lundi 23 janvier 2017

Santé. À Dreux, les urgentistes au bord de la démission


Santé. À Dreux, les urgentistes au bord de la démission

Sylvie Ducatteau
Jeudi, 19 Janvier, 2017
L'Humanité
Onze médecins des urgences du centre hospitalier Victor-Jousselin menacent de rendre leur blouse pour protester contre leurs conditions de travail « difficilement supportables ».
«Nous sommes onze médecins démissionnaires sur quinze qui travaillons aux urgences de Dreux. Quitter l’établissement un par un aurait été transparent aux yeux des pouvoirs publics. Nous voulons tous partir », explique le docteur Eddy Nicolas, responsable de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) à l’origine de cette menace de quitter l’établissement d’ici au 1er octobre. Fin 2016, deux urgentistes avaient démissionné sans faire de bruit. Ils n’ont toujours pas été remplacés. « Mardi dernier, une patiente est restée vingt heures sur un brancard. Une quinzaine de malades, des hommes y compris, ont été casés à la maternité, raconte le Dr Nicolas. Nous courons en permanence après les lits et nous hospitalisons les malades là où nous le pouvons. »

« Il est clair que le métier ne fait plus rêver »

Ce mardi noir était exceptionnel mais l’exaspération des urgentistes n’est pas nouvelle, et elle touche les services d’urgence bien au-delà du chef-lieu de l’Eure-et-Loir. « L’activité des urgences augmente en moyenne de 5 % par an sans moyens humains supplémentaires. Entre 2005 et 2015, le rendement des urgentistes a fait un bond de 40 %. Comme à Dreux, les médecins n’en peuvent plus », explique le Dr Pierre-Jean Gilavert, responsable de l’Amuf de la région Centre-Val de Loire. Cette situation est d’autant plus mal vécue que la convention sur le temps de travail signée il y a deux ans avec Marisol Touraine, la ministre de la Santé, instaurant la semaine de 39 heures au lieu de 48 heures, n’est toujours pas appliquée. D’où un système qualifié de vicieux par le responsable syndical : « Les urgentistes démissionnent pour occuper des postes moins tendus ou sans gardes de nuit. Certains optent pour l’intérim mieux rémunéré. Et ceux qui restent bouchent les trous. Il est clair que le métier ne fait plus rêver. »
À Dreux, il y a un an et demi, les urgentistes avaient déjà dénoncé la dégradation de leurs conditions de travail au cours d’une grève. En novembre dernier, ils ont adressé un courrier à Carole Festa, la directrice de l’établissement, pour déplorer « des conditions de travail ne permettant plus d’envisager un avenir au sein du centre hospitalier de Dreux ». Une liste de huit revendications dont l’application des 39 heures à l’hôpital lui avait été soumise. Il a fallu l’annonce de leur démission, hier matin, pour qu’une rencontre soit programmée sur ce sujet, le 2 février. Mais, au centre hospitalier Victor-Jousselin, les urgentistes ne sont pas les seuls à hausser le ton. Il y a tout juste une semaine, le tribunal de Chartres a annulé la réorganisation du travail suite à un référé syndical.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire