mercredi 20 janvier 2016

La Grèce ne résoudra pas la crise à elle seule

La Grèce ne résoudra pas la crise à elle seule

Thomas Lemahieu
Mercredi, 20 Janvier, 2016
L'Humanité
  
Plus de 31 000 réfugiés et migrants ont débarqué en Grèce depuis le 1er janvier 2016.
Photo : Bulent Kilic/AFP
Des milliers de migrants arrivent chaque jour. La Turquie ne respecte pas ses engagements et les passeurs prospèrent.
Un indice de plus de l’exaspération qui grandit en Grèce. Vendredi, la chaîne britannique Sky News a diffusé les images d’une opération de sauvetage d’un bateau de migrants au large de l’île de Samos. Les garde-côtes ont arrêté un passeur présumé, un ressortissant turc âgé de 21 ans qui conduisait le bateau. Ils l’ont forcé à regarder les corps de trois enfants, âgés de deux à quatre ans et morts dans le naufrage, jusqu’à ce qu’il fonde en larmes… Lundi soir, Thodoris Dritsas, le ministre grec de la Marine, a condamné un « comportement clairement inapproprié » des agents, qui « devraient ­garder la tête froide et rester ­professionnels vis-à-vis de tout ­détenu, même s’il est accusé d’un crime odieux ».

L’amalgame entre migrant et terroriste décrié par Syriza

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 31 000 réfugiés et migrants ont débarqué en Grèce depuis le 1er janvier 2016 (contre 1 470 en janvier 2015). Au 14 janvier, on comptait déjà près de 400 morts noyés lors des traversées entre la Turquie et la Grèce. Pour les Grecs, totalement dépassés, cette situation n’est plus supportable. À chaque occasion, alors que dans tout le reste de l’Europe, ils vont bon train, le gouvernement Syriza conteste vertement tous les amalgames entre migrants et terroristes. Selon des chiffres livrés hier par Nikos Toskas, le ministre délégué à la Protection civile, le pays, confronté au sévère plan d’austérité que l’on sait, a déjà dépensé près de deux milliards d’euros pour améliorer l’accueil des réfugiés et des migrants, mais la Grèce est très critiquée pour les conditions extrêmement précaires dans lesquelles se trouvent les migrants à leur arrivée en Europe. D’après le ministre, c’est vers la Turquie qu’il faut désormais ­regarder : « Elle n’applique pas les termes de l’accord qui a été signé avec l’Union européenne pour gérer les flux de réfugiés, estime Nikos Toskas. C’est évident, il suffit de regarder le nombre de réfugiés qui arrivent encore sur nos côtes. »
Contre une aide financière de 3 milliards d’euros émanant de l’Union européenne et de ses États membres, Ankara doit chercher à retenir sur son territoire les migrants syriens, irakiens ou afghans qui fuient les guerres. Lors d’une visite en ­Allemagne, Prokopis Pavlopoulos, le président grec, qui, membre de la formation de droite ND, a un rôle institutionnel limité, accuse, tout en précisant qu’il ne vise pas les dirigeants turcs : « Je crains fort que les passeurs turcs ne soient soutenus par les autorités. Les autorités portuaires font comme si elles ne voyaient rien. Nous avons des preuves. C’est une sorte de commerce des esclaves. »

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