lundi 25 janvier 2016

Calais : manifestation et contre-manifestation, la tension monte

Calais : manifestation et contre-manifestation, la tension monte

Lundi, 25 Janvier, 2016
Humanite.fr

A la mobilisation de soutien aux migrants samedi a répondu une manifestation franchement hostile sous prétexte de « sauver les emplois » à Calais. Les uns comme les autres appellent le gouvernement à agir, la situation devenant intenable.
Dimanche, 2000 personnes ont manifesté pour "soutenir les emplois" dans les rues de la sous-préfecture du Pas-de-Calais. A l'origine du défilé, le collectif de petites entreprises et commerçants du Calaisis. Selon eux, la crise migratoire est la cause d'"une forte baisse de l'activité". Ils réclament notamment l’exemption des taxes sur l’activité… Après des prises de parole sur la place d'Armes, où une Marseillaise a été entonnée et les CRS applaudis, le cortège des commerçants a défilé dans le centre-ville pendant près de deux heures derrière une grande bannière "Mon port est beau, ma ville est belle - soutenir notre ville, notre port, nos commerces et nos emplois".
Dans les premiers rangs avait pris place le maire de Calais, Natacha Bouchart, qui s'était jusqu'ici tenue à l'écart de toute manifestation de rue. Après l'intrusion de migrants sur le port samedi, elle avait à nouveau donné de la voix, demandant "solennellement au président Hollande de venir sur place pour régler les problèmes liés au camp".
La veille, la ville avait été le théâtre d’un tout autre défilé, qui avait également réuni 2.000 personnes, mais organisée cette fois par des collectifs de soutien aux migrants, et quelques personnalités, dont l'eurodéputée EELV Karima Delli et Philippe Poutou (NPA). Ils entendaient exprimer leur "solidarité" avec les migrants et réclamer "des condition d'accueil dignes".  "Nous sommes ici par solidarité et pour dénoncer l'inactivité de l'Etat français qui n'a pas la volonté d'assurer une vie meilleure aux réfugiés", a affirmé Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris.
Sur le chemin de la manifestation, des actes d'hostilité envers les migrants ont été constatés. Une habitante de Calais a apostrophé en termes violents les manifestants depuis sa fenêtre et un Calaisien a été photographié un fusil à la main, à quelques mètres seulement de migrants...
C'est après le défilé que 350 personnes, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, s'étaient introduites dans l'enceinte du port et une cinquantaine avait pu s'infiltrer pour monter à bord du ferry "Spirit of Britain", en provenance de Douvres et stationné dans le port.
Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre.
Ce même samedi, le travailliste Jeremy Corbyn, s'est rendu lui dans le camp de migrants de Grande-Synthe (2.500 migrants), à quelques kilomètres de Calais. "Certaines personnes, sont ici depuis des mois, voire plus, dans le froid, dans l'humidité, sans éducation correcte, sans accès aux médecins, ni aux dentistes et avec un accès limité à la nourriture (...) ces conditions sont une honte", a affirmé le chef d'opposition britannique. "La Grande-Bretagne doit faire davantage pour résoudre le problème", a-t-il dit.

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