jeudi 11 février 2016

Les Plumés de l’austérité fêtent leur anniversaire


Les Plumés de l’austérité fêtent leur anniversaire

GÉRALD ROSSI
JEUDI, 11 FÉVRIER, 2016
L'HUMANITÉ

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Photo Martin Bureau/AFP
Les élus Front de gauche de Seine-Saint-Denis annoncent de nouvelles actions associant les populations.
Anniversaire de colère. « Il y a un an, ici même, nous avons lancé le mouvement des Plumés de l’austérité », a expliqué mardi Azzédine Taïbi dans sa mairie de Stains (Seine-Saint-Denis). « Depuis, nous nous sommes largement engagés contre l’austérité, et il est toujours hors de question que nous acceptions la ponction de la réduction des dotations de l’État », précise le maire communiste, confronté à « trois millions d’euros qui manquent pour boucler le budget communal cette année ».
Plusieurs élus des villes voisines sont présents, tel Patrice Bessac, maire (PCF) de Montreuil, qui dénonce pareillement « un matraquage maximal des collectivités locales alors que nous assurons l’essentiel de l’investissement public ». Aujourd’hui, « avec les baisses de dotations, l’État transfère les problèmes aux élus locaux, c’est hypocrite et irrespectueux », s’indigne-t-il. Prenant l’exemple du logement, il exprime sa vive inquiétude car « dans les dix ans à venir, nous allons devoir accueillir en Île-de-France deux millions de personnes supplémentaires », en raison des naissances, de l’attractivité économique, etc. « Nous devons tous sans attendre lancer la construction de logements, tant la pénurie est grande, mais la plupart des maires diminuent le nombre de constructions, faute de moyens pour financer les écoles qui doivent obligatoirement accompagner » les nouveaux immeubles. « C’est cela la réalité. »
« Nous sommes contraints de gérer la pénurie et ce n’est pas acceptable », dénonce à son tour Meriem Derkaoui, la nouvelle maire communiste d’Aubervilliers. « Comment faire alors qu’en trois ans c’est près de 16 millions qui nous ont été supprimés ? Nous sommes confrontés à des politiques qui font souffrir les gens, et nous en constatons les répercussions dans les urnes », dénonce-t-elle. Pour autant, « si ce constat est terrible, il n’est pas question de se résigner », résume Didier Mignot, conseiller régional et président de l’association départementale des élus communistes et républicains.D’autant plus, explique Belaïde Bedreddine, président du groupe Front de gauche au conseil départemental, « qu’en 2015 les entreprises de la Seine-Saint-Denis ont bénéficié de 116 millions d’euros de réduction d’impôts au titre du CICE, sans contrepartie et sans effet visible pour l’emploi ». Dans le même temps, 140 millions « restent à la charge du département » pour le RSA. « Si le CICE était réorienté vers notre collectivité, nous l’utiliserions bien plus efficacement », dit-il. Les conseillers départementaux Front de gauche rappellent aussi que « le transfert du versement du RSA de l’État aux départements en 2004 s’est fait sur la base d’une compensation financière établie sur 2003, alors que le nombre d’allocataires a doublé depuis en Seine-Saint-Denis, dépassant les 100 000 bénéficiaires ».
« Pour nous faire mieux entendre nous devons démultiplier les initiatives, les rassemblements, et les formations politiques de gauche doivent aussi se saisir de ce combat qui ne peut être laissé aux seuls élus », insiste Meriem Derkaoui. Déjà, précise le maire et conseiller départemental de Stains, des « assemblées citoyennes vont se tenir dans tous les cantons où nous sommes élus » et une rencontre est prévue « avec les conseillers du Val-de-Marne, où les difficultés sont du même ordre, pour franchir ensemble une nouvelle étape ». Pour l’heure, le groupe Front de gauche du 93 a obtenu du président Stéphane Troussel (PS) que le vote du budget départemental 2016, prévu le 18 février, soit repoussé au 10 mars « afin de se donner plus de temps pour réagir (car) cette lutte, nous la partageons avec le plus grand nombre pour en finir avec l’austérité et l’urgence sociale ». Et Azzédine Taïbi, qui veut élargir l’angle d’approche, rappelle les actions entreprises depuis plusieurs mois entre sa ville et la petite commune de Génolhac, dans les Cévennes, sur le principe du « droit à l’égalité territoriale ». Une réflexion partagée…

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