victor Hugo pour mieux enrober son refus puis s’est emporté : « N’avez-vous pas d’autres actions prioritaires à mener pour la France et les Français ? Que comptez-vous faire pour lutter contre le terrorisme islamique qui sème la terreur dans notre pays ? » Utilisant des manœuvres grossières, il a même été jusqu’à qualifier la Commune de « guerre civile » convoquant des « exterminations » de Vendéens sous la Terreur et comparant les méthodes du Comité de salut public et la Convention à celles employées « par les régimes totalitaires du XXe siècle ». L’extrême droite n’a pas manqué de voler à son secours puisque Gilbert Collard, député apparenté FN du Gard, a voulu jouer la confusion en mettant sur un pied d’égalité l’assassin de la Commune Adolphe Thiers et les communards sous prétexte de « laisser les morts enterrer les morts »… De son côté, Jean-Jacques Candelier, député PCF du Nord, a rappelé les conquêtes de la Commune grâce à laquelle « les travailleurs parisiens se sont efforcés de mettre un terme à l’exploitation et à l’oppression, et de réorganiser la société sur des bases entièrement nouvelles ». Il a souligné « l’importance de ce débat, dans une période où l’action sociale et syndicale tend à être criminalisée ». En écho à l’Association des amies et amis de la Commune de Paris 1871, il propose même d’aller au-delà en inscrivant la Commune dans les programmes scolaires ou en instaurant une journée de commémoration nationale.
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