Hollande et Beulin sont sur un bateau …
Mardi, 2 Février, 2016
Si ce n’est pas l’histoire du « capitaine de pédalo », ça y ressemble beaucoup. Lors d’une rencontre avec le président de la République, le patron de la FNSEA a demandé une baisse de 10 point des cotisations sociales tandis que des paysans manifestaient dans plusieurs régions. Le chef de l’Etat lui a laissé entendre qu’il s’exprimera bientôt sur le sujet
La crise agricole s’aggrave de jour en jour au point que le président de la République a reçu ce mardi matin les deux premiers dirigeants de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Dans le même temps, quelques 200 paysans bloquaient avec une soixantaine de tracteurs la cité administrative de la préfecture d’Eure-et-Loir à Chartres. Dès 7H du matin, ils avaient cadenassé les portes des principales entrées et déversé des ballots de paille, des pneus de des palettes face aux forces de police. Brandies par des manifestants deux pancartes disaient «Contents de vous avoir nourris» et «Combien de morts faut-il », en référence aux difficultés économiques de la profession. On signalait aussi des actions à Boulogne-sur-Mer avec 500 tracteurs, à Quimper devant un magasin Carrefour, A Saint Lo et même du côté d’Arles dans les Bouches du Rhône.
En sortant de l’Elysée, Xavier Beulin a déclaré devant les journalistes présents: «Ne me demandez pas de dire aujourd’hui à des gens qui perdent chaque semaine 6.000€ de rentrer chez eux, ce n’est pas possible aujourd’hui ». Ceux qui perdent 6.000€ par semaine sont les éleveurs de porcs dont beaucoup ne pourront pas éviter le dépôt de bilan, à commencer par les plus jeunes qui ont investi récemment dans des bâtiments d’élevage. D’où ces mots de Thomas Diemer, président du syndicat Jeunes Agriculteurs à propos des rencontre entre dirigeants syndicaux et paysans pris à la gorge : « Les réunions sont extrêmement rudes parce qu’on a en face de nous des gens qui sont en colère ou à l’inverse désespérés. Il faut trouver les mots, les actes pour les réconforter». Il ajoutait que faute de « mesures de prise en compte des difficultés et de réponses appropriées, on n’est plus audible, les gens deviennent autistes».
Les réponses appropriées seraient des prix agricoles permettant de couvrir les coûts de production et de tirer un revenu décent de son travail à la fin de chaque mois. C’est impossible depuis longtemps dans la production porcine ou beaucoup d’éleveurs perdent effectivement 6.000€ par semaine dans un atelier faisant travailler deux personnes. Pas parce qu’ils ne seraient pas compétitifs, mais en raison notamment des distorsions de concurrence dont bénéficient les éleveurs allemands qui tirent une partie de leurs revenus de la vente d’électricité via la méthanisation des effluents d’élevage tandis que leurs usines d’abattage n’embauchent que des travailleurs détachés et sous payés. Gagner sa vie en travaillant n’est pas possible non plus dans la production laitière car le prix du lait a baissé de 20% en 2015, première année de la sortie des quotas laitiers, la surproduction étant avancée par les industriels plus pour imposer cette baisse de prix alors qu’ils demandaient aux éleveurs de produire plus un an plus tôt.
Comme l’augmentation du nombre de vaches laitières en Europe se traduit aussi par plus de vaches de réforme et de jeunes bovins mâles pour la boucherie, la chute des cours de la viande bovine impacte surtout les éleveurs spécialisés en viande bovine avec les races charolaise, limousine, salers, rouge des prés et blonde d’Aquitaine . Depuis 2001, le prix du kilo de viande bovine payé par le consommateur a augmenté de 62%, les coûts de production à la ferme ont progressé de 58%. Mais les prix payés aux éleveurs pour le kilo de carcasse n’ont augmenté que de 10 à 15% selon le profil des animaux.
Alors que les éleveurs de palmipèdes sont provisoirement privés du droit de produire pendant plusieurs mois pour cause de grippe aviaire, même les céréaliers sont aujourd’hui à la peine après trois années de récoltes abondantes au niveau mondial. Car il en va des produits agricoles comme du pétrole. Il suffit que l’offre dépasse la demande solvable de 3 à 5% pour que les cours s’effondrent de 20% et plus pour le lait et la viande ; de 40 à 50% pour les céréales, de 70% pour le pétrole. Ainsi fonctionne la loi de l’offre et de la demande dès qu’il n’y a plus de régulation. Suite à une crise de surproduction durable et coûteuse pour budget européen, les quotas ont régulé la production laitière européenne pendant 30 ans et permis aux producteurs d’avoir un revenu décent. La France a accepté la fin des quotas avec Bruno Le Maire au ministère de l’Agriculture. Lequel demande aujourd’hui « la régulation des volumes agricoles sur les marchés » dans une lettre à François Hollande datée du 28 janvier dernier.
Xavier Beulin non plus n’a pas parlé de régulation ni de maîtrise de la production en sortant de l’Elysée. A-t-il évoqué la question avec François Hollande et Stéphane Le Foll qui participait à cet entretien ? Ont-ils convenu qu’on ne pouvait rien tenter dans ce domaine ? On peut le penser puisque le président de la FNSEA a déclaré avoir demandé une baisse de 10 points des charges sociales pesant sur les agriculteurs dont il a chiffré le coût 600 millions d’euros. A supposer qu’elle puisse bénéficier à 300.000 exploitant, cela réduira de 2.000€ la cotisation annuelle de chacun. Ca ne remettra pas à flot ceux qui perdent 6.000€ par semaine selon Xavier Beulin.
Comme celle du pétrole, la chute des prix agricole est un révélateur du fonctionnement absurde er ravageur du système économique libéral dès qu’il se crée une situation de déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché. Pourtant, pas un seul ministre en exercice France, pas un économiste adepte du tout marché, pas un commissaire européen et pas davantage l’actuel président de la République comme l’actuel président de la FNSEA n’ose remettre en cause la loi dévastatrice du tout marché qui ruine les paysans, pollue la planète et nous conduira bientôt à manquer de nourriture.
Du coup la base syndicale de la FNSEA en est réduite à un argumentaire assez pitoyable pour tenter de défendre la profession comme le révèlent les propos de ce céréalier d’Eure-et-Loir relevés par l’Agence France Presse : « les agriculteurs croulent sous une avalanche quotidienne de nouvelles normes (…) On est respectueux de l’environnement puisque c’est notre outil de travail. Mais l’Etat nous remet des normes à chaque fois et on manque de compétitivité face à un marché mondial des céréales».
Le prix anormalement bas des céréales est déjà occulté dans ce raisonnement qui veut croire en une hypothétique compétitivité jaillissant du moins disant environnemental quand il devient urgent de freiner le réchauffement climatique.
En sortant de l’Elysée, Xavier Beulin a déclaré devant les journalistes présents: «Ne me demandez pas de dire aujourd’hui à des gens qui perdent chaque semaine 6.000€ de rentrer chez eux, ce n’est pas possible aujourd’hui ». Ceux qui perdent 6.000€ par semaine sont les éleveurs de porcs dont beaucoup ne pourront pas éviter le dépôt de bilan, à commencer par les plus jeunes qui ont investi récemment dans des bâtiments d’élevage. D’où ces mots de Thomas Diemer, président du syndicat Jeunes Agriculteurs à propos des rencontre entre dirigeants syndicaux et paysans pris à la gorge : « Les réunions sont extrêmement rudes parce qu’on a en face de nous des gens qui sont en colère ou à l’inverse désespérés. Il faut trouver les mots, les actes pour les réconforter». Il ajoutait que faute de « mesures de prise en compte des difficultés et de réponses appropriées, on n’est plus audible, les gens deviennent autistes».
Les réponses appropriées seraient des prix agricoles permettant de couvrir les coûts de production et de tirer un revenu décent de son travail à la fin de chaque mois. C’est impossible depuis longtemps dans la production porcine ou beaucoup d’éleveurs perdent effectivement 6.000€ par semaine dans un atelier faisant travailler deux personnes. Pas parce qu’ils ne seraient pas compétitifs, mais en raison notamment des distorsions de concurrence dont bénéficient les éleveurs allemands qui tirent une partie de leurs revenus de la vente d’électricité via la méthanisation des effluents d’élevage tandis que leurs usines d’abattage n’embauchent que des travailleurs détachés et sous payés. Gagner sa vie en travaillant n’est pas possible non plus dans la production laitière car le prix du lait a baissé de 20% en 2015, première année de la sortie des quotas laitiers, la surproduction étant avancée par les industriels plus pour imposer cette baisse de prix alors qu’ils demandaient aux éleveurs de produire plus un an plus tôt.
Comme l’augmentation du nombre de vaches laitières en Europe se traduit aussi par plus de vaches de réforme et de jeunes bovins mâles pour la boucherie, la chute des cours de la viande bovine impacte surtout les éleveurs spécialisés en viande bovine avec les races charolaise, limousine, salers, rouge des prés et blonde d’Aquitaine . Depuis 2001, le prix du kilo de viande bovine payé par le consommateur a augmenté de 62%, les coûts de production à la ferme ont progressé de 58%. Mais les prix payés aux éleveurs pour le kilo de carcasse n’ont augmenté que de 10 à 15% selon le profil des animaux.
Alors que les éleveurs de palmipèdes sont provisoirement privés du droit de produire pendant plusieurs mois pour cause de grippe aviaire, même les céréaliers sont aujourd’hui à la peine après trois années de récoltes abondantes au niveau mondial. Car il en va des produits agricoles comme du pétrole. Il suffit que l’offre dépasse la demande solvable de 3 à 5% pour que les cours s’effondrent de 20% et plus pour le lait et la viande ; de 40 à 50% pour les céréales, de 70% pour le pétrole. Ainsi fonctionne la loi de l’offre et de la demande dès qu’il n’y a plus de régulation. Suite à une crise de surproduction durable et coûteuse pour budget européen, les quotas ont régulé la production laitière européenne pendant 30 ans et permis aux producteurs d’avoir un revenu décent. La France a accepté la fin des quotas avec Bruno Le Maire au ministère de l’Agriculture. Lequel demande aujourd’hui « la régulation des volumes agricoles sur les marchés » dans une lettre à François Hollande datée du 28 janvier dernier.
Xavier Beulin non plus n’a pas parlé de régulation ni de maîtrise de la production en sortant de l’Elysée. A-t-il évoqué la question avec François Hollande et Stéphane Le Foll qui participait à cet entretien ? Ont-ils convenu qu’on ne pouvait rien tenter dans ce domaine ? On peut le penser puisque le président de la FNSEA a déclaré avoir demandé une baisse de 10 points des charges sociales pesant sur les agriculteurs dont il a chiffré le coût 600 millions d’euros. A supposer qu’elle puisse bénéficier à 300.000 exploitant, cela réduira de 2.000€ la cotisation annuelle de chacun. Ca ne remettra pas à flot ceux qui perdent 6.000€ par semaine selon Xavier Beulin.
Comme celle du pétrole, la chute des prix agricole est un révélateur du fonctionnement absurde er ravageur du système économique libéral dès qu’il se crée une situation de déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché. Pourtant, pas un seul ministre en exercice France, pas un économiste adepte du tout marché, pas un commissaire européen et pas davantage l’actuel président de la République comme l’actuel président de la FNSEA n’ose remettre en cause la loi dévastatrice du tout marché qui ruine les paysans, pollue la planète et nous conduira bientôt à manquer de nourriture.
Du coup la base syndicale de la FNSEA en est réduite à un argumentaire assez pitoyable pour tenter de défendre la profession comme le révèlent les propos de ce céréalier d’Eure-et-Loir relevés par l’Agence France Presse : « les agriculteurs croulent sous une avalanche quotidienne de nouvelles normes (…) On est respectueux de l’environnement puisque c’est notre outil de travail. Mais l’Etat nous remet des normes à chaque fois et on manque de compétitivité face à un marché mondial des céréales».
Le prix anormalement bas des céréales est déjà occulté dans ce raisonnement qui veut croire en une hypothétique compétitivité jaillissant du moins disant environnemental quand il devient urgent de freiner le réchauffement climatique.
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