mercredi 20 janvier 2016

Hasard et coup de rein

Hasard et coup de rein

Par Michel Guilloux
Mercredi, 20 Janvier, 2016
L'Humanité

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GEORGES GOBET/AFP
L'éditorial de Michel Guilloux : "Que dire d’un pouvoir qui pousse non seulement à la réduction des droits des chômeurs, mais, avec la prochaine « réforme » du Code du travail, aussi à la remise en cause de ceux de tous les salariés ? "
Hasard du calendrier, bien sûr, que la Cour des comptes publie un rapport le jour où le chef de l’État dévoile son « plan » en matière de lutte contre le chômage. Quand l’hôte de l’Élysée envisage de durcir l’attitude de Pôle emploi à l’égard des salariés privés de travail, les locataires du Palais Cambon font de la comptabilité, et que de la comptabilité, c’est bien connu. Ils fournissent deux chiffres chocs, repris en boucle depuis hier : la dette de l’assurance chômage devrait atteindre près de 30 milliards d’euros fin 2016, et 5 de plus deux ans plus tard. « La soutenabilité du régime » est en cause, commentent-ils, tout de même. Plus fleuri est le service après-vente ministériel du « plan Hollande », « dernier coup de rein » pour stopper l’augmentation du chômage, selon les mots de Michel Sapin, rappelant le bilan en la matière du gouvernement, création du CICE en tête. Le crédit d’impôt compétitivité emploi a permis que 34 milliards d’euros, soit donc le déficit de l’Unedic prédit pour 2018, aillent pour l’essentiel nourrir les dividendes et autres jeux financiers des grands groupes. Quant à l’emploi…
« L’effort est encore insuffisant » , précise benoîtement celui qui, rappelons-le, est ministre des « Finances ». On croyait qu’il s’agissait de l’argent public au service du progrès social et de la solidarité quand chaque jour éclaire le parti pris de ce pouvoir : servir la rente et alimenter le parasitisme financier. « Une justice qui place le militant syndical au rang de délinquant est une justice de classe », a déclaré la CGT dans son appel à se lever pour défendre les Goodyear. Que dire d’un pouvoir qui pousse non seulement à la réduction des droits des chômeurs, mais, avec la prochaine « réforme » du Code du travail, aussi à la remise en cause de ceux de tous les salariés ? La compétition est rude avec la droite pour se prévaloir auprès des puissances patronales et d’argent comme leurs meilleurs chargés d’affaires. La violence, elle, et de plus en plus, vise toujours les mêmes.

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