jeudi 19 janvier 2017

L’industrie au cœur des enjeux du service public ferroviaire


L’industrie au cœur des enjeux du service public ferroviaire

Rail
Marion d’Allard
Jeudi, 19 Janvier, 2017
L'Humanité
Les cheminots CGT réunis en congrès à Saint-Malo ont organisé, hier, un débat sur les liens de dépendance qui existent entre l’industrie et le service public de transport ferroviaire, en insistant fortement sur la nécessité d’une relance du fret.
«Quand on ferme des usines, on menace les gares de triage fret ; et quand on ferme une gare de fret, on risque de voir fermer les usines autour. » Ainsi un cheminot de Toulouse résumait-il hier le lien d’interdépendance qui existe entre l’industrie et le service public ferroviaire. À l’occasion du 43e congrès de la fédération CGT des cheminots, qui se tient cette semaine à Saint-Malo, cette question a été mise en débat pour tenter de dessiner les contours d’une convergence des luttes entre défense du service public et réindustrialisation des territoires. L’enjeu, pour la CGT, est de démontrer en quoi les politiques publiques de casse du transport ferroviaire, aussi bien de marchandises que de voyageurs, dégradent non seulement le service rendu aux usagers mais menacent également l’équilibre industriel de certaines régions et mettent en difficulté les constructeurs ferroviaires.
« Le service public ferroviaire est un aspect fondamental de l’aménagement des territoires et il est aujourd’hui mis à mal par des choix politiques qui ne visent qu’un objectif : nourrir les intérêts du capital », rappelle en préambule Dominique Launay, secrétaire général de l’Union interfédérale des transports CGT. « Face à cet abandon de la part de la SNCF, qui multiplie les fermetures de gares, de lignes, de guichets, les usagers finissent par se détourner du train. Et en créant des déserts ferroviaires, ces politiques réenclavent des territoires qui perdent en attractivité et où ni les entreprises ni les jeunes ne s’installent », explique Sylviane Arnac, membre de l’association Convergence nationale rail (CNR).

Il faut que cesse la duplicité de certains élus

De main en main, le micro passe dans l’immense salle de conférences. Et d’intervention en intervention, revient la question du fret, de sa casse programmée par la direction de la SNCF et des conséquences que l’abandon du wagon isolé – qui permettait à une entreprise de faire transporter par rail une petite quantité de marchandises – a sur le tissu industriel national. Pour Olivier Petit, membre du CE fret SNCF, « retour du wagon isolé et relance industrielle vont de pair ». Mais aujourd’hui, force est de constater que « l’entreprise a fait le choix d’abandonner ce service au profit d’autres, jugés plus rentables ». Pourtant, poursuit le syndicaliste, « c’est sur l’équilibre entre voyageurs et marchandises que s’est construite la SNCF, et il faut désormais retrouver cet équilibre ».
Car la question de la casse du fret ferroviaire ne se résume pas à quelques camions de plus sur les routes. « Nous sommes face à un problème évident de raccordement des lignes ferroviaires aux infrastructures portuaires », intervient un cheminot de l’ancienne gare de triage d’Achères (Yvelines), fermée depuis 2005. « Relier les ports permettrait de renforcer considérablement le maillage et la relocalisation des unités industrielles », poursuit-il, rappelant au passage qu’à l’époque où le triage d’Achères était en activité PSA y faisait transiter toutes ses productions.
Pour pousser au retour d’une réelle politique du transport public ferroviaire, Jean-Michel Bodin, ancien vice-président communiste aux transports de la région Centre, rappelle l’importance d’associer aux luttes des cheminots les élus et les usagers. « Il faut que cesse la duplicité de certains élus qui votent à Paris les politiques de casse du ferroviaire et se plaignent ensuite, lorsque leur gare en région ferme », a-t-il dénoncé.
Pour la CGT, la question de la réindustrialisation en lien avec le développement des services publics est centrale. Organisé par la confédération à quelques semaines d’échéances électorales majeures, un printemps de l’industrie se tiendra en mars, précédé, en février, des assises de l’industrie, qui se dérouleront à Paris. C’est d’ailleurs Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la CGT mines et énergie et animatrice du comité de pilotage des assises de l’industrie, qui a conclu le débat hier, réaffirmant que, « plus que jamais, la CGT poursuit comme objectif de mener campagne pour la relocalisation de l’industrie, le réinvestissement dans l’appareil productif, le développement des circuits courts, tout ceci en lien avec un véritable service public du transport ferroviaire ».
Industrie : l’appel de personnalités
Des syndicalistes et élus de gauche, dont Bernard Thibault et Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO), Pierre Laurent (PCF), Arnaud Montebourg (PS) et Éric Coquerel (PG), appellent dans une tribune dans le Monde intitulée « Redonnons la priorité à l’industrie » à réorienter l’économie vers les activités industrielles. Pour eux, la finance, qui « continue d’étouffer l’industrie », doit être remise « à sa place ».

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