jeudi 1 décembre 2016

Pétrole bon marché et pollution urbaine


Pétrole bon marché et pollution urbaine

Gérard Le Puil
Jeudi, 1 Décembre, 2016
Humanite.fr

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Selon l'OCDE, la pollution atmosphérique pourrait chaque année entraîner d’ici à 2060 le décès prématuré de 6 à 9 millions de personnes… Ici, à Mexico. Photo : Pedro Pardo/AFP
Selon l'OCDE, la pollution atmosphérique pourrait chaque année entraîner d’ici à 2060 le décès prématuré de 6 à 9 millions de personnes… Ici, à Mexico. Photo : Pedro Pardo/AFP
A Vienne, les dirigeants de l’OPEP ont réussi hier à se mettre d’accord pour limiter l’offre mondiale de pétrole brut afin de faire remonter les prix. Au même moment, à Mexico, les maires de 85 grandes villes discutaient pour voir comment réduire les pollutions résultant de l’usage massif des véhicules automobiles. Moins d’un an après l’accord de Paris sur le climat, ce combat est à peine entamé et bien loin d’être gagné. 
Depuis que l’Arabie saoudite et quelques pays pétroliers du Golfe Persique avaient décidé de ne plus maîtriser l’offre afin de mettre en difficulté les producteurs de pétrole de schiste aux Etats Unis, la baisse du prix du pétrole brut a considérablement aggravé les difficultés de nombreux pays qui avaient besoin des devises tirées de l’exportation du pétrole pour importer la nourriture et la vendre à un prix abordable pour une majorité de consommateurs. Il faut en effet se souvenir que la baisse moyenne du prix du brut a été d’environ 60%, le cours moyen du baril étant même tombé à 27 dollars en janvier 2016. Du Venezuela au Nigéria en passant par l’Algérie et quelques autres pays, ce sont les populations les plus modestes qui ont le plus durement subi les conséquences de la division par plus de deux du prix des produits pétroliers.
Sachant cela, il convient d’observer avec intérêt que, pour la première fois depuis 2008, 14 pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se sont engagés hier à limiter leur production à partir du début de l’année 2017. Les pays membres de l’OPEP vont réduire leur production de 1,2 million de barils par jour afin de maintenir son plafond quotidien à 32,5 millions de barils au lieu de 33,64 millions de barils. Seul l’Iran échappe à cette restriction avec une augmentation de sa production de 90.000 barils par jour pour atteindre une production quotidienne de 3,8 millions de barils. On sait que le boycott de certains pays a longtemps limité les exportations d’or noir de l’Iran ces dernières années. Sans être membre de l’OPEP, la Russie s’est également engagée à réduire sa production dès lors que les pays membre du cartel respecteront leurs engagements. Les spéculateurs étant toujours à l’affût des gains faciles à réaliser, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 3,72 dollars hier soir à la bourse de Londres pour passer les 50,10 dollars. Le même phénomène a été observé au Mercantile  Exchange de New York dans la soirée.

Une augmentation du prix à la pompe

Pour peu que cet accord de limitation de la production soit respecté, le prix du pétrole brut devrait continuer d’augmenter dans les prochaines semaines. Cela se traduira chez nous par une augmentation du prix des carburants à la pompe. Mais on sait aussi qu’une augmentation sensible du prix de brut pourrait dans un second temps relancer la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis alors que la chute des cours depuis deux ans l’avait fait reculer sensiblement. En effet, Donald Trump prône la relance de l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste et le Canada n’a pas renoncé à exploiter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Si ces deux pays nord américains augmentaient sensiblement leur production dans les prochains mois, l’accord de l’OPEP  pourrait ne pas avoir l’effet escompté sur le relèvement du prix du pétrole. Autant dire que rien n’est gagné non plus pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
A ce propos, les maires des plus grandes villes du monde réunis en ce moment à Mexico ont déclaré hier vouloir lutter contre le dérèglement climatique. Sachant que parmi ces 85 villes figurent notamment New York, San Francisco, Vancouver, Londres, Paris, Moscou, Rome, Milan, Athènes, Séoul, Bombay, Djakarta, Melbourne, Hong Kong, Pékin, Sao Paulo, Buenos Aires, Le Cap et Le Caire, on imagine que le chemin sera long pour parvenir à décongestionner  toutes ces méga-villes polluées par la circulation automobile. A cette occasion, un rapport a été rendu public ce jeudi. Il indique que les grandes villes représentées à Mexico devront rapidement réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre sous peine de voir l’objectif mondial de 2° de réchauffement dépassé. Cela concerne quelques 650 000 millions d’habitants. Le rapport explique que toute ces mégalopoles devraient faire passer leurs émissions de CO2 de 5 tonnes par habitant et par an aujourd’hui à 3 tonnes en 2030 et à 0,9 tonne en 2050. Voilà qui n’est pas gagné d’avance. Ces maires, dont Anne Hidalgo pour Paris, doivent dévoiler aujourd’hui les recommandations aux villes pour permettre de respecter les engagements de l’accord de Paris sur le climat.   

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