jeudi 21 janvier 2016

EDF, il y a de l’électricité dans l’air

EDF, il y a de l’électricité dans l’air

Éric Serres
Jeudi, 21 Janvier, 2016
L'Humanité

EDF

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Forte mobilisation, aujourd’hui, pour les salariés d’EDF, qui dénoncent la suppression de milliers de postes mais aussi le démantèlement à peine voilé du secteur public de l’énergie en France.
Le ciel s’assombrit au-dessus d’EDF et se charge en électricité. Aujourd’hui, à l’issue du CCE, comité central d’entreprise, l’énergéticien devait confirmer ce que les syndicats soupçonnaient depuis une semaine, c’est-à-dire la suppression d’au moins 4 000 postes, qui se fera via des non-remplacements de départs à la retraite ou via des départs anticipés. Ce plan social, qui a entraîné dès hier de nombreux débrayages dans l’entreprise, représentera, entre 2016 et 2018, plus du double des suppressions initialement annoncées par l’électricien.
Parmi les départements touchés, figure la branche commerciale, qui, avec la fin des tarifs réglementés jaunes et verts pour les professionnels, pourrait perdre davantage que les 30 % de clients déjà partis ailleurs : « Cela se chiffrera par 1 500 suppressions de postes, explique Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la FNME-CGT, et devrait faire le bonheur d’une société privée comme Direct Énergie, qui vendra de l’énergie sans la produire. » Une ineptie pour la porte-parole CGT, « car cette société ne compte que quelques centaines d’employés en France, qui n’ont d’ailleurs pas de statut ». Mais la branche commerciale ne sera pas la seule à voir ses effectifs rétrécir. Le secteur de la recherche et du développement, qui devrait perdre autour de 7 % de son budget, verra, par effet de bande, réduire ses effectifs d’ici à 2018. Une autre ineptie pour la CGT, pour qui, au moment des grands enjeux de transition énergétique, la logique aurait été de renforcer un secteur d’avenir.
Mais, au-delà de ces terribles chiffres, comment EDF, fleuron de l’industrie française, a-t-il pu en arriver à une telle situation ? Les syndicats CGT, FO et CGC ont leur petite idée, et, même s’ils mettent en cause la direction, pointent en premier lieu l’abandon en rase campagne du gouvernement : « Il poursuit le travail de dépeçage de ses prédécesseurs, continue la porte-parole de la FNME-CGT. Il répond aux injonctions de l’Europe sur la libéralisation du marché de l’énergie. Nous assistons à la casse d’un système qui avait fait ses preuves. »

La fin imposée des centrales thermiques d’ici à 2017-2018...

EDF doit en effet faire face à des attaques venues de toutes parts. À commencer par le non-renouvellement de ses concessions hydrauliques imposé par la Commission européenne. Une offrande faite au secteur privé qui devrait s’engouffrer dans la brèche : « C’est la fin programmée du secteur public de l’énergie au moment même où celui-ci devrait être renforcé. Un de ces jours, nous ne sommes pas à l’abri d’un black-out énergétique dans notre pays », insiste Marie-Claire Cailletaud, qui milite de longue date pour la création d’un pôle public de l’énergie.
Mais la brèche est encore plus large pour l’intersyndicale. La fin imposée des centrales thermiques d’ici à 2017-2018, le démantèlement programmé du nucléaire avec notamment la fermeture anticipée de Fessenheim, le rachat obligé de la filière nucléaire d’Areva, sans compter le provisionnement de dernière minute du projet pharaonesque d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, sont autant de charges supplémentaires auxquelles devra faire face l’énergéticien. Pour FO énergie et mines, c’en est trop : « Nous avons, à la fois, un État qui exige des dividendes élevés au mépris de la santé de l’entreprise, qui refuse de respecter les engagements tarifaires, qui exige qu’on développe les énergies renouvelables tout en refondant la filière nucléaire. La forme rejoint ainsi le fond et montre le peu de considération envers EDF et ses salariés.

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