mardi 26 janvier 2016

La « gauche caviar» fait croître en nombre les « salauds de pauvres » fustigés par la droite

La « gauche caviar» fait croître en nombre les « salauds de pauvres » fustigés par la droite

Gérard le Puill
Mardi, 26 Janvier, 2016
Humanite.fr

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Photo : AFP
Photo : AFP
Alors que le rapport Badinter visant à précariser l’emploi a été remis au gouvernement, l’augmentation continuelle des aides directes au patronat génère aussi des surcoûts induits par l’étendue de la pauvreté. C’est ce que montre l’augmentation continuelle des sommes consacrés l’APL, au RSA et la CMU tandis la Sécurité sociale et les caisses de retraites sont aussi en difficulté. 
Depuis plusieurs décennies tout est bon pour justifier « la baisse du coût du travail». Le rapport Badinter sur la réforme du code du travail traduit la volonté de François Hollande et du gouvernement de Manuel Valls d’enlever des droits aux travailleurs pour accroître les profits des actionnaires et autres financiers. Cela dure depuis 40 ans de manière ininterrompue. Cette attaque permanente contre le monde du travail s’est beaucoup accentuée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et, plus encore, sous celle de François Hollande. On ne compte plus les milliards donnés au patronat sans que cela se traduise par une interruption de l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi. Il y avait 500.000 chômeurs de plus en France quand Sarkozy a quitté l’Elysée en 2012 que quand il est arrivé en 2007. Vu que le nombre de sans emploi de catégorie A progresse de plus de 500.000 depuis mai 2012 et le cumul des trois catégories A,B et C nous donne 600.000 demandeurs d’emplois de plus, on sait déjà qu’il y aura beaucoup plus de chômeurs en France quand François Hollande terminera son quinquennat en 2017 que lorsqu’il l’a entamé en 2012. 
D’ici là , on peut s’attendre à ce que la plupart des candidats à la primaire présidentielle de la droite et d’une certaine « gauche » ne vont pas manquer d’imagination pour avancer de nouvelles exonérations de charges pour le patronat et de nouvelles précarités pour les salariés. C’est ce que montre déjà le jeu de rôles mis en scène par Macron et Valls à l’occasion de la remise du rapport d’un Robert Badinter, que l’on avait naguère connu mieux inspiré. 
Curieusement, ni les personnalités politiques qui proposent ces fausses solutions, ni les décideurs économiques et encore moins les journalistes qui propagent leurs idées dans la presse ne s’interrogent sur certains coûts cachés de cette politique constante de sous rémunération du travail.
Il existe en France des formes ultimes de protection sociales qui fonctionnent comme des voitures balais et qui sont précieuses. Au départ, leur but affiché semblait être de ne laisser personne sur le bord de la route. L’aide personnalisée au logement (APL) en fait partie. Elle prit son essor en 1977 quand le gouvernement dirigé par Raymond Barre décida de remettre en cause l’aide à la pierre accordée aux bailleurs sociaux pour réduire le coût de la construction afin de pouvoir proposer des loyers bon marché. Barre et son équipe affirmaient alors que presque tous les ménages français allaient vite sortir de la pauvreté et que l’APL ne serait qu’une dépense résiduelle appelée à disparaître au bout de quelques années. On sait ce qu’il en est advenu depuis.
Aujourd’hui, l’APL permet à bien des aux locataires aux revenus modestes d’accéder à un logement, social la plupart du temps. Mais un logement dont ils ne pourraient payer le loyer sans cette aide. En 2013, ce sont 6,3 millions de ménages dont 5,8 millions de locataires et 500.000 accédants à la propriété qui bénéficiaient de l’APL. Il en a coûté cette année là 17,4 milliards d’euros au budget de l’Etat et une partie toujours plus grande de cette somme ne fait que transiter par les locataires pour finir dans l’escarcelle des propriétaires privés qui ont investi dans le logement locatif pour bénéficier de déductions fiscales afin de payer moins d’impôt. Il en a été ainsi depuis 1995 avec, successivement, les plans Périssol, Besson, De Robien, Apparu, Scellier, Duflot et autres Pinel. Après avoir quitté le gouvernement Fillon, Martin Hirsch a pu écrire que sur 100€ de revalorisation de l’APL qu’obtenait un locataire, 6€ servaient réellement à améliorer sa solvabilité tandis que 94€ étaient directement transférés dans la poche du bailleur via l’augmentation du loyer.
Le Revenu de solidarité active(RSA) est une autre voiture balai qui a succédé en Revenu minimum d’insertion (RMI) mis en place par le gouvernement de Michel Rocard après la seconde victoire de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1988. Le RSA était versé à 2,5 millions de personnes ou ménages en décembre 2015 contre 2,47 millions en juin de la même année et 2,3 millions en juin 2013. L’explication de cette augmentation continuelle est simple. Plus le chômage et la précarité augmentent, moins il y a de revenu chez les chômeurs de longue durée comme chez les travailleurs précaires qui ne trouvent que quelques heures de boulot dans le mois. Et comme les seniors licenciés après 50 ans ont de plus en plus de mal à retrouver du travail alors que recule sans cesse l’âge donnant droit à le retraite, ils viennent aussi grossir les rangs des bénéficiaires du RSA. Le RSA a coûté quelques 10 milliards d’euros aux départements en 2015. Ce qui veut dire aussi qu’il a été payé essentiellement par nos impôts locaux.
La Couverture maladie universelle (CMU) a été mise en place par Martine Aubry du temps du gouvernement de la « gauche plurielle » dirigé par Lionel Jospin. Il s’agissait de redonner une couverture sociale à tous les pauvres qui n’en avaient plus, suite à divers accidents de la vie dont le chômage de longue durée, les « sans papiers » victimes de maladies pouvant aussi se faire soigner. La CMU permet aujourd’hui une prise en charge médicale à 5 millions de personnes et coûte 6 milliards d’euros par an au pays. C’est aussi une conséquence de la sous rémunération du travail et de la précarisation de l’emploi. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la Sécurité sociale, les caisses de retraite et les assurances chômage connaissent aussi de plus en plus de difficultés budgétaires. 
Au nom de la lutte contre « l’assistanat », lLa droite demande que l’on réduise chacune de ces aides comme elle demande une moindre indemnisation du chômage, une baisse du salaire minimum et de nouvelles réductions de charges pour les entreprises. Mais c’est bien cette baisse de la rémunération du travail et l’exclusion de tout emploi pour plus de 5 millions de personnes qui met la protection sociale en difficulté tout en augmentant les dépenses pour l’APL, pour le RSA et pour la CMU.
Bien évidemment, cette politique a été aggravée par les délocalisations de productions industrielles vers les pays à bas coûts de main d’œuvre et par les baisses des tarifs douaniers qui ont ensuite favorisé les importations de produits fabriqués par des hommes et des femmes victimes d’une exploitation féroce pour satisfaire les exigences de profits des donneurs d’ordres que sont les firmes qui ont délocalisé et les enseignes qui vendent ces produits chez nous. Ce qui se traduit par un déficit chronique de notre commerce extérieur.
Du coup, conformément à ce que réclame la droite, la la politique économique de gauche caviar et technocratique représentée par François Hollande, Manuel Valls, Laurent Fabius, Emmanuel Macron, Michel Sapin, Myriam El Khomri, Jean-Christophe Cambadélis et quelques autres, fonctionne comme une spirale régressive sans fin. Voilà comment un pays riche produit de plus en plus d’exclus dont l’actuel président de la République aimerait moquer « les sans dents», si l’on en croit les indiscrétions parues dans un livre écrit par une personne qui le connait bien. 

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